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MOZARABE (MESSE), L’AVANT-MESSE — : o


lieu élevé, annonçait le titre du livre, Lectio libri Exodi et le peuple répondait Deo gratias, faisait le signe de la croix et écoutait la lecture du texte. Après la lecture, il répondait Amen. S. Isidore, Oflïc, t. I, c. x, et t. II, c. xi. Le prêtre ajoutait, comme après l’oraison : Dominus sit semper vobiscum. k. Et cum spirilu tuo.

Psallendo. — Après la prophétie on chante le cantique des trois enfants avec le premier verset du psaume Confitemini. C’était aussi la coutume dans la liturgie gallicane. Le lectionnaire de Luxeuil dit, Daniel cum benedictione, et l’auteur des Lettres de Saint-Germain donne la même indication. Le IVe concile de Tolède, can. 14, rappelle la même prescription. Après le Benediclus es, le prêtre entonnait le psaume Confitemini que le chœur et le peuple continuaient. Voir le texte au Missale mixlum, P. h., loc. cit., col. 297, et la note. Le texte du Benedictus es qui se chantait en répons présente de nombreuses variantes suivant les mss. Le psallendo qui vient ensuite est un répons que le precentor chantait du haut d’une chaire. Saint Isidore l’appelle responsoria, et en Gaule on l’appelait psalmus responsorius. S. Isidore, O/fic, t. I, c. viii ; Grégoire de. Tours, Hisl. Franc, t. VIII, c. ni. On l’a confondu quelquefois avec le graduel romain, mais il en diffère par certains caractères. Cf. Lesley, P. L.. loc. cit., col. 257.

Trait. — Les anciens livres mozarabes contiennent un trait, Tractus, qui était chanté de l’ambon, par le psahniste et ne comportait, comme le trait romain, ni reprise, ni interruption, et sur une mélodie très simple. Il différait du trait romain en ce que le trait grégorien suit le graduel et tient la place de Y alléluia, au lieu que le trait mozarabe tient la place du psallendo, Lesley, col. 306. Cf. Tommasi, Besponsorialia et antiphonaria romaine Ecclesiæ, Rome, 1686, p. 32 sq.

Prières diaconales. — Le Missale mixtum, après le Psallendo, contient une rubrique d’après laquelle le prêtre doit préparer le calice, y mettre le vin ell’eau, et poser l’hostie dans la patène et la mettre sur le calice, et ensuite dire les Preces : Indulgentiam postulamus. Mais cette rubrique est récente et, d’après saint Isidore (Episl. ad Ludifr. Cordub.), c’était au diacre à préparer le calice et à dire les preces. Cf. Lesley, loc. cit., col. 297. Dans sa note Lesley confond ces preces diaconales avec la prière des fidèles qui est toute différente. Ces prières diaconales sont d’un grand intérêt pour l’histoire liturgique ; elles sont une relique du passé, conservées encore dans les liturgies orientales, mais dont la liturgie romaine n’a gardé que de rares vestiges. Les voici selon le texte du Missale mixtum :

Indulgentiam postulamus. Christe exaudi. Placare et miserere.

t. Jesu unigenite Dei patris lïlius : qui es immense bonitatis dominus. P. Placare.

t. Cuncti te gemitibus exorantes poscimus : cunctique simul deprecantes quesumus. P. Placare.

f. Tua jamclementia malanostrasuperet : tuo jam sereno vultu in nos respice. P. Placare.

t. Remove propicius tuam iracundiam : da peccatis (inem : da laboris requiem. P. Placare.

^.Tranquillitatemtemporum : rerum abundantiam : pacis quietem : et salutis copiam. P. Placare.

v. Illius Pontificis porrige presidium : atque universo supplicanti populo. P. Placare.

f. Rcmissionem omnium peccatorum qucsunuis : imlulge, clemens, mala que commisimus. P. Placare.

Le prêtre dit alors à voix basse une oraison. Voici le texte de celle qui suit la litanie diaconale :

Exaudi orationem nostram, domine : gemitusque nostros auribus percipe : nos enim iniquitates nostras agnoscimus : et delicta nostra coram te pandimus, tibi Deus peccavimus : tibique confitentes veniam exposcimus. Et quia recessimus a mandatis tuis : et legi tue minime paruimus. Convcrtere, Domine, super servos tuos quos redemisti sanguine tuo.

