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, MOZARABE (MESSE), LE SACRIFICE


de celis, c’est aussi une singularité du rit mozarabe. Au Jeudi saint on lisait l’épître de I Cor., xi, 20-34. Or après les mots : morlem Domini annunciabitis donec venial, on ajoutait cette variante in claritatem de celis que l’on a prise aussi dans la liturgie, et qui du reste n’existe ni dans la Vulgate, ni dans le grec, ni dans aucune version, que nous sachions, P. L., col. 409 pour le texte de l’épître. Pour la rubrique, col. 552.

Oratio post pridie. — L’oraison Post pridie qui suit la consécration correspond à celle qui est appelée dans les livres gallicans Post sécréta ou Post mysterium, et dont saint Isidore nous parle en ces termes : Ex hinc sexta oratio succedil, conflrmatio sacramenti, ut oblalio qu ; v Domino ofjertur, per Spiritum Sanction sanctlficala, Cliristi corporis et sanguinis confirmetur. De offic, I. I, c. xv ; cf. Etherius et Beatus qui soulignent les termes Conflrmatio sacramenti. Notons que le missei de Bobbio n’a pas l’oraison Post sécréta, et qu’elle manque quelquefois dans le Missale gallicanum et dans le Missale golhicum. Au contraire, elle ne manque jama’sdans le Missale mixtum, et comme elle varie tous les jours et qu’elle est parfois très longue, nous les avons ici.comme dans l’17/a//o, une de ces prières dans lesquelles l’abondance des Pères espagnols s’est donnée librement carrière. La place même et la fonction de cette oraison, conflrmatio sacramenti, sont encore plus propices que celles de Villalio, aux développements dogmatiques. Il y faut avoir recours pour étudier la doctrine de l’Église espagnole sur l’eucharistie, notamment sur la transsubstantiation et sur les questions connexes. En réalité cette oraison répond à l’épiclèse des liturgies orientales et, comme nous l’avons fait remarquer ailleurs, les expressions employées ici doivent être interprétées souvent cum grano salis. Nous ne pouvons que signaler ici quelques-uns de ces cas, col. 117, 250, note ꝟ. 510, note a. Cf. aussi Liturgie, col. 8Il et Épiclèsi :.

L’épiclèse est’parfois dans le Post sanctus, mais plus rarement (quelques exemples dans le Liber mozarabicus de dom Férotin ; dans ce même sacramentaire le Post pridie est appelée Post missam secrelam, à la vigile de Pâques, ce qui est digne de remarque). D’une façon générale, au contraire, le Post pridie contient souvent la preuve que la consécration ou la transsubstantiation est accomplie par les paroles de l’institution. L’élévation témoigne dans le même sens, mais il est difficile de fixer la date de ce rite chez les mozarabes. Citons comme particulièrement explicite ce Post pridie : lice pla, lice salularis hostia, Deus Pater, qua tibi reconctliatus est mundus. Hoc est corpus illud, quod pependit in cruce. Hic etiam sanguts, qui sacro profluxit ex latëre, etc. Liber mozarabicus, col. 313.

L’oraison Te presiante qui du reste n’a pas de litre particulier, semble plutôt la finale du Post pridie, qu’une oraison particulière. Elle ressemble comme on va le voir, à notre Per quem hsec omnia bona créas. En voici le texte :

Te prestante sancte Domine : quia tu hsec omnia nobis indignis servis tuis : valde bona créas : sancti+ licas, vivitkas -f henc | dicis ac prestas nobis : ut sit (sint) benedicta a te Deo noslro in secula seculorum.’<". Amen.

Le prêtre prend alors l’hostie consacrée sur la patène, la pose sur le calice découvert et dit ou chaule : Dominas sit semper vobiscum. II. Et cum spiritu lui). F idem quam corde credimus ore autem dicamus, cl il élève l’hostie consacrée pour la montrer au peuple. Dans certains lieux on dit à la place une antienne adeon/rætionem punis. P. L., loc. cit., col. 117, I I 55 I, pour l’explication de cet le oraison. Ici, comme dans le missel ambrosien, V Ihve omnia semble se l’apporter aux éléments consacrés, le pain et le viii, créés par Dieu, sanctifiés par la prière, vivifiés par la consécration, bénis par le Saint Esprit (épiclèse) et eu lin

