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MOZARABE (MESSE), DOCUMENTS


moslarabes) qu’il vienne de musla’rab ou de mixtoarabic, signifie « mêlé aux Arabes » et désigne en tout cas la population chrétienne qui, après l’invasion de l’Espagne en 712, fut soumise au joug des Arabes. Appliqué à la liturgie d’Espagne, il est mal choisi puisque la liturgie qu’il désigne est antérieure à la conquête, puisque cette liturgie fut aussi pendant un temps celle des chrétiens qui n’étaient pas soumis aux Arabes, et qu’enfin elle n’a rien en elle-même qui soit particulièrement mozarabe ; au contraire, on peut dire que les mozarabes n’ont rien inventé en liturgie et se sont contentés d’emprunter à la vieille liturgie hispanique ou à d’autres liturgies. Toutefois, comme ce nom a prévalu et qu’il est employé par la plupart des auteurs, nous pensons qu’il est préférable de le garder. Les noms de rit wisigothique, rit de Tolède ou rit Isidorien ou rit hispanique ou gothique ou espagnol, par lesquels on a proposé de le remplacer, ne sont pas non plus d’une parfaite justesse.

En tout cas, ce terme désigne une liturgie qui a été celle de l’Espagne aussi haut qu’on remonte dans son histoire, qui s’est maintenue dans cette contrée jusqu’au xiie siècle et qui, même après sa suppression, a été encore suivie dans quelques rares Églises, pour être de nouveau officiellement restaurée au xvie siècle dans les églises de Tolède où elle se pratique encore de nos jours. Pour l’historique voir Mozarabe (Liturgie ) dans Diction, d’arch. chrét. et de liturgie.

Quoi qu’il en soit du nom, la liturgie mozarabe nous est assez bien connue. On peut même dire que, si l’on excepte la liturgie romaine, c’est celle sur laquelle nous possédons le plus grand nombre de renseignements et de documents, comme on peut s’en rendre compte par le paragraphe où nous énumérons les sources.

Les origines.

Mais quelles sont les origines de

cet le liturgie ? Les auteurs ne sont pas d’accord sur ce point. Nous laisserons de côté comme indémontrable, pour ne pas dire plus, l’opinion de ceux qui la font remonter à saint Paul qui serait venu en Espagne, ou à saint Jacques, considéré, on le sait, par quelques-uns comme l’apôtre de l’Espagne, et de ceux qui lui donnent pour auteur saint Pierre ou les missionnaires envoyés par lui. Les autres opinions peuvent se ramener aux trois catégories suivantes :

1. Celle qui attribue la composition de cette liturgie à Léandre, Isidore, Julien et aux évoques de Tolède du vr et du vir siècle ;

2. Celle qui cherche ses origines en Orient, que cette influence se soit exercée directement, ou indirectement par les Gaules, qui elles-mêmes auraient reçu leur liturgie de ces pays ; ’.i. Celle enfin des auteurs, à la tête desquels il faut nommer l’robst, affirmant que l’origine de cette liturgie est sûrement antérieure au vi c siècle, mais qu’il faut la chercher à Rome.

Doin Férotin résume ainsi son opinion : la liturgie Wisigothique (c’est le nom qu’il préfère) n’est pas dans son ensemble d’origine orientale. C’est une liturgie d’Occident dont le cadre général et de nombreux rites ont été importés d’Italie, vraisemblablement de Home, par les premiers prédicateurs de l’Évangile en Espagne. I.e reste, le choix des lectures, les formules de prières, les mélodies, sont l’œuvre des évoques, des docteurs, des lettrés, des mélodes.de la péninsule. Des emprunts lurent faits aussi aux liturgies d’Afrique et des Gaules, Liber orrfinum, p. xii.

