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MONTANISME — MONTAZET


l’observance de trois carêmes dans l’année, dont un après la Pentecôte ; cf. In Matth. comm., i, 9, 15. Sozomène, H.E., VII, xviii, 12-14, ne parle que du carême pascal qui durait seulement deux semaines, par où il faut entendre peut-être les xérophagies signalées jadis par Tertullien, De jejun., 15. Plus tard, Marouta de Maipherkat signalera quatre carêmes montanistes de quarante jours chacun ; ce qui semble dépasser les bornes de la vraisemblance.

Pour la célébration de la fête de Pâques, les montanistes restaient fidèles à l’observance quartodécimane, Sozomène, H. E., VII, xviii, 12-14, mais ils avaient une manière à eux de calculer l’échéance de la fête. Le texte de l’historien, assez obscur, ne nous permet d’ailleurs pas de savoir exactement comment ils s’y prenaient.

Parmi les autres particularités liturgiques des montanistes vers la fin du iv< siècle, on peut citer les solennelles initiations célébrées à Pépuze. Épiphane, Hæres., xlviii, 14 ; Filastrius, Hæres., xlix ; le baptême des morts, Filastrius, Hæres., xlix, et certaines manifestations prophétiques, que décrit ainsi saint Épiphane, Hæres.. xlix : « Souvent, dans leur assemblée, on voit entrer sept vierges portant des torches et vêtues de blanc, qui viennent prophétiser devant le peuple. Elles manifestent une sorte d’enthousiasme qui dupe les assistants et provoque leurs larmes. Elles versent des pleurs comme plongées dans les lamentations de la pénitence, et par leur attitude elles déplorent la vie des hommes. » Si cette description est exacte, nous trouvons là les derniers vestiges du prophétisme qui avait caractérisé le montanisme à ses débuts.

Ces pratiques un peu désuètes suffisaient-elles pour qu’on dût regarder les montanistes comme étrangers à la règle de foi, et soumis à la nécessité d’être baptisés quand ils rentraient dans l’Église ? Nos renseignements sur ce point sont contradictoires. Tandis que Tertullien montaniste proclamait sa fidélité à la règle de foi catholique, saint Jérôme, Epist., xli, 3, écrit : « Nous différons d’eux d’abord sur la règle de foi… ils s’attachent au dogme de Sabellius et ils resserrent la Trinité dans les limites d’une seule personne. » Saint Basile, Epist., clxxxviii, prétend qu’ils baptisent au nom du Père et du Fils et de Monta n ou de Priscille ; et Saint Épiphane, par contre déclare, Hæres., xlviii, 1, que sur le Père, le Fils et le Saint-Esprit, ils pensent comme la sainte Église catholique. Il y a là un point sur lequel il est difficile de faire la lumière. Au plus serait-on porté à croire que Montan lui-même gardait la foi orthodoxe à la Trinité, et que ses disciples tendirent de plus en plus vers le sabellianisme ou des doctrines approchantes.

Dès 398, les lois poursuivirent de leurs rigueurs les montanistes d’Orient qui pouvaient encore subsister. Elles ne les anéantirent pas cependant. Sozomène, qui écrit après 440, prétend que de son temps les montanistes sont encore une multitude, H. E., III, xxxii, 6 ; Procope, Hist. arcana, xi, 14, 21, raconte qu’en Phrygie des montanistes s’enfermèrent dans leurs propres églises, y mirent le feu et s’y brûlèrent avec elles. Jean d’Éphèse, également » ous le règne de Justinien, aurait découvert les ossements de Montan, de Maximilla et de Priscilla et les aurait brûlés ainsi que leurs temples. La dernière mention que l’on trouve de montanistes bien réels remonte au règne de Léon III l’Isaurien : d’après Théophane, celui-ci ayant voulu (en 722) contraindre les montanistes au baptême, les sectaires s’enfermèrent dans les maisons où ils célébraient leurs faux mystères, et ils s’y brûlèrent. Sans doute à cette date, les montanistes n’étaient-ils plus qu’une poignée. Leur survivance si longue n’en est pas moins remarquable.

