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NESTORIENNE (L'ÉGLISE) SOUS LES MONGOLS


on allemand par X. Stuhe sous le titre : Zur Geschichte des Christentums in Millelasicn bis zur Mongolischen Eroberung, Tubinguc ; voir aussi Turkestan down lo Ihe mongol invasion, dans E. J. W. Gibb Mémorial, nouv. sér., t. v, Londres, 1928, remaniement des articles publiés en russe dans les Zai>iski.., t. xii-xx, sous le titre Turkestan v epochu Mongolskago nuseslniia.

Les sources chinoises ont fourni passablement depuis vingt ans, elles donneront probablement beaucoup plus, il faut se contenter pour le moment de renvoyer à l’article fondamental de P. Pelliot, Cliréliens d’Asie centrale et <l' Extrême-Orient, dans T’oung Pao, t. xv, 1914, p. 623-644, en attendant que l’auteur ait repris le sujet à fond, comme il a l’intention de le faire ; A. ('.. Moule et Lionel Giles, Christians at Chen-Chieng fit (chrétienté fondée en 1278), ibid., t. xvi, 1915, p. 627-686 ; IL Cordier, Le christianisme en Chine et en Asie centrale sous les Mongols, ibid., t. xviii, p. 19-113.

La publication de D. Chwolson, signalée ci-dessus a été complétée par la publication d’une autre série d’inscriptions, Syrich-nesiorianische Grabinschri/len ans Semirjetschie, Neue Folge, St-Pélersboiirg, 1897. De nombreux travaux ont paru à la suite de la découverte des inscriptions funéraires de Pichpek et Tokmak : S. S. Slutzkiy, Semirie-' censkiia nestorianskiia nadpisi, dans les Drevnosti Vostornyia, publiés par la société archéologique de Moscou, t. i, Moscou, 1889, p. 1-72 ; cf. ibid., p. 176-194 ; P. Kokovtsov, Christianski-siriiskiia nadgrobnyia nadpisi iz Aimalijka, dans Zapiski vosloinago otdieleniia imperalorskago russkago tircheologireskago obsccstva, t. xvi, 1906, p. 0190-0200 : publication de onze inscriptions, dont trois datées de 1367-1372, provenant d’Almaliq ; F. Nau, Les pierres tombales nestorienn.es du Musée Guimet, dans Revue de l’Orient chrétien, t. xii, 1913, p. 3-35 ; L’expansion nestorienne en Asie, dans Annales du Musée Guimet, Bibliothègue de vulgarisation, t. XL, 1913, p. 193-388 ; J. Ilalévy, De l’introduction du christianisme chez les tribus turques de la Haute Asie…, dans Revue de l’histoire des religions, t. xxii, 1890, p. 289-301 ; P. Kokovtzov, Nieskolko novych nadgrobngch kamnei s christiansko-siriiskimi nadpisami iz Srednei Azii, dans Bulletin de l’Académie impériale des Sciences de St. Pélersbourg, 1907, p. 427-458 : inscriptions nouvelles, index onomastique des noms contenus dans les publications de D. Chwolson. Un cimetière situé en Mongolie, prés de Tchagan-nor ou Tsagan Balgasoun, est signalé comme ayant été découvert en 1890, dans Missions de Chine et du Congo, n° 28, Bruxelles, 1891, cité par G. Dévéria dans Journal asiatique, sér. IX, t. viii, p. 428 sq., note.

Il y a passablement d’informations sur les nestoriens en Asie centrale et Chine, dans les récits des missionnaires et voyageurs européens ; les passages principaux ont été résumés par I. Hallberg, L’Extrême Orient dans la littérature et la cartographie, de l’Occident des XI il', XIV' et XV' siècles, s. v. Xesloriani, dans Gôleborgs kungl. Vetenskapsoch Vitlerhets-Samhàlles handlingar, t. IV, Gôteborg, 1904, p. 371-375.

Les textes franciscains, concernant l’Asie centrale et la Chine, ont été édités d’une façon critique, avec une bibliographie considérable et une bonne introduction historique, par A. van den Wyngært, Sinica franciscana, t. i, Itinera et relationes fralrum minorum sæculi XIII el XIV, Quaracchi, 1929.

