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MOZARABE (MESSE). REMARQUES GENERALES


ainsi qu’une prière spéciale, les litanies diaconales avec les Kyrie eleison ;

2. L’avant-messe se termine par le renvoi des catéchumènes et des pénitents ;

3. La messe proprement dite commence par une prière des fidèles dont il reste peu de traces ;

4. L’offertoire présente des caractères analogues dans ces diverses liturgies ;

5. La préface précédée d’un dialogue et aboutissant au Sanctus est livrée dans ces Églises à la liberté de l’improvisation, comme les autres oraisons ;

6. Le Sanctus est suivi du Bencdiclus qui venit, tandis qu’en Orient le Sanctus se contente de la formule du prophète Isaïe, et n’admet pas de complément ;

7. Le Vere sanctus qui existe chez les mozarabes et les gallicans, est absent à Rome ;

8. Le Qui pridie se rattache au Sanctus ou au Vere sanctus par une courte formule, dont le livre De mysteriis semble nous donner la forme la plus ancienne ;

9. L’anamnèse suit la consécration dans la plupart des rites ;

10. Le Post pridie et l'épiclèse, qui tiennent une grande place dans les liturgies gallicane et mozarabe, ont décidément disparu dans la liturgie romaine. Mais en a-t-il toujours été ainsi ? L’anaphore de la Paradosis d’Hippolyte, composée à Rome au 111e siècle, a une épiclèse, si discrète qu’on voudra, mais qui est bien une invocation au Saint-Esprit. Certains textes anciens semblent faire allusion à une épiclèse romaine. Cf. Épiclèse dans Diction, d’archéol. Mais, tandis que l'Église romaine avait une tendance à abréger et même à supprimer, l'Église d’Espagne au contraire amplifiait, développait, multipliait formules et rites ;

11. Même constatation pour la fraction. Tandis que Rome simplifiait le rite et supprimait l’antienne ad confringendum, en Espagne on compliquait singulièrement le rite ;

12. On pourrait marquer les mêmes différences et les mêmes analogies dans les rites de la communion et du renvoi.

Cela montre évidemment que l’une et l’autre Église avait ses tendances qui semblaient les éloigner l’une de l’autre dans l’accomplissement des fonctions liturgiques, mais qui ne laissent pas de trahir une origine commune, et des analogies plus nombreuses à la période primitive.

La comparaison du calendrier, des divisions de l’année liturgique, du cursus de l’office, amènerait, pensons-nous, au même résultat.

4° Origine de la liturgie mozarabe. - Les analogies qui existent entre les liturgies gallicane et mozarabe d’une part, et les liturgies orientales d’autre part, ont porté, nous l’avons dit, certains liturgistes à chercher l’origine des liturgies mozarabe et gallicane en Orient.

Comment se serait faite cette transmission, il n’est pas facile de le dire. Sans doute saint Pothin et saint Irénée viennent d’Orient. Il est impossible de dire quelle était à cette époque la liturgie d'Éphèse ou d’Antioche ; on n’a sur les liturgies jusqu'à la fin du second siècle que des renseignements très insuffisants. Tout ce qu’on peut dire, c’est qu’il y avait à cette époque une jiturgie aux caractères très variés, la plus grande liberté régnant sur les questions liturgiques aussi bien que sur les questions disciplinaires. Mais, au milieu de toutes ces variétés, on distingue une liturgie unique dont les caractères essentiels sont les mêmes.

Quant aux emprunts de la liturgie mozarabe à la liturgie de Byzance, ils sont nombreux ; nous les avons relevés dans cette étude ; on peut même assigner à peu près la date de certains de ces emprunts. Il ne faut pas oublier que Rome de son côté a adopté quelques-uns de ces rites byzantins. Mais quelque nom breux que soient ces emprunts, ils ne favorisent pas la thèse qui cherche en Orient l’origine de la liturgie mozarabe.

On sait que de leur côté les papes ont toujours proclamé que la foi avait été portée en Espagne et en Gaule par des missionnaires venus de Rome. On admet sans trop de difficulté que l’Afrique et l’Espagne ont reçu de Rome le christianisme. Si le fait est accordé, il sera difficile de nier que Rome n’ait pas donné à ces Églises sa liturgie en même temps que sa foi.

