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le rédacteur de la critique d’avril 1749 au Journal de Trévoux, et Berthier, sous ce titre : Observations sur un livre intitulé l’Esprit des lois, 3 in-8°, s. i. La préface, attribuée à Mme Dupin. est de J.-J. Rousseau. Cf. Confessions, 1. VIII. 2° En 1751, en même temps que Les Lettres persanes convaincues d’impiété de l’abbé F.-B. Gaultier, des Observations sur l’Esprit des lois ou l’art de le lire, de l’entendre et d’en juger de l’abbé de la Porte, reprochant à Montesquieu de tout rattacher au climat : religion, morale, etc., auxquelles M. Riteau, négociant à Bordeaux, publia une Réponse qu’approuva fort Montesquieu. 3° En 1753, Instruction paslorcde de Mgr l’évêque de Marseille sur l’incrédulité, où Belsunce attaque particulièrement Montesquieu et sa théorie de la relativité de la religion à l’égard du climat. 4° De 1757 à 1763, La religion vengée, 21 in-12, que publient le récollet Huger et une Société de gens de lettres, accusant Montesquieu de matérialisme à propos de la même théorie. 5° En 1774, Des droits de la vraie religion contre la thèse de la relativité, par l’abbé Floris, 2 t. en 4 vol. in-12, Paris.

Dans l’intervalle, l’Esprit des lois avait été accusé de naturalisme devant l’Assemblée du clergé par l’archevêque de Sens, Languet de Gergy, mais sans résultat ; la Sorbonne qu’avait émue la campagne des Nouvelles ecclésiastiques avait examiné le livre, mais sans conclure. Seule, Rome, malgré les promesses de Montesquieu et les efforts du duc de Nivernais, avait agi, mettant le livre à l’Index, le 3 mars 1752, mais sans le nom de l’auteur.

D’un autre côté, les philosophes trouveront Montesquieu trop modéré. Helvétius dans sa Lettre à Saurin dit de lui : « Son beau génie l’avait élevé jusqu’aux Lettres persanes. Plus âgé il semble s’être repenti », Laboulaye, op. cit., t. vi, p. 320 ; et dans l’Esprit, discours IV, c. iv, il lui reprochera de n’avoir pas dit, par crainte, tout ce qu’il pensait et d’avoir adouci l’expression. Des Commentaires, ou Analyses de l’Esprit des lois, furent également publiés, exposant, dans un sens ou l’autre, les idées de Montesquieu. En dehors des notes d’Helvétius sur les huit premiers livres publiés dans les Œuvres complètes de Montesquieu, édit. Didot, 1795, t. xiv, sous ce titre : Examen critique de l’Esprit des lois par l’auteur de l’Esprit, il faut citer : Bertolini, Analyse raisonnée de l’Esprit des Lois, 1754, et d’Alembert, Analyse, 1755, au t. III de l’édition Laboulaye ; Pecquet, Analyse raisonnée, in-12, Paris, 1758 ; Crévier, Observations sur le livre de l’Esprit des lois ; Paris, 1764 ; Voltaire, Commentaire, 1778 (1777) où sont égratignés à la fois Montesquieu et ses adversaires jansénistes et jésuites. Helvétius a aussi écrit des Notes sur les sept premiers livres de l’Esprit des lois, elles ont été publiées par l’abbé de La Roche dans son édition des Œuvres de Montesquieu, t. m. Condorcet écrivit sur le livre XIX, De la manière de composer les lois, des Observations que Destutt de Tracy donna en 1817, à la suite d’un Commentaire de l’Esprit des lois, l" édit., Philadelphie, 1811 ; 2° édit., Paris, 1817. Ces Observations se trouvent aussi dans les Œuvres de Condorcet, édit. de 18471819, t. i. Au tome ni des Opuscules de M. Eréron, 9 opuscules concernent l’Esprit des lois : Extrait de l’Esprit des lois, Observations sur quelques endroits particuliers < ! < ce livre (par Véron de la Forbonnais) et idées de toutes les critiques qui en ont été /ailes avec quelques remarques de l’éditeur.

On étudie aussi beaucoup Montesquieu en Angleterre, où, dis 1777, paraît une traduction des Œuvres complètes en I volumes : The complète ivorks oj M. île Montesquieu ; à Berlin, où le secrétaire de l’Académie, Formond, fils de réfugiés, publie une Analyse de l’Esprit des lois si flatteuse que Montesquieu lui en écrit, 1757 ; en Italie, où Beccaria s’inspire de lui.