Elle l’est même d’autant plus que l’hérésie phrygienne avait, depuis des siècles, perdu sa raison d’être. En fait, elle avait été un feu de paille, l’éclosion soudaine d’un prophétisme faux et exalté dans un coin de la Phrygie vers 172. Après un éphémère succès, elle avait été rapidement et victorieusement combattue par l’Église qui, pour mieux lutter, avait peut-être rassemblé à son occasion quelques-uns de ses plus anciens conciles. C’est en vain qu’en Occident Tertullien lui avait rendu un peu de gloire. Dès la fin du iie siècle elle avait changé de forme et perdu sa véritable physionomie. Il était impossible qu’elle la retrouvât jamais. Sa survivance jusqu’au viiie siècle constitue un phénomène intéressant, mais sans portée pour l’histoire générale de l’Église.

G. N. Bonwetsch, Gescliichte des Montanismus, Erlangen, 1881 ; W. Belok, Geschichle des Montanismus, seine Entslehungsursachen, 7.iel und Wesen, sowie Darslellung und Kritik der wichtigsten dariiber aufgeslellten Ansichten, eine religionsphilosophische Sludie, Leipzig, 1883 ; A. Hilgenfeld, Die Kelzergeschichie des Urchristentums, Leipzig, 1884 ; W. M. Ramsay, The ciliés and bishoprics of Phrygia, Oxford, 1897 ; H. Weinel, Die Wirkungen des Geistes und der Geisler im nachaposlolischen Zeitalter bis auf Irenâus, Fribourgen-B. , 1899 ; L. Zscharnack, Der Diensl der Frau in den ersten Jahrlmndeilen der christliehen Kirche, Gœttingue, 1902 ; A. d’Alès, La théologie de Tertullien, Paris, 1905 ; A. Harnack, Die Mission und Ausbreitung des Clirislentuins in den ersten drei Jahrhundcrlen, Leipzig, 4e édit., 1924 ; P. Batiffol, L’Église naissante et le catholicisme, Paris, 1909 ; P. de Labriolle, La crise montaniste, Paris, 1913 ; Les sources de l’histoire du montanisme, Paris et Fribourg-en-Suisse, 1913 ; A. Faggiotto, L’eresia dei Frigi, Rome, 1923 ; La diaspora cata/rigia, Tertullianoe la nuova profezia, Rome, 1923.

G. Hardy.

    1. MONTANO Léandre##


MONTANO Léandre, capucin, xviie siècle. — Né à Murcie, d’où son nom de Leander de Murcia, il fut ministre de la province de Castille, qualificateur de la SainteInquisition et prédicateur du roi. Fort versé dans les questions de théologie morale et de droit canonique, il a laissé une œuvre littéraire assez considérable sur cette matière. On retiendra surtout les Disquisitiones morales in / am -// 1E S. Thomæ, 2 vol. infol., Madrid, 1653 et 1660 ; des Quæsiiones selectæ regulares, Madrid, 1645 ; des Quæstiones selectæ morales. Madrid, 1646, et un certain nombre de mémoires apologétiques composés pour défendre diverses positions prises par lui ou l’ordre en général et les Annales de Bovérius en particulier. Il est aussi l’auteur d’un Commentaire sur Esther, Madrid, 1647.

Jean de Saint-Antoine, Bibliotheca univ. francise, t. ii, p. 279 sq. ; N. Antonio, Bibliotheca hispana nova, 2’édit., t. ii, p. 13 ; Wadding, Scriptores O. M., p. 161 ; Sbaralea, Supplementum, p. 485-486 ; Hurter, Nomencîator, 3e édit., t. iii, col. 1195.

É. Amann.
    1. MONTAZET (Antoine Malvin de)##


MONTAZET (Antoine Malvin de), prélat français (1713-1788), naquit au château de Quissac, près d’Agen, le 17 août 1713 ; il fut vicaire général de Fitz-.Iames à Soissons, puis aumônier du roi. Nommé à l’évêché d’Autun en 1748, il assista aux Assemblées du clergé de 1750 et de 1755, et, en 1750, il prononça le discours d’ouverture contre l’incrédulité qu’il attribue au progrès de la corruption et à l’amour de l’indépendance ; dans cette assemblée et dans celle de 1755, il défendit les immunités du clergé et s’éleva contre les empiétements du Parlement. Montazet fut nommé archevêque de Lyon à la mort de Tencin, le 2 mars 1758, et on a dit qu’il acheta ce siège par la complaisance qu’il avait mise à casser une ordonnance de l’archevêque de Paris, 8 avril 1757, contre les Hospitalières de SaintMarcel ; il fit du diocèse de Lyon la place forte du jansénisme. Entouré des opposants à la bulle Unigenitus, il fit