Caractère spécial de la liturgie mozarabe.


Quelque conclusion que l’on tire des réflexions qui précèdent au sujet de l’origine de la liturgie mozarabe — et la question, on l’a vii, n’est pas encore suffisamment éclaircie — on peut dire que la liturgie mozarabe est, dans une large mesure, une liturgie autochtone, comme celle des Gaules, sa sœur. Un bon nombre de ses formules ont été écrites par des prélats espagnols ; certains rites sont aussi de sa création. Tolède fut pendant des siècles un centre pour la liturgie que l’on peut appeler vraiment une liturgie nationale.

6° La question de l’orthodoxie de la liturgie mozarabe a été abordée souvent depuis Bon a, Lebrun, Lesley, jusqu'à Gains, dom Férotin, Ed. Bishop, Mgr. Mercati. (Voir aussi Adoptianisme, col. 403 sq, qu’il faut compléter par l’article Élipand, col. 2333 >q., et Liturgie, col. 8Il sq.) Ceux qui la défendent ont beau jeu à citer les approbations de Jean X, et surtout d’Alexandre II au concile de Mantoue en 1064. et plus tard celle qu’obtint le carinal Ximénès. Mais ceci ne dirime pa la question, car les livres de cette liturgie furent corri gés après les luttes qui suivirent la querelle adoplianiste. Les textes cités par Élipand favorisent certainement cette erreur. On répond que l'évêque de Tolède a falsifié les textes de la liturgie dans le sens de son erreur. Ce qui est curieux, c’est que ses adversaires ne l’aient pas sommé de présenter ses livres pour fournir ses preuves. D’après Ed. Bishop, Mgr Mercati et dom de Bruyne dont les articles sont cités dans notre bibliographie, Élipand a purement et simplement cité les textes qu’il avait en mains, on s’est trop pressé de l’accuser de falsification. Il faut dire simplement que sur ce point la liturgie mozarabe ne s’exprimait pas en termes suffisamment précis et corrects. Ce n’est pas du reste la seule liturgie dont certains textes soient sujets à caution ; on en relève dans la liturgie gallicane et dans les liturgies orientales. Cette opinion des critiques que nous venons de citer mérite certainement considération. Pour nous la question d’orthodoxie de la liturgie mozarabe, et même celle de ï'adoptianisme serait à reprendre et à étudier à fond.

F. Arevalo, Suncti Isidori opéra omnia' P. I.., t. lxxxilxxxiv, notamment, t. i, Isidoriana ; Bianchini, Thomasii opéra omnia, t. i, Rome, 1741, seul paru ; sur ce volume qui comprend le Libellas oralionum, cf. col. 2522 ; Ed. Bishop, Spanish syrhbols, dans Litwgica hislorica, p. 165 sq. ; W. C. Bishop, sous ce titre The mozarabic and ambrosian rites, Londres, 1924 ; le xv tract de VAluin club réunit quatre essais de W. C. Bishop dont un sur The mass in Spain ; du même, The mozarabic rite, dans Church quart, review, oct. 1906, janv. 1907 ; CI.Blume, Ilymnodia gothica, Leipzig, 1897 ; A. M. Burriel, Codex muzarabicus, etc. ; cf. Particularités littéraires sur la liturgie mozarabe, tirées des lettres mss. du P. B. dans Journal des savants, 1787, p. 9-14 ; de Bruyne, De l’origine de quelques textes mozarabes, dans Revue bénédictine, 1913, t. xxx, p. 421-436 ; du même, Un système de lectures dans la liturgie mozarabe, ibid., t. xx.mv, 1922, p. 147-1 5.") ; Callevært, Soles sur les origines de la mi-carême, dans Revue bénédictine, 192(1, t. xxx viii, p. 60 ; Cenni, Anliquitates Ecclesies Hispaniæ ; D. A. Dold, Eine Parallèle zum LiturgieFragment 1 ans Cod. Aug. CXCY in der Mozarabischen Liturgie, dans Revue bénédictine, 1927, t. xxxix, p. 135-136 ; Eiguren, Memoria descripliva de los codices notables conservados en (os archivos ecclesiasticos