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    1. MYSTIQUE##


MYSTIQUE, DESCRIPTION, PSEUDO-DENYS

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xal àXrjGciç èx9aivo|i.évir)v vere ostenditur solis iis

(la cause première) Toîçxal qui cuncta quæ impura,

Ta èvay9) TcàvTa xal Ta quæque pura sunt, per xaGapà SiaêaEvooo-i, xai transeunt, omnemque ora TTÔffav rcaacôv àylcov ixponium sanctorum fastigio t^tcov àvâSaoïv ûrc£p6aî- rum ascensum transcen vouai, xal Trâvxa 0eïa dunt, et oninia divina

cpciTa, xal rf/puc, , xal ^°~ lumina et sonos et sermo youç oùpavlouç à7ToXi.(XTrâ- nés cœlestes rehnquunt,

vouai, xal elç tôv yvôtpov et in caliginem absorben £Îa800(i.évoiç, ou ovtcoç tur, ubi vere est, sicut ait

èo-dv, wç Ta Xéyià çtjo-iv, Scriptura, qui est ultra

ô TCavTcov £— éxsiva. I, 3, omnia. col. 1000.

F En d’autres termes, pour connaître Dieu, il faut renoncer à toute connaissance intellectuelle de Dieu, même révélée :

xal t6te xal aÙTÔJv àmoac tune ab iis ipsis quæ

ÀûeTai t£>v ôpwfiévcov xal videntur et ab iis quæ

twv ôpwvTtov, xal elç tôv vident absolutus et expe yv6<pov -njç àyvwalaç eladitus, in caliginem vere

Sûvei tôv Ôvtwç jzuo-tixôv, niysticam incognoscibili xaO’ôv à7ro(i.usï Ttâaaç t<xç tatis ingreditur, in qua

yvcoo-Tixàç àvTi.Xr)4’£iÇ x<*î omnes scientificas appre èv tû TcâjXTcav àvatpsï xal hensiones excluait, et in

àopaTW yîyvETai, tcôlç wv omnimodeintactiliet invi xoù 7râvTwv eTOxeiva, xal sibilihæret, totusexsistens

oùSsvôç oûts éauTOÙ oute ipsius qui est ultra omnia,

ÉTÉpou, tw TcavTeXtoç Se neque ullius, neque suus,

àyva>o-T « -rïjç Ttàaïjç yva>- neque alterius, cum eo

ctsoç àvsvepy/jaîa xaTa tô autem qui est penitus in xpeÏTTOv évoù(i.£vo( ;, xal tw cognoscibilis, per vacatio fzrSèv yivwo-xsiv, ûîrèp voûv nem omnis cognitionis

Ytvc’jCTxcjv. Ibid., col. 1001. secundum meliorem partem copulatus, et eo ipso

    1. QUOD NIHIL COGNOSCIT##


QUOD NIHIL COGNOSCIT, SUPRA MENTEM COGNOS-CENS.

En définitive, voici que toute la connaissance mystique se ri’; îe pour Denys à la théologie négative et à la contemplation obscure et silencieuse. Nous voici en’plein paradoxe : on connaît et l’on voit par le fait même que l’on ne connaît plus et qu’on ne voit plus :

KaTa toùtov 7)u.eù ; ysvsNos in hac supraquam aOai tov Û7rép<po)Tov sù^ô- lucente caligine versari (i.eOa yvôcpov, xal Si’à6Xsexoptamus, et per visionis ylaç xal àyvcoaîaç ISetv cognitionisque negatioxal yvwvai to Û7cèp 6éav nem, videre et cognoscere xal yvcoaiv, aÙTco rà jj.y) id quod supra visionem loeîv (xrjSè yvcôvar toûto cognitionemque exsistit yâp èctti tô Ôvtwç ISeïv xal hoc ipso quod non videmus yvôJvat. c. ii, col. 1025. neque cognoscimus : hoc

enim est vere videre et

cognoscere.

Tout le reste du petit traité ne concerne plus que la théologie négative. La Lettre à Caius, le thérapeute, laquelle vient à la suite, insiste sur le paradoxe de la connaissance par inconnaissance, et sur le caractère inconscient de cette connaissance doublement mystérieuse :

