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MORALE, LES DIVERSES MÉTHODES

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1366, §2, du Code canonique demandant, sans distinction entre dogmatique et morale, que l’étude de la théologie, aussi bien que celle de 1 ? philosophie, soit traitée ad Angelici doctoris rationem, doctrinam et principia.

2. Dans l’enseignement supérieur ayant pour but une formation spéciale, et supposant déjà l’enseignement classique intégral, on pourra insister plus particulièrement sur l’emploi de la méthode positive ou sur celui de la méthode scolastique, selon le but particulier qu’on se propose, en observant, dans chaque méthode, les conditions indiquées à l’art. Dogmatique, t. iv, col. 1533 sq., 1538 sq.

3. Dans des ouvrages spéciaux écrits en vue de la pratique immédiate du ministère, comme la Praxis confessarii de srint Alphonse de Liguori, et supposant d’ailleurs la connaissance scientifique de la théologie morale déjà suffisamment possédée, il y a une très grande utilité à ce que l’on s’occupe, d’une manière à peu près exclusive, du point de vue immédiatement pratique casuistique, pastoral ou autre. Il est seulement demandé que les principes sur lesquels les applications pratiques reposent soient toujours au moins brièvement indiqués, pour que le caractère scientifique de la théologie morale soit substantiellement maintenu. Il est d’ailleurs bien évident que ces ouvrages spéciaux, en poursuivant leur but particulier, n’ont aucune prétention de se substituer à la théologie morale.

2° En dehors de l’enseignement théologique proprement dit. — 1. Dans des ouvrages que l’on pourrait appeler de propagande scientifique, ayant spécialement pour but d’aider, en ces matières, le prédicateur, le confesseur, le catéchiste, l’apologiste ou le professeur d’instruction religieuse, ou d’instruire les fidèles plus cultivés, ceux surtout qui peuvent, par leur talent et par leur position, exercer autour d’eux quelque apostolat, il va de soi que la méthode rigide d’exposition scolastique serait déplacée. On y devra adopter une forme plus libre et plus attrayante, tout en gardant un enseignement solide et toujours proportionné aux intelligences auxquelles on s’adresse. Nous avons dit, en parlant de la dogmatique, t. iv, col. 1540, combien de tels travaux méritent d’être encouragés et recommandés pour la diffusion de l’enseignement scolastique en dehors des cercles théologiques.

2. Dans la prédication adressée aux fidèles, où il est particulièrement nécessaire aujourd’hui de donner, selon le degré de culture de l’auditoire, une solide instruction morale qui puisse prémunir contre les graves et multiples erreurs contemporaines et contre les nombreuses objections si répandues aujourd’hui dans tous les milieux, on comprend que l’enseignement donné par le prédicateur, le conférencier ou le catéchiste, ne peut avoir l’allure technique de l’enseignement théologique classique. Tout en se servant des preuves de la théologie positive, des raisonnements de la scolastique et des données d’observation et d’expérience, on devra selon la nature de l’auditoire, employer les ressources de l’art chrétien pour rendre la vérité plus accessible et plus attrayante.

P. conclusions contre deux systèmes supprimant presque entièrement, en théologie morale, l’emploi de la méthode scolastique et même de la méthode positive.

1° Conclusion contre un système de prétérilion, omettant, soit en morale fondamentale, soit en morale spéciale, presque toutes les questions doctrinales pour s’occuper presque exclusivement de la casuistique, comme l’ont fait pratiquement beaucoup d’auteurs depuis la seconde moitié du xviie siècle, jusque vers le milieu du xixe.

1. En ce qui concerne l’enseignement classique de

la théologie, ce système doit être rejeté puisqu’il ne tient pas compte de cette doctrine, cependant bien certaine, que l’emploi de la méthode scolastique et de la méthode positive est nécessaire pour assurer à la théologie morale son caractère scientifique, et pour assurer son efficacité pratique relativement au ministère sacerdotal qu’elle doit diriger.

2. Et même pour le but immédiatement pratique que l’on paraît uniquement se proposer, qui est de préparer au ministère de la confession, ce système, malgré quelque utilité partielle, ne peut pleinement suffire Ce qui importe le plus pour la solution des cas de conscience soumis au jugement du confesseur, c’est la connaissance raisonnée des principes qui doivent diriger ce jugement ; connaissance raisonnée que l’on ne peut avoir, d’une manière effective, sans un sérieux emploi de la méthode scolastique.

D’ailleurs, comme nous le constaterons bientôt, l’expérience montre que, pendant la période où la théologie morale a été ainsi diminuée, c’est-à-dire depuis la seconde moitié du xviie siècle jusqu’à la seconde moitié du xixe, elle a été privée d’une très grande partie de l’influence qu’elle aurait dû avoir, soit pour la lutte constante contre l’erreur sous ses diverses formes, soit pour l’instruction des fidèles et la direction morale de la vie publique des sociétés.

2° Conclusion contre un système de répartition de la plupart des questions doctrinales de morale spéculative, entre la philosophie et la dogmatique ou même l’ascétique et la mystique.

1. Relativement aux vérités doctrinales ainsi attribuées exclusivement à la philosophie morale, sans qu’on les reprenne en théologie pour y ajouter l’enseignement révélé, l’enseignement positif de l’Église et de la tradition catholique, et les conclusions déduites de ces divers enseignements, la conséquence est évidente. Tout cet enseignement positif, ainsi que les conclusions que l’on doit en déduire, seront pratiquement omis, puisqu’ils ne peuvent avoir en philosophie qu’un signalement rapide, et qu’on ne leur assigne aucune autre place. Or c’est un très grave inconvénient de ne pas avoir, sur toutes ces matières, une connaissance exacte et raisonnée des enseignements de l’Église ainsi que de l’enseignement théologique. Cet inconvénient est plus grave encore pour toutes les matières appartenant à la morale sociale, et qu’on placerait uniquement dans cettecatégorie des vérités philosophiques. En ces matières surtout, il importe grandement d’avoir une connaissance exacte de l’enseignement de l’Église qui doit être, pour tous les catholiques, le principal appui contre toutes les erreurs actuelles.

Pour ces questions de morale sociale, il y aurait encore un autre désavantage à les placer uniquement en philosophie : à cause de leur nature souvent délicate et complexe, elles supposent déjà quelque maturité de jugement, et elles seraient exclusivement étudiées au moment où cette maturité serait habituellement moindre.

2. Quant aux vérités doctrinales attribuées à la dogmatique ou à l’ascétique et à la mystique, il y aurait cette conséquence fâcheuse que, par le fait qu’elles seraient séparées de leur cadre normal et traitées ailleurs, leur nature vraie serait moins bien saisie. En même temps les conclusions ou applications que l’on doit en déduire en casuistique, seraient bien affaiblies par le fait qu’elles ne seraient point suffisamment rattachées aux principes dont elles procèdent.

3. On comprend d’ailleurs que le rôle casuistique presque exclusif qui reviendrait ainsi à la théologie morale, diminuerait beaucoup son importance, et la placerait à un rang bien inférieur à celui qu’elle doit