Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 10.2.djvu/530

Cette page n’a pas encore été corrigée
2353
2354
MONTALEMBERT


117 p. in-8°, Paris 1858, réimprimé à Bruxelles, gr. in-8°, 1859. La conséquence de cette attitude fut que Montalembert ne fut réélu au Corps législatif ni en 1857, ni en 1863.

2. Ses luttes avec les catholiques intransigeants. — Celte attitude acheva de le séparer, lui et ses fidèles, des catholiques intransigeants, presque tous ralliés à l’Empire, en particulier de Louis Veuillot. Pour répondre à l’Univers, Montalembert s’efforça de rendre chaleur et vie au Correspondant, 1855. On trouvera à l’article Libéralisme, col. 581 sq., l’histoire de ces conflits où se voient aux côtés de Montalembert, Mgr Dupanloup et « les conjurés » de la Roche-en-Brény.

3. Ses rapports avec Rome. Lors d’un voyage qu’il fit à Rome dans les derniers mois de 1850, le défenseur de la liberté de l’Église avait été reçu avec les plus grands honneurs par le pape et par les cardinaux. La municipalité lui avait même donné le titre de citoyen romain. Montalembert ne cessa pas de défendre le Saint-Siège contre les attaques, d’où qu’elles vinssent : attaques de Walewski et de lord Clarendon ; ne disposant plus de la tribune, il leur répond dans le Correspondant par le fameux article, Pie IX et lord Palmerston, loc. cit., 25 juin 1856 ; Œuvres, t. v, p. 445 : en 1859, toujours dans le Correspondant, à propos du mouvement révolutionnaire qui suivit dans les Légations la campagne franco-sarde, il donne l’article Pie IX et la France en 1849 et en 1859, 25 octobre. Œuvres, ibid., p. 605. Cet article, pour des paroles bien connues, valut à son auteur de nouvelles poursuites judiciaires. Il ne permit pas davantage à Cavour de le lier à sa cause. Donc le 12 octobre 1860, une Lettre à M. le comte de Cavour, président du conseil des ministres à Turin, parue dans le Correspondant du 25, protestait contre l’approbation cherchée par Cavour à sa politique dans la brochure, Des intérêts catholiques au XIXe siècle. Datée du 15 avril 1861, une Deuxième lettre à M. le comte de Cavour, 80 p. in-8°, Paris, 1866 et Œuvres, t. ix, p. 3, où elle est suivie de plusieurs lettres au Journal des Débats, protestera comme l’emploi fait par Cavour et dans son sens de la formule qui allait devenir fameuse : L’Église libre dans l’État libre, avancée par lui-même dans sa première Lettre. Cf. Ch. Benoist, La formule de Cavour : L’Église libre dans l’État libre, Revue des Deux-Mondes, 15 juillet 1905, p. 343-372, et, sur le sens donné par Montalembert à cette même formule, la Note explicative qu’il fit paraître au Correspondant, 1863, t. iii, p. 416, au lendemain des Discours de Malines.

Ces brochures lui avaient valu à plusieurs reprises des approbations émues de la part du souverain pontife ; Pie IX accepta que les Moines d’Occident lui fussent dédiés. Tout changea avec les Discours de Malines des 20 et 21 août 1863, qui parurent sous ce titre : L’Église libre dans l’Étal libre dans le Correspondant des 25 août et 25 septembre de la même année et à part, 189 p. in-8°, Paris, 1863. On a vu à l’article Libéralisme, col. 558 sq., comment ces Discours, où Montalembert ne s’était pas assez défié de ses adversaires et de l’éloquence, lui valurent de Rome un blâme discret, mais tout aussi douloureux pour lui. Puis ce sera l’Encyclique Quanta cura, le Syllabus où ses adversaires verront la condamnation de ses doctrines, avec une joie que combattent les explications de Dupanloup et de Ketteler. Cf. Libéralisme, col. 592 sq.