Cependant, en 1701, paraîtra, a Amsterdam, une nouvelle édition de L’Esprit des lois avec des remarques politiques et philosophiques, 2 in-12, anonyme et qui serait l’œuvre d’Élie Luzac, protestant et républicain, qui discute les idées de Montesquieu sans toujours les bien comprendre.

Si Montesquieu ne représenta pas le xviiie siècle à la façon de Voltaire, il contribua néanmoins à en former l’esprit et à l’orienter dans le sens de la liberté, du rationalisme et de la tolérance. Sa pensée influa, dit-on, sur la constitution américaine, mais plus encore sa théorie du gouvernement anglais parut, de son origine à nos jours, à certains esprits fixer les conditions du gouvernement idéal, autrement dit du gouvernement parlementaire. La Révolution, rebelle à ceux qui cherchaient à la faire entrer dans cette voie, reçut cependant de Montesquieu quelque chose de son vocabulaire ; ainsi vertu : force d’une République, et aussi une idée convenue des républiques antiques. Enfin et surtout, Montesquieu habitua les esprits à étudier les questions du point de vue sociologique. L’écrivain qui, dans la suite, le rappela davantage fut Tocque ville.

Avec les ouvrages essentiels de L. Vian, Histoire de Montesquieu, sa vie et ses œuvres, Paris 1879 ; Barckhausen, . Montesquieu, 5a vie et ses œuvres, in-12, Paris, 1907 ; J. Dedieu, Montesquieu et la tradition politique anglaise en France, Paris, 1909, et Montesquieu, in-8°, Paris, 1913, voir : Maupertuis. Éloge de Montesquieu, 1755 ; d’Alembert, Éloge du président de Montesquieu, au t. v de l’Encyclopédie : Villemain, Éloge de Montesquieu, 1816, et Notice sur Montesquieu dans ses œuvres, 1817 ; Sainte-Beuve, Causeries du Lundi, t. vu ; les Introductions aux diverses éditions des Œuvres complètes ou des ouvrages séparés, en particulier dans l’édition Laboulaye ; A. Sorel, Montesquieu dans la collection des Grands écrivains français, in-12, Paris, 1887 ; Zévort, Montesquieu, Paris, 1887 ; F. Hénion, Montesquieu, in-12, Paris, 1900 ; Strowski, Montesquieu, textes choisis et commentés, in-16, Paris, 1912.

Voltaire, L’a. b. c. ou dialogue entre A, B et C. Entreiens sur Ilobbes, Grotius et Montesquieu, et article Esprit des lois, dans le Dictionnaire philosophique ; Frédéric Sclopis, Recherches historiques et critiques sur l’Esprit des lois, in-8°, Turin, 1857 ; R. von Auerbach, Montesquieu et son influence sur le mouvement intellectuel du XVIII’siècle, 1876 ; N. Dunning, A hislory o/ political théories from Luther to Montesquieu, 1905, et les ouvrages signalés au cours de l’article.

Bersot, Études sur le XVIIIe siècle, 1855 ; Barni, Histoire des idées morales et politiques en France au XVlll’siècle, 1865 ; Janot, Histoire de la science politique, 1858 ; Auguste Comte, Cours de philosophie positive, t. V et vi ; Robert Plint, La philosophie de l’histoire en France, traduction française, Paris, 1878 ; Lberminier, Influence de la philosophie du XVI II’siècle sur la législation, 1883, et en général les historiens de la littérature et de la phi osophie au xviir siècle.

C. Constantin.

MONTFAUCON (Bernard de) bénédictin français (1655-1741). — I. Vie. — Bernard de Montfaucon, fils du seigneur de Roquetaillade et de Conillac, au diocèse d’Aleth, naquit le 13 janvier 1655 dans le château de Soulage, au diocèse de Nar bonne. Elevé dans sa famille, il prit du goût pour l’histoire en lisant Plut arque. D’une mémoire prodigieuse, il retenait les noms, les dates et les faits historiques de façon à en bien parler. Épris de la gloire des armes, il fut mis, en 1672, aux cadets de Perpignan, et, après la mort de son père, il servit deux ans comme volontaire dans l’armée de Turcnne. Malade, il rentra près de sa mère qui ne larda pas à mourir.

Faisant réflexion sur ces tristes événements, il résolut de se consacrera Dieu, entra au monastère de la Daurade à Toulouse, y fil profession le 13 mai 1676. Après Ii ni l ans passé à l’abbaye de la Grasse, diocèse

de Carcassonne, où il réunit des matériaux pour composer une théologie historique, il fut placé par dora

Claude Martin dans l’abbaye de Saiulc-C.roix de Bor-