3° Uncatholicos mongol ; Yahballâhâ 111 (1281-1317). — Les chrétiens de Perse avaient porté au loin leur religion ; un jour vint où ils furent heureux de se donner un chef en la personne d’un homme venu de ces régions lointaines évangélisées par leurs missionnaires, l’Ongiit Marc, sacré catholicos en la grande église de Séleucie, sous le nom de Yahballâhâ, le 2 novembre 1281. J.-S. Assémani ne lui a consacré que quelques lignes : Jaballaha ex génère Turcorum in regione Calajæ nalus… Bibl. orient., t. ni a, p. 620. L’information vint de Amr, dont Yahballâhâ est le dernier nom, éd. Gismondi, p. 122-127, trad., p. 71-73. Mais en 1888, le P. Bedjan publia une biographie qui ne tarda pas à éveiller l’attentmn des orientalistes : Histoire de Mar-Jabalaha, de trois autres patriarches, d’un prêtre et de deux laïques nestoriens, Paris, 1888, 2° éd., 1895, p. 1-205, C’est l’oeuvre d’un contemporain de Yahballâhâ, qui avait sous les yeux, ' pour le début

de son ouvrage, des mémoires rédigés par le moine Rabban Saumâ, dont le catholicos avait été le disciple et l’ami. L’ouvrage fut jugé tout de suite digne de créance, et il a trouvé de magnifiques confirmations, par exemple la présence du nom de Mangou sur le sceau employé par Yahballâhâ, comme il a été dit ci-dessus col. 211. Ce document, facilement accessible dans la traduction française de M. l’abbé J.-B. Chabot Hernie de l’Orient latin, t. i, 1893, p. 567-611° ; t. ii,

1894, p. 73-142, 235-300, 566-613, el tiré à pari, Paris,

1895, jette une vive lumière sur les conditions de l'Église nestorienne au moment de sa plus grande expansion.

Marc, fils d’un archevêque, était né à Kuoseng en 1245, et avait embrassé la vocation monastique en se plaçant sous la direction d’un moine isolé, le rabban Saumâ, lui-même fils d’un périodeute de Khanbaliq. Après plusieurs années passées dans les exercices ascétiques, Marc éprouva le désir de se rendre au centre de l'Église nestorienne pour y satisfaire sa dévotion, voulant ensuite compléter son pèlerinage par une visite aux Lieux saints. Ayant rempli avec son maître Saumâ la première partie de son programme, Marc se vit arrêté en Géorgie par l’insécurité des chemins et revint en 1280 auprès du catholicos Denhâ.qui ordonna Saumâ périodeute et Marc métropolite pour les villes de Cathay et de Wang (?). Nos deux Mongols, bloqués de nouveau par l’insécurité des routes, qui leur interdisait de rentrer en Chine, se retirèrent dans un monastère de l’Azerbeidjan. C’est de là que Yahballâhâ se rendit à Bagdad à la mort du catholicos. Il est facile de comprendre pourquoi les électeurs le choisirent. Depuis la prise de Bagdad, les Mongols étaient les maîtres : Houlagou avait fait de Maragha sa résidence préférée, et son fils Abagha partageait l’année entre le nord-ouest de la Perse et la partie voisine de la Mésopotamie, où les chrétiens étaient demeurés nombreux. Or, les musulmans, après avoir été matés par Houlagou, relevaient audacieusement la tête, cherchant à convertir à leur religion de moralité facile les princes et le peuple mongol. Il importait d’avoir un catholicos agréable au souverain. Le biographe le confesse ingénument : « Le motif de son élection fut que les rois qui tenaient les rênes du pouvoirs étaient Mongols, et il n’y avait personne en dehors de lui qui connût leurs mœurs, leurs procédés et leur langue. » Trad. Chabot, Revue de l’Orient latin, t. i, p. 605 : extrait, p. 39. Est-il vrai que le nouveau catholicos était inférieur en doctrine à ses électeurs, comme son humilité lui conseilla de le déclarer ? Il est certain qu’il connaissait médiocrement le syriaque et vraisemblable qu’il ne l’apprit jamais parfaitement, comme il est noté dans le Chronicon ecclesiasticum de Barhébra’us, t. iii, col. 45. Il en savait cependant, car nous possédons quelques lignes en syriaque, correctement écrites de sa main, comme début et conclusion de chacune des deux lettres arabes qu’il envoya au pape en 1302 et 130 1, ainsi qu’en témoignent les annotations du dominicain Jacques d Arles-surTech, traducteur et porteur de la lettre de 1301 : Heec supradicla scripta sunt de manu ladliqui ( - catholici) in Caldaico, et : Usée Jafylicus de manu sua in Caldaico. A. A., i-xviii, n. 1800 (3).

Yahballâhâ s'était déjà présenté à l’ilkhan Abagha, avant sa tentative de pèlerinage en Palestine, pour en obtenir des lettres en faveur du catholicos Denhâ ; après avoir pris conseil de son maître Saumâ. il alla trouver le monarque, accompagné de plusieurs évêques pour demander le placet. Abagha fut enchanté de voir le haut clergé nestorien choisir pour chef un homme de sa race : non seulement il confirma la nomination faite, mais il remit à l'élu un manteau