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MORT PEINE DE) — MOSCHABAR

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qu’elle est une conséquence inéluctable de la constitution, que Dieu a donnée à l’homme. L’homme n’est pas fait pour vivre isolé. Or la vie en commun exige un ordre public, que seule une autorité peut établir et maintenir. Sans doute Dieu peut laisser aux individus la faculté de désigner la personne ou les personnes, qui exerceront cette autorité..Mais, ayant rendu cette autorité nécessaire en lui imposant une mission à remplir, c’est Lui-même qui lui a concédé les droits dont elle a besoin pour accomplir son devoir. Ce devoir, nous l’avons dit. est tout d’abord la protection de l’ordre public, et cela exige en certaines circonstances le pouvoir d’édicter des sentences capitales. Ce pouvoir, l’autorité le tient donc de Dieu, et il ne se mesure pas à la somme des droits des individus.

2° Objections contre l’efficacité pratique de la peine de mort. - - 1° objection : L’exécution des criminels est une cruauté inutile, car ces monstres redoutent bien plus la prison perpétuelle et cellulaire, que la mort. La crainte de cette prison serait plus salutaire pour prévenir le renouveau des attentats. — Réponse. — Illusion, que l’expérience dissipe. Ne voyons-nous pas les condamnés signer avec empressement leur « recours en grâce » et demander au chef de l’État comme une faveur insigne la commutation de leur peine. C’est que la vie demeure à leurs yeux le plus grand des biens d’ici-bas, selon les vers du fabuliste < Qu’on me rende cul-de-jatte, goutteux, pourvu qu’en somme, je vive. C’est assez. » Il leur reste alors en elïet la suprême espérance d’une évasion, ou d’une amnistie, ou d’une réduction de peine, etc. Et cette espérance, si la peine de mort était légalement supprimée, détruirait en partie l’appréhension, qui détourne du crime certains malfaiteurs ou les arrête devant l’assassinat de leurs victimes.

2 1’objection : Les travaux forcés à perpétuité, auxquels on condamnerait un criminel, seraient plus que sa mort utiles à la société. — Réponse. — Avant l’utilité matérielle il est ici une double utilité morale à considérer : le respect de la justice d’abord, puis la sécurité et la tranquillité des honnêtes gens, dont la sauvegarde pratiquement n’est assurée que par la punition sévère des criminels. L’expérience en témoigne : la faiblesse de la répression à l’égard des méchants peut devenir une trahison à l’égard des bons.

3e objection : Toute peine doit être médicinale. Or l’application de la peine capitale supprime toute possibilité de correction des coupables. - Réponse. La peine ne doit pas être médicinale seulement pour le délinquant. Elle doit l’être aussi et d’abord pour l’ordre public blessé par les grands crimes. Car, si l’individu périt et n’est plus guérissable, la société continue de vivre et il faut que ses plaies soient pansées. Or la peine capitale apparaît en pratique le seul remède à un tel désordre, et le seul remède qui immunise le corps social contre son retour. L’autorité dès lors peut l’employer, car son premier devoir est de défendre le bien général, et la mort du coupable est le seul moyen ellicacc, dont elle dispose pour cela. D’ailleurs elle ne néglige pas pour autant la correction inorale du criminel, puisqu’elle doit lui laisser la faculté de se repentir. L’imminence du supplice est pour lui un pressant motif de faire sa paix avec Dieu et d’accepter en réparation de sa faute une expiai ion nécessaire, S’il s’obstine en cet instant suprême, remarque saint Thomas, (’.ont. dent., I. III, c. c.xi.vi, il n’y a guère de chance qu’il se convertisse jamais.

Pobjection : Des erreurs judiciaires sont toujours possibles : la peine de mort les rend irréparables. Réponse. Ceci n’a pour conséquence que d’exiger dans les causes capitales une enquête minutieuse et

poursuivie jusqu’à l’évidence du crime, les juges ne devant prononcer qu’en toute certitude.

