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MUETS — MUNOZ (GILLES-S ANCHE Z)

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MUETS. — Théologiens et canonistes posent au sujet de ces infirmes diverses questions ; elles sont résolues aux divers articles de ce dictionnaire. — Pour ce qui est de l’intégrité de la confession qu’on peut leur demander, voir l’art. Confession, col. 957 ; pour ce qui est de l’expression extérieure du consentement nécessaire pour le mariage, voir art. Mariage, col. 2161, où la doctrine est fixée définitivement par Innocent III. — Sur les conditions qu’ils doivent remplir pour gagner les indulgences attachées à certaines prières, voir Indulgences, col. 1634.

    1. MUGGLETON Lodowicke##


MUGGLETON Lodowicke, sectaire anglais (1609-1698). — Né à Londres en juillet 1609, d’une famille d’ouvriers, Lodowicke travailla lui-même à divers métiers. D’abord puritain zélé, il finit par se séparer du presbytérianisme vers 1647. Quelques années plus tard, il subit l’influence des écrits de Jacques Bcehme et, d’avril 1651 à janvier 1652, crut avoir des révélations célestes. Au même moment, son cousin John Reeve (1608-1658) recevait, lui aussi, des communications personnelles de la divinité. Désormais ils vont se considérer comme s les deux témoins » annoncés par l’Apocalypse, xi, 3. Ils font donc paraître, en juillet 1652, leur Transcendent spiritual treatise, où ils publient leur doctrine et leurs prétentions. S’ils font quelques disciples, ils se heurtent aussi à des oppositions ; à plusieurs reprises les autorités civiles interviennent, en 1653, en 1663, en 1677. A la suite de ce dernier procès, muggleton fut condamné au pilori et à une forte amende, ses livres brûlés. Il ne laissa pas néanmoins de continuer sa propagande, malgré les divisions intérieures qui se mirent dans la secte, malgré l’hostilité violente que lui témoignaient les quackers. Muggleton mourut à Londres le 14 mars 1698 ; la secte des muggletonians lui survécut plus ou moins obscurément ; depuis 1870 elle n’a plus fait parler d’elle, d’autant qu’elle n’a pas de culte extérieur.

La doctrine de Muggleton est contenue dans un assez grand nombre de livres, les urfe publiés par Muggleton et Reeve, d’autres par Muggleton seul, d’autres édités par des fidèles après la mort du maître. De Muggleton et Reeve sont : 1. A transcendent spiritual treatise, 1652. — 2. A gênerai epislle of the Holy Spirit, 1653. — 3. A divine LookingGlass or the third and Lasl Testament, 1656, autre édition revisée en 1661 ; ce traité a connu encore une réimpression en 1846. — De Muggleton seul : 4. A true interprétation of the XI chapt. of the Révélation, 1662. — 5. A true interprétation of the whole book of the Révélation, 1665. — 6. A true interprétation of the witch Endor, 1669. En outre un certain nombre de pamphlets contre les quackers, et de répliques à leurs attaques. La correspondance et l’autobiographie de Muggleton ont été publiées par Thomas Tomkinson en 1699, sous le titre Acts of witnesses. On a aussi donné, en 1755, A volum of spirilural epislles (écrites de 1653 à 1699) et, en 1831, A Supplément lo the book of letters (lettres de 1656 à 1688). En 1832, il s’est encore trouvé une soixantaine de muggletonians pour souscrire à une nouvelle édition de The works of J. Reeve and L. Muggleton, 3 vol. in-4°.

C’est de ce fatras qu’il faudrait dégager la doctrine des sectaires, et ce n’est pas chose facile si l’on en juge par les renseignements passablement contradictoires de leurs historiens. Au point de départ, semblet-il, une impossibilité absolue de s’élever à des concepts tant soit peu métaphysiques. Dieu est imaginé corporel ; la Trinité ne correspond qu’à des appellations diverses de la divinité. Au moment de l’incarnation, Dieu abandonne à Élie le gouvernement de l’univers. Les anges eux aussi ont des corps spirituels. Il n’y a

pas eu création de la matière ; elle est éternelle et indépendante de Dieu. L’âme humaine est de nature corporelle ; elle meurt, mais elle ressuscitera pour le jugement, le bonheur ou le châtiment éternels. L’histoire de la chute primitive est aussi plus ou moins travestie. Ajoutez à tout ceci une interprétation généralement très littérale de l’Ancien Testament ; enfin le rejet de tout culte public et extérieur. Tout ceci témoigne, au moins, du désarroi de la pensée protestante en Angleterre au cours du xviie siècle.

