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    1. MORALE##


MORALE. CARACTÈRES DISTINCTIFS

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christian.se du 10 janvier 1890, § Yerurn in hoc ecdem génère, et dans l’encyclique Rerum novarum, § De ipsis cpibus ulendis.

Le traité de la justice surtout offre de nombreuses occasions de toucher aux questions particulièrement signalées dans les encycliques de Léon XIII, ainsi que cf. qui concerne les diverses professions humaines.

En ce qui concerne les relations des peuples entre eux, il sera utile de rappeler l’enseignement de Benoît XV : Nec enim alia est evangelica lex earitatis in singulis hominibus, alia in ipsis civitatibus et populis, qui demum omnese singulis hominibus conflantur et constant, Encycl. Pacem du 23 mai 1920, § Quse vero hic de colendse earitatis offlcio, et l’enseignement de Pie XI : Cum igitur et civitates et respublicee sanctum et solemne habucrint, vel in domesticis vel in externis rationibus, doctrinis prsescriplisque Jesu Christi obsequi, tum demum et apud se pace fruentur bona et mutila ulentur fiducia, controversiasque, si quæ forte suboriantur, pacifiée diriment. Encycl. Ubi arcano Dei du 23 décembre 1922, § Quamobrem cum unius Ecclesiæ sit.

II. LA THÉOLOGIE MORALE PARTIE DISTINCTE DE

i a TBÊOLOGIE. — 1° Ce qui constitue la théologie morale comme partie distincte de la théologie, d’après les conventions actuelles, c’est qu’elle a un objet matériel qui est, sous certains rapports, distinct de celui de la dogmatique. Cet objet consiste dans la direction pratique à donner aux actes humains pour les ordonner convenablement vers la fin dernière surnaturelle, tandis que la dogmatique a pour objet les vérités révélées, ayant un caractère principalement spéculatif ou considérées seulement sous cet aspect de vérités spéculatives, de telle manière que le devoir principal - qui y est affirmé est celui de l’adhésion absolue de l’intelligence par l’acte de foi.

En théologie morale, les vérités révélées que l’on étudie exigent cette même adhésion absolue de la foi, mais ce n’est pas sous ce rapport qu’on les considère principalement. On les considère comme donnant des directions pratiques, préceptes ou conseils, relativement à ce qui doit être fait, ou à ce qu’il convient de faire pour s’orienter effectivement vers la fin surnaturelle.

Cette différence partielle d’objet matériel suffit pour que la théologie morale puisse être considérée comme une partie distincte de la théologie, d’autant plus qu’à cause de son caractère, au moins partiellement pratique, elle a aussi, du côté de la méthode, quelque chose de particulier, comme nous le dirons bientôt.

2° Toutefois, si cette différence partielle de l’objet matériel suffit pour faire de la théologie morale une partie distincte de la théologie, cela ne suffit point pour la constituer comme science théologique distincte. Car, suivant le raisonnement de saint Thomas, Sum. theol., I a, q. i, a. 3 sq., il n’y a qu’une seule science théologique, à la fois spéculative et pratique

Il n’y a qu’une seule science théologique. Bien qu’elle ait divers objets matériels, Dieu et les créatures, et que les créatures soient elles-mêmes très différentes entre elles, il n’y a qu’un seul objet formel. objectum formule quod, qui est Dieu considéré en lui-même ou dans les créatures, puisque les créatures, les anges, l’homme, le monde, et les actes humains dont traite la théologie, sont étudiés seulement dans leurs relations avec Dieu. S. Thomas, I a, q. i, a. 3.

La théologie n’a non plus qu’un seul principe formel de connaissance, la révélation divine, de laquelle elle déduit des conclusions qui la constituent comme science. S. Thomas, I a, q. i, a. 4.

Science une à raison de son objet formel unique et de son unique principe formel de connaissance, la théologie est une science à la fois spéculative et pra tique. Spéculative et principalement spéculative, en tant qu’elle traite des choses divines manifestées par la révélation. Pratique, en tant qu’elle s’occupe des actes humains et de leur direction vers la fin dernière surnaturelle. S. Thomas., I a, q. i, a. 4.

3° Enfin à raison de cet objet matériel, distinct, sous certains rapports, de celui de la dogmatique, et se diversifiant lui-même selon les applications auxs quelles il est soumis, la théologie morale comprend^ sous elle plusieurs parties qu’on est convenu, assez habituellement, de traiter à part : la casuistique, la pastorale, l’ascétique et la mystique, qui, en réalité, sont plutôt des chapitres considérables de la théologie morale, que l’on traite spécialement à cause de leur très grande importance pratique.

1. Considérée comme une partie de la théologie, la casuistique supposant déjà faite l’étude des principes de la science morale, ou en donnant un exposé très bref, s’occupe principalement de déterminer, suivant ces principes, ce qui, dans des cas déterminés et concrets, est d’obligation grave ou légère, ou seulement de conseil, ou ce qui est simplement permis. Voir Casuistique, t. ii, col. 1860 sq. C’est donc un ensemble de conclusions pratiques ou d’applications pratiques, dépendant sans doute des principes de la théologie morale sur lesquels elles doivent être appuyées, mais que l’on traite à part, tout au plus avec un rappel sommaire de ces principes, afin de fournir, surtout au confesseur, la direction dont il a immédiatement besoin pour décider les cas de conscience qui lui sont soumis.

2. La théologie pastorale s’occupe particulièrement des directions pratiques qui doivent assurer le bon accomplissement des trois fonctions principales du ministère des âmes : la fonction de prédicateur ou de maître de la doctrine sacrée et de ce qui s’y rapporte ; la fonction de ministre ou de dispensateur des saints mystères ; la fonction de pasteur spirituel chargé de veiller à tout ce qui importe au bien spirituel des fidèles. Ici encore les principes théologiques sont supposés ou seulement rappelés brièvement. On envisage surtout les règles pratiques qui doivent immédiatement diriger dans l’accomplissement du ministère pour assurer sa meilleure efficacité.

3. L’ascétique, selon les usages conventionnels assez communément acceptés, a pour objet la pratique de la perfection chrétienne avec le secours ordinaire de la grâce, et sans le secours de la contemplation passive ou mystique, du moins bien manifeste et bien caractérisée. Voir t. i, col. 2041 sq. On laisse à la théologie morale les questions doctrinales concernant les degrés les plus élevés des diverses vertus, ainsi que la nature de la perfection chrétienne, la nature de l’union d’amitié avec Dieu par la charité, la nature des dons du Saint-Esprit, ou la nature des divers degrés d’oraison, pour s’occuper seulement des moyens à employer et de la direction à suivre, pour mieux atteindre le but suprême de la perfection.

4. La mystique, si l’on admet les usages conventionnels déjà signalés, a pour objet la pratique de la perfection chrétienne avec le secours de la contemplation passive ou mystique, bien caractérisée. Voir Contemplation et Mystique. Supposant la doctrine théologique sur les degrés les plus élevés de l’oraison mystique, sur l’union de l’âme avec Dieu dans les états mystiques, sur l’action des dons du Saint-Esprit dans ces états, la mystique s’occupe seulement de la conduite pratique à tenir, des moyens à employer pour atteindre efficacement, dans ces états, le but suprême de la perfection.

Ainsi la casuistique, la pastorale, l’ascétique et la mystique, avec leurs conclusions, applications ou directions découlant de l’enseignement de la théologie