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NESTORIENNE (L'ÉGLISK), MISSIONS LATINKS


frère se mirent en route pour Mossoul, mais ce dernier mourut en débarquant à Beyrouth. Les trois Pères arrivèrent à Mossoul le 7 août ; l’un d’eux mourait quelques jours après, et un deuxième reprenait dès le mois de novembre le chemin de l’Europe, pour raison de santé. Op. cit., t. iii, 1897-1898, p. 141-143. Il ne resta donc qu’un seul Père jusqu’au 4 mai 1843, aidé cependant de l’ancien secrétaire de Mgr Villardell, Joseph Valerga, le futur patriarche de Jérusalem. Le zèle suppléait au nombre et les deux missionnaires se rendirent à Kotchannès pour essayer de convertir le catholicos nestorien, p. 143. En 1843, la mission du Kurdistan fut reprise sous forme de prédication itinérante : un peu plus tard (1847) fut fondée la maison de Mar Ya’koub, précieux pied-à-terre dans la montagne nestorienne et séjour d'été, où pouvaient se -rétablir les santés si éprouvées par l’horrible climat de Mossoul. En 1855, bien que la mission ne comptât toujours que quatre Pères, le P. Marchi étudiait la possibilité de développer la zone de prédication vers le Nord, en vue de reprendre l’ancienne mission d’Arménie, et il insista pour obtenir de nouveaux sujets. Devant le refus des provinces italiennes, le P. Jandel demanda des missionnaires à la jeune province de France.

Le premier missionnaire français arriva à Mossoul le 12 janvier 1856, en vrai disciple de Lacordaire, vêtu de l’habit religieux, tandis que les missionnaires avaient toujours porté en ces régions si éloignées de l’Europe, un costume à la turque. La province de France, au chapitre de 1856, accepta de reprendre complètement à son compte la mission de Mésopotamie, et déjà le général avait envoyé comme visiteur le P. Besson, qui arriva à Mossoul le 30 novembre. Mais les Italiens se retirèrent aussitôt et le P. Besson resta seul, ignorant tout de la langue et des usages, s’aidant d’un jeune interprète, qui était le futur patriarche Élie XIV Abolyonan. Le P. Besson ne se contenta pas d’organiser la mission, donnant aux écoles un soin particulier, il alla faire visite au catholicos Simon XVII dans l’automne 1857, voulant l’attirer à l’union. Un peu auparavant était arrivé à Mossoul le dominicain Henri Amanton, administrateur du diocèse de Bagdad et d’Ispahan, en remplacement de l'évêque retiré, Mgr Trioehe, tandis que Mgr Planchet, S. J., résidant à Mossoul, retenait le titre de délégué apostolique en Mésopotamie. Le travail des Pères, en liaison avec Mgr Amanton, fut rendu très pénible par la malheureuse affaire du Malabar, et l’attitude prise envers Rome par les évêques chaldéens à la suite du patriarche Audo, qui alla dans son irritation jusqu'à prendre des mesures canoniques contre les Pères, pour se venger des sanctions dont au nom du pape l’avait frappé Mgr Amanton. Or, si l’on va au fond de ces luttes qui mirent en péril toute l'Église chaldéenne et arrêtèrent pour un temps son développement, on constate qu’il y avait surtout l’opposition de deux familles, celle des Audo et celle des Abouna, pour la possession de quelques lopins de terre dans la plaine d’Alkoche. Les dominicains qui avaient converti Jean Hormez, avaient pour procureur un membre de la famille Abouna, inde iras. Les intrigues des Audo, qui pour un temps firent cause commune avec les moines de Rabban Hormizd, eurent pour conséquence le rappel de Mgr Amanton par la S. Congrégation de Propaganda Fide, comme plus tard d’autres intrigues amenèrent la démission de Mgr H. V. Altmayer, autre dominicain, qui occupa avec éclat le siège de Babylone des Latins, de 1885 à 1902.