Nous ne discuterons pas cette question, comme étant in dehors de notre cadre. Nous nous contenterons de constater ici les faits qui nous paraissent incontestables. On trouve au vi » et au vir siècle en Espagne une liturgie qui s’apparente étroitement à la liturgie gallicane et qui, comme elle, a certainement subi des

Influences orientales. Comme elle aussi, elle présente

beaucoup de traits qui lui sont communs avec la liturgie romaine, mais avec une liturgie romaine primitive. Ces constatations favorisent l’hypothèse des liturgistes de plus en plus nombreux, croyons-nous, qui pensent qu’antérieurement au ve siècle, ou même à la fin du ive où les liturgies latines commencent à se différencier, il existe une liturgie unique, qui comporte de nombreuses variétés selon les pays, mais qui, en somme, présente les mêmes caractères généraux en Espagne, en Gaule, à Rome et dans les diverses Églises d’Orient.

Les conciles du vi « et du vii c siècle, les évêques d’Espagne, en particulier ceux que nous avons nommés, s’ils ne peuvent être considérés comme les auteurs de cette liturgie, composèrent certainement des oraisons, des antiennes, des « illations » ou autres pièces soit pour l’office, soit pour la messe, édietèrent des règlements et des rubriques, la corrigèrent et la réformèrent. Les papes de Rome intervinrent parfois directement pour introduire certains changements, jusqu’au jour lointain où ils la supprimeront, pour la laisser encore une fois renaître.

II. Sources et documents. — La liturgie mozarabe est celle qu’après la liturgie romaine nous connaissons le mieux, grâce aux manuscrits qui nous l’ont conservée et dont les plus importants ont été publiés. Nous ne dresserons pas le catalogue complet de ces manuscrits, on en trouvera l’énumération dans Férotin et dans les travaux que nous citons à la bibliographie. Nous ne citerons ici que les manuscrits qui ont été édités.

Ils se trouvent à Tolède, à Léon et dans quelques autres centres. Le monastère de Silos dans la province de Burgos en possédait un riche dépôt, malheureusement dispersé en 1878 et dont quelques-uns sont au British Muséum, d’autres à la Bibliothèque nationale de Paris. Dom Férotin nous raconte, dans l’introduction du Liber ordinuni et surtout dans celle du Liber sacramentorum mozarabicus, ses longues et souvent inutiles recherches pour retrouver quelques-uns de ces manuscrits soit en Espagne, soit en Portugal. La liturgie mozarabe ayant été supplantée en Espagne au xie siècle par la liturgie romaine, les manuscrits mozarabes n’ont pas été recopiés depuis cette époque.

1° Le LÂber sacramentorum et le Missel. — 1. Le Missalemixtum ou mistum, ainsi appelé soit parce qu’il contient quelques pièces ajoutées au missel mozarabe primitif, soit parce qu’il contient en même temps que le sacramentaire proprement dit, l’antiphonaire, le lectionnaire et le Liber offerentium, en d’autres termes, parce qu’il est un missel plénier, a été publié en 1500, par ordre du cardinal Ximénès. L’éditeur Alfonso Ortiz, pour son travail, s’est servi de divers mss. de Tolède qu’il a combinés pour en faire un missel plénier, où il a malheureusement inséré aussi quelques documents d’âge postérieur. Ces éditions ou rééditions du Missel de Ximénès n’ont malheureusement pas remédié a ce grave défaut. La principale est celle d’un jésuite écossais, Lesley ou I.cslic, qui est reproduite dans P. L., t. i.xxxv ; elle est enrichie d’une introduction et de miles très précieuses de l’auteurqui a été secondé par unérudil de mérite. Manuel Acevedo(cf. Zaccaria. Biblioiheca ritiwlis, l. i, p. G3).

2. Lorenzana. Missa gothica seu mozarabica et officinal ilidem gothicum diligenter æ dilucide explanata, ad usum percelebris mozarabum sacelli Toleli, a munifleentissimo cardinali Xemenio erecti, et in obsequium illmi, perinde ac oener. I). decani et capituli sancta Ecctesits Tolefanse Hispaniarum et Indiarum primatis, Angelopoli (Puebla de Los Angeles, au Mexique), typis seminarii, 1770, in-fol. de 198 p. Publication Incomplète qui comprend une préface, une préparation à la messe, une explication, le Liber offcrenlium (sorte