donnés aux fidèles dans l’eucharistie. C’est du moins l’interprétation que donne à ces paroles Lesley qui ne veut pas admettre l’explication de Benoit XIV et d’autres liturgistes, qui prétendent que YHsec omnia désigne les fruits nouveaux qui étaient bénits à ce moment. C’est une vieille querelle entre liturgistes et qui ne paraît pas encore résolue. Benoît XIV, De missæ sacrifteio, t. II, c. xviir. Lesley admet que dans certains sacramentaires ces paroles peuvent en effet se rapporter à une bénédiction de ce genre ; mais il n’y voit qu’un cas particulier. Selon lui les paroles sont trop précises, les gestes trop solennels, pour qu’on puisse les appliquer à autre chose qu’aux éléments consacrés dans l’eucharistie, col. 553, note c.

L’élévation à ce moment est aussi un usage général. C’était avant le xi c siècle l’élévation principale. On remarquera aussi que dans le missel romain, l’oraison est adressée au Père et qu’elle se termine par une magnifique doxologie qui a disparu dans la messe mozarabe.

Le Credo. — Les Espagnols furent les premiers en Occident à introduire à la messe la récitation du symbole de Nicée-Constantinople. L’usage existait déjà en Orient, et en 568 Justin II en faisait une loi. Le IIIe concile de Tolède, en 597, édictait ul prius quam domintea dtcatur oratio, voce claca a populo [symbolum constantinopolitanum ] decantetur, quo fides vera, etc. Nouvel exemple de l’empressement que mettaient les prélats espagnols à suivre les usages de Constantinople. D’Espagne la coutume se répandit dans les Gaules ; Rome y fut longtemps réfractaire et ne céda qu’au xie siècle. En réalité la vraie place du symbole est au baptême, et il n’est pas un élément essentiel à la messe. Les Églises gallicanes le chantèrent après l’évangile, à la fin de la messe des catéchumènes ; c’est aussi la place qu’on lui donna à Rome. Les Espagnols, comme les grecs et les orientaux, en le mettant à la fin du canon avant le Pater, dérangeaient un peu l’équilibre général de cette partie de la messe, et diminuaient d’autant l’importance du Pater. Celte histoire de l’insertion du Credo à la messe est assez connue, nous n’y insisterons pas ; cf. Mgr Batiffol, Leçons sur la messe, p. 11. Voir aussi la note de Lesley qui, comme toujours, est fort instructive, et celle de dom Férotin. Pour les variantes assez curieuses du texte espagnol, le Credimus, l’Omousion, Yex Paire et Filto procedentem, ’etc., cf. Lesley, P. L., loc. cit., col. 555 sq., et Liber mozarabicus, col. 37.

Le Liber mozarabicus, contient une formule d’introduction pour le Credo : Omnes qui Cliristi sanguinis effusione, etc., qui ne se rencontre, dans aucun livre imprimé, et même, au témoignage de dom Férotin, dans aucun manuscrit, Liber mozarab., ibid.

Fraction. — La fraction est assez compliquée dans le rite mozarabe. Le prêtre divise l’hostie par le milieu, il place une moitié dans la patène, l’autre est divisée, en cinq autres parties placées aussi sur la patène ; il divise la première partie en quatre. Les neuf parties ainsi obtenues sont arrangées en forme de croix et chaque fragment reçoit son nom : Corporalio (ou incarnation), nativitas, circumeisio, apparitio (ou épiphanie) passio, mors, resurrectio, et à part gloria, regnum. La figure est donnée deux fois dans P. L., loc. cit., col. 118 et 557. Saint llildephonse fait allusion au nom de ces fragments, De cognltione baptlsmt, c. xix. cf. Liber moz., p. xxiu. Inutile de dire que tous ces rites ne sont pas anciens, pas plus que n’est ancienne la coutume de faire Ici le Mémento des vivants, car

on a eu déjà au commencement de là messe des fidèles un Mémento des Vivants et des morts. Puis le symbole fini, on dit le Pater. La fraction du pain, rite si Important à l’origine qu’il a donné son nom à la messe, est devenue ici, comme dans les liturgies celtiques, très