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MORIN (JEAN

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Ctre resté quelque temps auprès de Zamet, évêque de Langres, il entra à l’Oratoire en 1618, où il fut d’abord envoyé à Angers comme supérieur du collège. Il fut un des douze prêtres de l’Oratoire qui, en 1025, suivirent la reine Henriette en Angleterre. Quand il en revint, ce fut pour demeurer à la maison de la rue Saint-Honoré où il passa à peu près tout le reste de sa vie, uniquement occupé à la composition de ses nombreux et savants ouvrages ; il y mourut le 28 février 1659 à l’âge de 68 ans.

Il publia en 1626 son premier ouvrage De pairiarcharum et primatum origine, in-4°, dédié à Urbain VIII, dans lequel il y a beaucoup de choses intéressantes, mais qui est diffus et manque un peu de critique. En 1630, il donna Histoire de la délivrance de l’Église par Constantin et de la grandeur et souveraineté temporelle donnée à l’Église romaine par les rois de France, in-fol., dans lequel il essaie d’atténuer les principes ultramontains du précédent, ce qui déplut à Rome ; le cardinal François Barberini fit même relever par J.-B. Suarez les passages incriminés, l’auteur promit de les supprimer dans une deuxième édition qui ne put être faite. On ne peut que citer ici ses très importants ouvrages sur l’Ecriture sainte : Nouvelle édition de la Bible des Septante, 1628 ; Exercitationes ecclesiasticæ in utrumque Samarilunorum Pentateuchum de illorum religione et moribus, in-4°, Paris, 1631 ; Exercitationes biblicæ de hebrsei græcique texlus sinceritate, germana LXX interpretum translatione dignoscenda, illiusque conciliatione, in-4°, Paris, 1633 ; Diatribe eleuctica de sinceritate hebrœi græcique textus dignoscenda, et animadversione in censuram Exercitalionum ad Pentateuchum Samaritanum, in-8°, Paris, 1639. L’auteur s’était acquis tant d’estime auprès du clergé de France, que les prélats assemblés prenaient d’ordinaire ses avis sur les affaires les plus importantes ; sa réputation se répandait jusqu’à Rome où le pape l’appela pour travailler à l’union de l’Église grecque avec l’Église romaine. Il y fit preuve de connaissances très étendues sur l’ordination dans les Églises orientales ; les membres de la commission étaient disposés à la regarder comme nulle parce qu’ils n’y trouvaient pas les cérémonies regardées par eux comme nécessaires, spécialement la porrection des instruments ; mais le P. Morin leur prouva que l’imposition des mains est la seule forme nécessaire, que tout le reste est d’usage moderne ; son sentiment fut accepté de tous et particulièrement du cardinal Barberini et du savant Léon Allatius.

A peine neuf mois après, Richelieu l’obligea à revenir en France soit, disent les uns sans aucune preuve, parce qu’il voulait s’aider de son érudition pour se faire nommer patriarche ; soit plutôt, qu’il fût mécontent de la manière peu flatteuse dont le P. Morin parlait de lui à Rome : ce qui est très probable, car le ministre ne lui donna aucun emploi et dit, au contraire, que l’oratoricn n’était bon qu’à vivre avec des livres. Celui-ci reprit donc ses études ; ses recherches sur les ordinations orientales lui fournirent la matière d’un de ses meilleurs livres qui parut en 1655 : Commentarius de sacris Ecclesise ordinationibus secundum antiquos et recentiores Latinos, Grœcos, Syros et Babylonios in Ires jxirtes distinctus, in-fol. ; 2° édition, Amsterdam, 1695. Quatre ans auparavant, il avait donné son ouvrage le plus important de théologie positive, auquel il avait travaillé trente ans et qui seul suffirait pour lui donner une liés belle place parmi les érudits <lu xvii’siècle : Commentarius historiens de disciplina in admini&tratione sacramentt psenitentice tredecim primis sœculis in Ecclesia occidental ! et hucusque in Orientait observata, in-fol., Paris, 1651 ; 2e édit., Anvers, L682 ; 3° éd.. Bruxelles, 1685. Il y traite : 1° Des différents noms que Grecs et Latins donnèrent à la pénitence, et mon tic que I on a toujours exigé des pénitents