De ces objections la liste pourrait sans doute encore être prolongée, mais sans apporter, croyons-nous, de nouvelles lumières sur la question. Celles que nous avons examinées sont les principales et les plus courantes, celles dont l’étude confirme en ses détails d’application le principe de la légitimité de la peine de mort. Il reste qu’en droit naturel et en droit positif divin, l’autorité sociale a le pouvoir d’en user en toute justice, parce que cela est nécessaire à l’accomplissement de sa mission et partant de son devoir primordial.

E. THAMirtY.

MOSAiSME — Voir Pentateuoue.

    1. MOSCHABAR Georges##


MOSCHABAR Georges, prélat byzantin et polémiste antilatin de la fin du xm’siècle, surnommé TûXXoç ou plus probablement *FiX<4t » )ç.

Cet écrivain, d’origine étrangère, semble-t-il, se consacra au professorat et fut attaché à la célèbre Ecole patriarcale restaurée en 1268 sur les instances de Germain III : en 1281, il en était le second personnage. Titulaire de la chaire d’LAangile, il enseigna l’exégèse à un nombreux auditoire jusqu’à la mort de Michel VIII Paléologue et jusqu’à la fin de l’I’nion des Églises latine et grecque (1282). Le fait est d’autant plus surprenant que Moschabar fut l’adversaire le plus obstiné de l’un et de l’autre. Il dut sans doute de ne pas être inquiété à l’habileté avec laquelle il sut cacher son jeu ; les écrits de cette période semblent, en effet, n’avoir jamais été signés. L’anonymat permit au fonctionnaire rebelle d’échapper à la police et aux traits directs de ses adversaires. Ainsi à couvert, le polémiste s’en prit aux représentants les plus qualifiés du catholicisme à Byzance, d’abord aux dominicains de l’éra, ensuite au patriarche lui-même. En 1283, après la restauration de l’orthodoxie, n’ayant plus rien à craindre du régime déchu, Moschabar continua, à visage découvert, la lutte contre Jean Beccos et ses partisans. Il fut alors nommé, pour ses services, chartophylax de la Grande Église, et se trouva être le bras droit du patriarche Grégoire de Chypre. Mais il ne tarda pas à se brouiller avec son maître ; de petits mécomptes l’ayant aigri, il tourna contre son bienfaiteur sa manie de la controverse. La logique de Beccos ayant acculé Grégoire à des théories hasardeuses en matière dogmatique, Moschabar, désertant son poste avec éclat, se fit contre son chef le champion de l’orthodoxie traditionnelle. Le mouvement d’opposition créé par lui, parti de la rue, rallia bientôt les esprits les plus influents. Le patriarche, cédant à la cabale triomphante, dut abdiquer ; 128 ! >). Ce coup de force accompli, il n’est plus question du remuant prélat.

Tous les ouvrages qui nous sont parvenus de Moschabar sont polémiques ; les uns sont dirigés contre les catholiques, les autres contre Grégoire de Chypre et son école. A la première catégorie appartiennent ; 1° Lu Dialogue d’un orthodoxe et d’un dominicain sur la procession du Saint-Esprit. Publié en 1278, cet opuscule est divisé en.">2 chapitres ; les vingt premiers ont paru à Londres en 1021, puis à Constantinople en 1627, sous le nom de Maxime Margounios. L’ouvrasse trouve en entier avec le nom du véritable auteur, dans le Yalic. Chisianus gr. 54, fol. 1-85 v°, et le C.aïrensis 285, fol. 1-106 v ; sans nom d’auteur dans les Bodl. Rarroc, 101. fol. l-8(i v° et le Rarroc. canon, gr. 21, fol.l sq. 2° Lu Traité sur la procession du Saint-Esprit, inédit, dans le Cuir. 285, fol. 10(1 v-Lîf) r », et le Chisian, gr. 54, fol. 8t>, r°-177 r°. Cet ouvrage, composé d’au moins lli chapitres, a été réfuté par le patriarche Jean Beccos sous [orme d’Antirrhétiques conservés dans le Laurent, plut, viii, c. 26, fol. 203 228 ; sa diffusion dans le public changea le cours de la polé-