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NESTORIRNNE (L’EGLISE), UNION A HOME


dant ce qui lui valut une lettre de Paul V, du 20 juin 1617, adressée Venerabili fratri Simoni patriarchæ Ass/riorum orientalium. S. Giamil, qui a reproduit ce document (p. 190 sq.), a supposé qu’il était adressé au catholicos Élie IX, qui avant son élection aurait été appelé Simon. Ibid., n. 1. Mais le catholicos précédent, Élie VIII, n'était mort que le 26 mai, et son décès ne pouvait être connu à Rome à la fin de juin. D’ailleurs, dans une lettre écrite le même jour au Frère Thomas de Novare, au sujet du synode tenu par Élie VIII, le pape parle de lui comme d’un personnage vivant : a venerabili fratre Elia Babilonis patriarcha habita. Ibid., p. 191. En outre, la curie employait alors des titres différents pour les deux prélats, qui se partageaient l’autorité sur les Chaldéens, nestoriens et catholiques, qualifiant le successeur de Sulâqâ « patriarche des Assyriens orientaux » et celui de Simon bar Mâmâ « patriarche de Babylone ».

Ces observations auraient dû préserver Giamil de l’erreur où il est tombé : il n’est pas douteux que la lettre Venerabili Simoni a été adressée à Simon X ; nous en avons la preuve dans un fragment d’un rapport écrit à la suite de sa mission en Chaldée par celui qui était chargé de la porter, Thomas de Novare. C’est une partie seulement de cette relation qui est parvenue entre nos mains dans deux feuillets, que nous avons trouvés plies en quatre dans le cartonnage du manuscrit Vatican turc 102, feuillets autographes probablement. Néanmoins, ce fragment nous apprend que Thomas, parti d’Alep le 29 avril 1619, arrivé auprès du catholicos Élie IX le 22 mai, se trouva chez le patriarche Simon, du 13 au 29 juillet 1619. Le bon franciscain ne sait comment exprimer l’enthousiasme avec lequel il fut reçu dans ce milieu, où était demeuré vivant l’esprit de l’héroïque martyr Sulâqâ, et où l’on considérait toujours le pape comme le Père de tous les chrétiens et le chef de ' 'Église universelle. Le patriarche, pour manifester s on dévouement envers le souverain pontife, voulait assurer de ses propres mains le service de son envoyé, préparer les couvertures de son lit, lui servir à boire, lui tenir rétrier, lorsqu’il montait à cheval. Simon X disait à Thomas qu’il ne s’estimerait pas véritable patriarche, tant qu’il n’aurait pas baisé les pieds du Saint-Père, et lui jura par trois fois qu’il le retrouverait sous peu à Diarbékir ou Alep, afin d’accomplir avec lui le passage de Rome, à moins d’en être empêché par la mort, les Turcs ou les Kurdes. C’est dans cette disposition, la veille du départ de l’envoyé pontifical, que Simon X signa sa profession de foi, le 28 juillet 1619.

Le voyage du patriarche n’eut pas lieu, mais la visite de l’envoyé pontifical, au delà de montagnes infestées de brigands, où il y avait de la neige même en juillet, montrait aux Chaldéens de Perse que Home s’intéressait à eux. Les difficultés matérielles étaient trop grandes pour qu’il y eût des rapports fréquents : il en exista cependant encore, mais nous sommes moins bien renseignés pour la période qui vient, parce que la S. Congrégation De Fropayanda Fide, dont l’activité a commencé en 1622, n’a fait encore qu’entr’ouvrir ses archives : S. Giamil n’y a pas eu accès, op. cit., p. xxxviii, xli, 538, et personne n’y a encore l’ait le relevé des pièces concernant les Chaldéens. Giamil dit cependant que des professions de foi furent envoyées en 1653 par Simon XI et en 1658 par Simon XII. Simon XIII écrivit encore en Î670 au pape Clément X, le suppliant de laisser intacts les rites anciens :

Jam petimus a Sanctitate vestra, ut nobis mittatis epistolas bonas et congruas super canonibus synodalibus et ordinationibus ac ritibus ecclesiasticis nostris, ut non

confundantur, neque mutentur ex illo, quod ordinarunt nobis patres sancti secundum laudabilem Orientis ritum, sed maneant, sicut fuerunt ab antiquo, sine additione, aut diminutione, ut non inducatur confusio in corpus christianorum. Giamil, p. 203.