les preuves d’une véritable conversion ; 2° Différentes manières de pratiquer la confession ; 3° Différence entre les péchés commis avant ou après le baptême ; 4° Discipline extérieure de la pénitence observée jusqu’à Novatien ; 5° Distinction faite dans les quatre premiers siècles entre péchés capitaux, mortels, véniels. Pour répondre à la difficulté qui résulte de la différence de discipline selon les siècles, il dit dans la préface : « L’Église a pu varier et elle a varié en effet sur la discipline… sans qu’on puisse l’accuser en aucun temps de s’être trompée, ni d’avoir mal fait ; que c’est une grande folie de disputer non seulement contre tout ce que l’Église croit, mais aussi contre ce qu’elle pratique généralement ; car la foi de l’Église n’est pas seulement la règle de notre foi, mais aussi ses actions sont la règle des nôtres et sa coutume doit être la règle de la nôtre. » Ces paroles méritaient d’être citées à cause de leur importance. Il avait joint à son livre une dissertation sur l’expiation des catéchumènes, que les censeurs interdirent de publier ; on trouve à la place quelques extraits d’un manuscrit très ancien écrit en onciales, de la fin du viie ou du commencement du viiie siècle, qui semble avoir été copié pour l’abbaye de Saint-Denis, et faisait sans doute partie de l’ancien Sacramentaire du pape Gélase. On dit que l’ouvrage déplut également aux partisans de Port-Royal qu’il attaquait dans la préface, et aux membres de la Compagnie de Jésus dont il blâmait les doctrines en matière de pénitence.

Il laissait en mourant plusieurs ouvrages inédits qui furent publiés en 1703 par un prêtre de sa congrégation : Joannis Morini opéra posthuma : i. De catechumenorum expiatione ; n. De sacramento confirmationis ; m. De contritione et attritione, in-4°, Paris, 1703. En 1082, Richard Simon avait fait imprimer sous ce titre Antiquitates Ecclesise orientatis cum notis et vita Johannis Morini, in-12, Londres, 1682, sa correspondance avec des savants sur plusieurs questions d’antiquité ecclésiastique. On a encore de lui Sept lettres latines à Léon Allatius sur les basiliques des Grecs, publiées par le P. Desmolets de l’Oratoire dans les Mémoires de littérature et d’histoire, t. i, part. 2 ; un mémoire de plus de 200 pages devenu fort rare, imprimé enl653, sous le titre de Déclaration…, non pour critiquer la congrégation de l’Oratoire comme le dit Richard Simon, mais certaines prétentions du P. Bourgoing ; deux lettres au cardinal Barberini contre le P. Michel Rabardeau, jésuite.

Plusieurs traités sont restés inédits : De sacramento matrimonii, un des plus remarquables, dit-on, dont Richard Simon attribue la perte aux scrupules de quelques membres de l’Oratoire qui l’auraient fait disparaître ; De basilicis christianorum ; De Paschate ; De vetustissimis christianorum paschalibus ritibus.

Il était en commerce de lettres avec les plus grands hommes de son siècle en France, en Italie, en Angleterre, en Allemagne, en Flandre, en Hollande, en Suisse et en Orient, non seulement catholiques, mais protestants et juifs. La seule énuinération de ses ouvrages montre que sa science était universelle ; son humilité et sa simplicité étaient aussi grandes que sa science ; il priait autant qu’il étudiait, et ses ennemis eux-mêmes étaient les premiers à reconnaître la modération qu’il conservait dans les controverses les plus ardentes.

A.d’Alès, L’Êdit de Calliste, éludes ur les origines delà pénitence chrétienne, p. 5 sq. ; Batterel, Mémoires domesti <ines pour servir à l’histoire de l’Oratoire, t. ii, p. 135-469 ; Bernier, Histoire de lilois ; ] ;. du Pin, Bibliothèque des auteurs crrl. du XV I Ie siècle, II" part., p. 2.">0 ; Ingold, Essai de bibliographie oralortenne, p. 112-1 ie> ; Nlcéron, Mémoires

pour l’histoire des hommes illustres, t. i ; Adolphe IVrrnud