Les dominicains eurent dans la suite une vie moins agitée, toujours très pénible par l’effet du climat et les difficultés de la circulation en pays kurde : avant

la guerre, en plus de deux maisons destinées surtout à la mission auprès des Arméniens, à Bit lis et Van, ils avaient des résidences à Séert, Mar Ya’koub, Acbita et Mossoul. La maison d’Amadiah et une autre, ouverte pour un temps à Djézirch, avaient été fermées ou restaient un simple pied-à-terre pour le passage des missionnaires. L’influence des dominicains sur l'Église chaldéenne de Turquie a été considérable, s’exerçant surtout par les écoles, tenues par des maîtres formés à l'école normale de Mar Ya’koub, ou par des sœurs d’un tiers ordre indigène, régulièrement constitué depuis peu en congrégation. Du séminaire de Mossoul fondé en 1882 sont sortis nombre d’excellents prêtres et plusieurs évêques. Les populations de ces régions ont été terriblement éprouvées par la guerre : les maisons de Mossoul et Mar Ya’koub seules ont été relevées.

Voici la liste des supérieurs français de la mission dominicaine de Mossoul : RR. PP. Besson (1859-1861), Lion (1861-1873), Duval (1873-1896), Delamette (2 mois en 1896), Galland (1896-1907), Berré (19071922), Galland (1922-1925), Hugueny (1925-1929), Boussel (1929-).

La relation écrite par le P. Goormachtigh, op. cit., n’a été publiée que jusqu'à l’annéel864. L’interruption de cette publication, qui reproduisait de larges fragments des documents originaux, est très regrettable : le mémoire du P. Goormachtigh devrait être consulté par quiconque voudra écrire d’une façon critique l’histoire de l'Église chaldéenne. De nombreuses informations se trouvent pour la période récente dans le Bulletin de l'Œuvre des Écoles d’Orient.

5. Les lazaristes en Perse.

L’année 1840, qui vit la résurrection de la mission dominicaine à Mossoul précédant de peu le réveil des œuvres capucines dans le nord de la Mésopotamie, vit aussi la création de la mission lazariste en Perse. Par un hasard providentiel, les prêtres de la Mission furent précédés en Perse par celui qui devait devenir un jour leur supérieur général, Eugène Bore. Celui-ci, né le 15 août 1809, arrivait à Tauris le 6 novembre 1838, chargé de mission par le Ministère de l’Instruction publique de France et l’Académie des Inscriptions et Belleslettres, après avoir été suppléant de Florival à la chaire d’arménien du Collège de France en 1834 et 1835. Ardemment catholique, et brûlant du désir de travailler pour l'Église, Bore ouvrit aussitôt une école à Tauris et obtint un firman, dans lequel la liberté des religions est déclarée et reconnu le droit des nestoriens à se faire catholiques. Bore arrive à Ispahan le 1° avril 1840 et fonde à Djoulfa d’Ispahan une école fréquentée surtout par les Arméniens. Mais il avait commencé dès son arrivée en Perse à s’occuper des Chaldéens, comme le montre son mémoire à l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, Correspondance et mémoires d’un voyageur en Orient, par Eugène Bore…, t. ii, Paris, 1840 : à la fin de 1841, quoique simple laïc, Bore est à Mossoul, cherchant à s’entendre avec les moines d’Alkoche pour développer l'œuvre des missions dans la région d’Ourmiah.

Or, à la fin de 1840, les prêtres de la Mission avaient ouvert une première maison à Khosrova, près de Salmas, au nord-ouest du lac d’Ourmiah, puis en 1841 une autre à Ourmiah. Les nestoriens, qui, avec les Arméniens, semblent avoir été les seuls occupants de la région d’Ourmiah jusque pendant le xviii » siècle, étaient en décroissance devant l’infiltration de la tribu des Afchars. D’autre part, la foi catholique s'était développée depuis 1730, apportée alors par un ouvrier teinturier, provenant du groupe catholique de Diarbékir. M. Darnis écrivait en juin 1842, Annales de la congrégation de la Mission, t. ix, p. 221239, qu’il y avait alors dans la région de Salmas,