L’autobiographie de Muggleton, jusqu’en 1677, est contenue dans les Acts o/ the witnesses, 1633, les autre’renseignements dans les volumes de lettres publiées. Il y a une bibliographie complète de Muggleton, dan Jos. Smith, Bibliotheca antiquakeriana, 1873 ; voir surtout Alexander Gardon, The origin of the muggletonians et Ancien/ and modem muggletonians, Liverpool, 1863 et 1870, dans les Transactions of Liverpool literary and Philosophical socicty, résumés par II i-même dans le Diction, of national biography, t. xxxix (1894), p. 264 sq. ; cf. aussi J. Hastings, Encijclopa’dia of religion and elhics, t. viii (1915), p. 871.

É. Amann.

MULHAUSEN (Jean de) ou MULHU SINUS (de son vrai nom Spitznæs) de la Compagnie de Jésus, controversiste allemand (15601609). — Né à Mulhausen, en Thuringe, de parents protestants, se convertit à Rome’et entra dans la Compagnie en 1585. Il enseigna la philosophie à Wurzbourg et la théologie à Mayence. La liste des ouvrages inscrits sous son nom dans la Bibliothèque de la Compagnie de Jésus de Sommervogel, t. v, col. 1389-1391, ne comprend, à une exception près, que de petites thèses soutenues sous sa présidence, à Wurzbourg ou à Mayence, par quelques-uns de ses élèves ; la plupart roulent sur des matières de controverse et s’attaquent en particulier au théologien calviniste David Parée, professeur à Heidelberg. Cf. Allgemeine dcutsche Biographie, t. xxv, p. 167-169. Dans leurs réponses, les protestants visés s’en prennent directement au président de la disputatio theologica ; c’est ainsi que Jean Mulmann attaqué par Jean Matthieu dans une thèse intitulée : Spéculum miseriarum cum synopsi mendaciorum duorum prædicantium Davidis Parei, calviniani, et Joannis Mulmanni adhuc lutherani, y répond en attribuant le Spéculum au président de la soutenance, notre Jean de Mulhausen, dans ses Disputationes Anti-Gesavilicæ de Verbo Dei scripto, in quibus spéculum miseriarum sive mzndaciorum contra Mulmannum a Johanne Mulhusiano aposlala jabricalum frangitur, truditur, cernitur. Le seul écrit paru sous le nom du P. Jean Mulhusinus est un supplément au Spéculum de Jean Matthieu : Auctarium primum speculi miseriarum Davidis Parei Calvinistes Heidelberqensis ; il contient une seconde partie dirigée contre Henri Christmann ; le tout forme une plaquette in-8- de 84 p., Mayence, 1606. — Le ministre de Leipzig, Jean Mulmann, contre qui polémiqua Mulhusinus, eut deux fils, Jean et Jérôme, qui se convertirent au catholicisme et entrèrent dans la Compagnie de Jésus. L’un et l’autre continuèrent la lutte contre le protestantisme. Cf. Sommervogel, op. cit., col. 1394-1398.

A. Fonck.

    1. MUNOZ Qilles-Sanchez##


1. MUNOZ Qilles-Sanchez, antipape créé en 1423 à Pefiiscola après la mort de Benoît XIII, et qui prit le nom de Clément VIII. Familier de l’antipape défunt, bachelier en droit canonique, il était titulaire de la cure de Cullera et de deux canonicats à Girone et à Valence. C’est sur lui que se portèrent les suffrages des trois cardinaux restés fidèles à Benoît XIII. La protection du roi d’Aragon Alphonse V lui permit de se maintenir quelque temps ; après quelques hésitations, il se fit couronner le 19 mai 1426.