Le maintien, à Ispahan, d’un évêque latin, qui devait, entre autres choses, aider les Chaldéens catholiques de Perse, comme il ressort des lettres d’Alexandre VII au chah Abbas II et au patriarche Simon XII en 1661, ne suffit pas à maintenir l’union. Ibid., p. 192, 19 1, 195. Simon XIII retourna au nestorianisme et transféra le siège des catholicos nestoriens à Kotchannés.

Pour ce paragraphe et les suivants, voir : J.-S. Assémani, Biblioiheca orientalis, t. in a, p. 621-623 ; J.A. Assémani, De catholicis seu patriarchis Chaldgeorum et Nestorianorum commentarius hislorieo-chronologicus, Rome, 1775, lequel répète souvent mot pour mot les notices de la Biblioiheca orientalis ; J.-B. Abbeloos et T. J. Lamy, Gregorii Barhehrœi chronieon ecclesiasticum, t. iii, Paris et Louvain, 1877, col. 568-576 ; S. Giamil, op. cit., p. xxxiixlviii ; J. Tfmkdji, L'Église chaldéenne catholique autrefois et aujourd’hui, dans A. Battandier, Annuaire pontifical catholique, t. xvii, 1914, p. 455-469, extrait, p. 7-21.

Les documents relatifs à Sulâqâ ont été publiés pour la deuxième fois par S. Giamil, Genuinæ relationes inter Sedem aposlolicam et Assyriorum orientalium seu Chaldœorum Ecclesiam…, Rome, 1902 (ouvrage publié d’abord dans Bessarione, 1898-1903, sous le titre Documenta relalionum inter Sedem apost. et Assi/r. Eccles.) : lettres des Chaldéens au pape, p. 12-14, 475 sq. ; profession de foi de Sulâqâ, p. 477 sq. ; relation du card. Maffeo sur l'état de l'Église chaldéenne, p. 479-482 ; bulle de provision du 1 er mars 1553, p. 15-23 ; lettre déterminant les pouvoirs du nouveau patriarche, 7 avril 1553, p. 24-27 ; histoire du retour de Sulaqa (texte syriaque et trad. latine), p. 482-489. Une profession de foi de Sulâqâ, inconnue à Giamil, se trouve en latin, copiée de deux mains différentes dans le Vatic.l at. 6168, fol. 239 v°-243, 250-253 v°. Sur l’histoire de Sulâqâ, voir aussi L. Lemmens, Notæ criticœad initia unionis Chaldseorum (1551-1629) dans Antonianum, 1926, t. i, p. 205-218.

1° Les successeurs de Bar-Mâmà et l'Église romaine (1607-1681). — La communauté chaldéenne de Diarbékir avait été, de 1555 à la mort de Yahballâhâ IV, la citadelle du parti favorable à l’union avec Rome. Lorsque l’ancien évêque de Gélu et Salmas, Simon IX, transféra en Perse la résidence patriarcale, les catholiques de Diarbékir firent le siètie du catholicos nestorien résidant à Rabban Hormizd, Élie VII Bar Mâmâ. L’invitation du visiteur apostolique, Léonard Abel, qui avait vu le métropolite de Diarbékir, en Alep, en 1585, fit effet sur le catholicos, qui envoya au pape une profession de foi, portée en 1586 par le prêtre 'Abd alMasih. Cette profession de foi, dont un exemplaire de petit format, muni du sceau patriarcal, existe encore, relié dans le ms. Vatican arabe 141, fol. 1 v°14 v°, fut rejetée par Sixte V, comme entachée de nestorianisme. S. Giamil, op. cit., p. xxxiv, n. 1.

Élie VIII, qui succéda en 1591 à son cousin Élie VII, reprit l’idée de l’union à Rome. Beaucoup de nestoriens se convertissaient, à ce qu’il semble, lorsqu’ils sortaient de leur milieu : le custode de Terresainte, F. Manerba, rapportait en lOOt que beaucoup de nestoriens avaient abjuré entre ses mains, pendant les trois années de son administration, ajoutant que plusieurs lui avaient promis de s’employer, afin que leur patriarche écrivît cette même année au souverain pontife, pour lui demandera être reçu dans le giron de l'Église. L. Lemmens, Acta S. Congregationis de Propaganda Fide pro Terra sancta, pars I (16221720), dans G. Golubovich, Biblioteca bio-bibliografica delta Terra santa c dell' Oriente [ranciscano, nuova série, documenta, t. i, p. 10.

En effet, au mois de mars 1606, arrivèrent à Rome