Indulge quesumus nobis : et peccatis nostris veniam tribue ; tueque pietatis misericordiam in nobis largire dignare. b ?. Amen.

Per misericordiam tuam Deus noster qui es benedictus et vivis et omnia régis in secula seculorum. K. Amen.

Cette oraison dans les liturgies gallicanes s’appelle Post precem.

Épîlre. — Après le chant du psallendo, et les prières diaconales, le prêtre ordonnait le silence : Silentium facile, et le lecteur lisait l’épître que l’on appelait couramment comme en Gaule, en Italie, en Afrique et dans d’autres pays Y Apôtre. Il annonçait d’abord le titre, par exemple : Sequentia epistole Pauli ad Corinthios, et le peuple répondait Deo gratias et se signait. Déjà au temps de saint Isidore, ce n’était plus le lecteur qui lisait l’épître mais le diacre. La lecture finie, le peuple répondait Amen, et le diacre descendant de l’ambon, rapportait le livre à la sacristie. Cf. la note de Lesley, P. L., col. 268. Le texte ne se lisait pas toujours dans son intégrité et les livres mozarabes contiennent des exemples de lectures où les textes sont combinés ou centonisés, ainsi P. L., loc. cit., col. 622 et 278.

Évangile. — L’évangile, comme l’épître, fut lu d’abord en Espagne par le lecteur. Puis la fonction fut réservée au diacre : ad diaconum perlinere prsedicare evangelium et apostolum. S. Isidore, Ep. ad Ludijr. Il en était de même en Gaule, Grégoire de Tours, Hist. Franc, t. VIII, c. iv. Le diacre disait d’abord la prière Miaula cor meum corpusque et labia mea, etc., puis il allait recevoir la bénédiction de l’évêque : Corroborel Dominus sensum tuum, etc. Revenu à l’autel le diacre disait : Laustibi, et peuple et clergé répondaient : Laus tibi, Domine Jesu Christe, Bex œternee gloriæ ; il montait alors avec le livre à l’a nbon, précédé de ceux qui portaient les cierges et peut-être l’encens, et annonçait la lecture, Lectio sancti evangelii secundum Lucam. A quoi le peuple répondait Gloria tibi, Domine, en se signant. A la fin de la lecture le peuple répondait Amen. Cette lecture était écoutée debout. L’évêque baisait le livre des évangiles qu’on lui présentait en disant : Ave, verbum divinum, reformatio virtutum et rcslitutio sanitatum, P. L., t. lxxxv, col. 269.

Les livres mozarabes ne se font pas scrupule pour l’évangile comme pour la prophétie et l’épître, d’omettre des versets ou d’arranger le texte.

Le prêtre dit après l’évangile : Dominas sit semper vobiscum. r. Et cum spirilu tuo.

Dans les messes privées, le prêtre avant l’évangile récite une prière : Conforta me, Bex sanctorum, etc., et le Dominus sit in corde meo, etc., et le diacre le Manda cor meum. Cf. loc. cit., col. 528. Mais ces prières sont d’âge postérieur et probablement empruntées à la liturgie romaine.

Lauda. — Le Lauda qui suit l’évangile se compose de YAlleluia et d’un verset, tiré généralement d’un psaume. Cette place lui est assignée par le IVe concile de Tolède (cf. aussi S. Isidore, Offlc, t. I, c. xiii). Le Deo gratias qui le suit maintenant au Missale mixtum, ne paraît pas primitif. P. L., loc. cit., col. 536, Le Lauda est chanté par le chantre. La coutume de chanter un verset après l’évangile se rencontre dans d’autres liturgies.

Ici avait lieu autrefois, au moins à certains jours, notamment en carême, une prière pour les pénitents, et leur renvoi ainsi que le renvoi des catéchumènes. Cf. P. L., loc. cit., col. 307, 308. L’avant-messe se terminait ici. On voit que dans ses traits principaux elle présente le même dessin à peu près, que l’avantmesse gallicane et même que l’avant-messe romaine. Mais elle a conservé plus de souvenirs de la liturgie primitive.