£7t6<p7)aov Û7repaXr ; 0wç ôti Plusquam vere enuntia XavOdvet toôç ë/ovTaç Ôv quod possidentes verum (pwç xal ovtcoç yvwaw yj lumen et veram cognitioxaOà Œov àyvwata - xal tô nem latet [gnoratio illa Û7repxôûj.~vov aÙTOÛ axÔToç quæ est secundum Deum ; xal xaXÛTTTETat rcavTÏ 90JT1 el tenebrse ejus superemixal àiroxpu7TTeTai, 7tôcaav nentes onmi quoque luyvtôaiv, Kal e’i tiç ISwv mini occuluntur, omnem 8eôv, o-’^/TjXev ô eTSsv, oùx abscondunt cognitionem. aÛTOV éo’jpaxev, àXXà ti Et si quis, viso Deo, cotcôv aÙToù tôv Ôvtwv xal gnovit id quod vidit,

yivwaxojjiÉvœv aÙTÔç Ss ÛTtèp voùv xal Û7rèp oùaîav ÛTCpiSpufiivoç, aÙTCû Ttô xaOôXou y.7] yivwaxsaQai, ji.7jSè elvai, xal ëaTtv Ûîtouaîcoç xal ÛTTÈp voûv yivwaxsTai. Kal t xarà tô xpELTTOv 7TavTEXr ; ç àyvcoaia yvcôalç èaTi toû ûrtèp 71âvTa Ta ytva)CTxô|i.Eva. P. G., t. iii, col. 1065

nequaquam ipsum vidit, sed aliquide rébus ejus qua ; exsistunt et cognoscuntur ; ipse autem supra mentem et substantiam constant er manens, per hanc ipsam cognitionis et essentiæ negationem et supra substantiam exsistit et supra mentem cognoscitur. Et illa perfectissima in bonam partem ignoratio, notitia est eju qui est supra omnia quae in cognitionem cadunt.

Il nous apparaît ainsi bien nettement que Denys, et par suite tous ceux qui restent fidèles à sa conception de la théologie mystique, ne nous parlent pas d’une véritable connaissance expérimentale de Dieu : leur connaissance mystique, inconsciente pour le sujet lui-même qui en est favorisé, que peut-elle être ? nous n’avons pas à le rechercher, mais le psychologue ne peut que s’en désintéresser, puisqu’elle se présente elle-même comme « métapsychologique ». Signalons, en terminant, l’appréciation sévère que donne de notre Denys le Mystique le D r H. F. Mûller, dans son Dionysios. Proklos. Plotinos. Cf. Revue d’ascétique el de mystique, 1922, p. 201-206.

En dépendance du Pseudo-Denys.

1. Parmi les

écrits mystiques qui s’inspirent de Denys jusque dans leur titre même, mentionnons Le nuage de l’inconnaissance, petit livre composé au xiv siècle par un auteur resté inconnu, et qui fut commenté en 1629 par dom Augustin Baker, cf. La vie spir., juillet-1925, p. [233] ; et La docte ignorance de Nicolas de Cuse, qui suscita au xv> siècle une controverse dont toutes les péripéties ont été racontées par M. Vansteenberghe dans sa thèse de doctorat, Autour de la docte ignorance, Munster, 1920 ; nous ne pouvons malheureusement nous y attarder ici et devons renvoyer le lecteur aux publications de M. Vansteenberghe sur Nicolas de Cuse, et particulièrement, à son édition de La vision de Dieu, dans le Muséum lessianum, 1925. Cf. Rev. d’ascet. el de myst., 1925, p. 78, résumé du jugement porté par J.Bernhart sur « la mystique philosophique » de Nicolas de Cuse.

2. La mystique de Hadewijch, cf. J. van Mierlo jun., Rev. d’ascél. et de myst., 1924, p. 269-289, et 380-404, rend un tout autre son que celle de « la docte ignorance », et pourtant nous croyons pouvoir la rapprocher aussi de la mystique dionysienne, non’plus, il est vrai, de la théorie paradoxale du De mystica theologia, mais de la curieuse théorie du « cycle mystique » de l’Amour, contenue au c. iv, § 11-17, du De divinis nominibus, si bien mise en lumière par G. Horn, Rev. d’ascét. el de myst., 1925, p. 278-289, et 378-389. Je. songe tout particulièrement à cette lettre qu’une glose marginale appelle Scrmo de XII horis, où le P. Van Mierlo voit « un petit traité, un essai de systématisation de la montée de l’âme dans l’Amour ». Loc. cit., p. 388. « Dans une courte introduction, l’Amour est présenté comme un mouvement circulaire : se possédant pleinement en Dieu, il se communique à l’âme, où il est dans une nature étrangère. Les douze heures viennent l’en faire sortir, pour le ramener dans sa nature propre et le précipiter dans l’abîme de la forte nature d’où est né Amour et dont il se nourrit. Et alors l’Amour se possède pleinement et jouit de sa nature sous lui, au-dessus de lui et tout autour de lui. » Ibid. Nous ne pouvons pas songer évidemment à donner, ici, même un court résumé de la mystique d’IIadewijch, qu’il serait pourtant intéressant de con-