Le concile est annoncé. Un moment Montalembert espère que ses idées y triompheront. Mais il est malade et peu à peu il écoute les intransigeants, d’après lesquels le concile fermera au libéralisme toutes les issues par où il s’est échappé du Syllabus. L’infaillibilité l’effraie : « il voit la papauté devenue omnipo tente, absolue, condamnant les libertés modernes au moment même où elles renaissent en France » (l’Empire s’acheminait alors vers le régime parlementaire) « et s’exposant ainsi à perdre, comme au xvie siècle, la moitié de ce qui lui reste d’influence <>. Lecanuet, op. cit„ t. iii, p. 468. De là, des écrits plutôt regrettables, dont plusieurs ne seront pas publiés alors, il est vrai : Questions à soumettre au futur concile, inédit ; cf. Lecanuet, loc. cit., p. 435 sq. ; la brochure Espagne et liberté. que le Correspondant refusa d’insérer et qu’une indiscrétion livra à la Revue suisse, en 1870 ; la lettre Aux catholiques de Coblentz, juillet 1 869 ; la Lettre à M. Lallemand, parue le 7 mars 1869 dans la Gazette de France, où une lettre de Mgr Sibour lui dicte un mot très dur pour le pape ; sans parler de sa correspondance privée. Il ne vit ni la chute de l’Empire ni la fin du concile, puisqu’il mourut le 13 mars 1870, dans la paix de la conscience — car il avait toujours agi et parlé selon des convictions qu’il croyait orthodoxes — et dans la soumission à l’Église : il l’avait bien marquée cette soumission dans les lettres qu’il écrivait au P. Hyacinthe après sa défection ou à ce sujet, cf. Lecanuet, loc. cit., p. 449 sq., et il avait fait sienne la devise ries catholiques polonais : « Nous aimons la liberté plus que toute chose au monde, et la religion catholique plus que la liberté. » Œuvres, t. i, p. 393. Cf. Un hommage à Montalembert par le cardinal Mercier, Correspondant, 25 février 1912.

4. Derniers écrits sur la Pologne, l’Irlande. — Dans un long voyage qu’il fit en Europe pour se documenter avant de commencer ses Moines d’Occident, Montalembert vint jusqu’à la frontière de la Pologne russe ; de ce qu’il vit, de ce qu’il apprit, il composa l’émouvant article : Une nation en deuil. La Pologne en 1861, Correspondant, 25 août 1861 ; Œuvres, t. ix. p. HT. Deux ans plus tard, la Pologne s’étant soulevée, Montalembert fait appel à la pitié de la Russie et à l’intervention diplomatique, à tout le moins, de la France : L’insurrection polonaise, Correspondant du 25 février 1863 ; Œuvres, ibid., p. 173. La Pologne n’eut pour l’appuyer que la parole de Pie IX. Dans un article Le pape et la Pologne, Correspondant du 25 mai 1864 ; Œuvres, t. ix, p. 207, Montalembert proclamera « qu’il n’y a de grand en Europe que deux opprimés, le pape et le peuple polonais ».

Enfin il applaudira à La victoire du Nord aux ÉlaU-Unis, Correspondant du 25 mai 1865 ; Œuvres, ibid.. p. 297, et au Diseslablishment de l’Église anglicane en Irlande, L’Irlande et l’Autriche, Correspondant du 25 mai 1868.

5. Les moines d’Occident et la publication des Œuvres. Vers 1835, après V Histoire de sainte Elisabeth, Montalembert eut l’idée d’écrire l’histoire de saint Bernard, afin de contribuer à relever les ordres religieux. Mais il voulut le situer, pour ainsi dire, dans sa lignée et remonter jusqu’à saint Benoît. Cette introduction à la vie de saint Bernard, terminée en 1847, comprit d’abord deux volumes. Sur le conseil de Dupanloup et de Foisset, il refondit ce travail. Telle fut l’origine de son grand ouvrage : Les moines d’Occident depuis saint Benoît jusqu’à saint Bernard. Les t. i et ii, 2 in-8°, Paris, parurent en 1860 ; ils avaient pour sujet l’origine du monachisme, saint Benoît, son œuvre et les premiers développements de son œuvre qui finit par rencontrer celle de saint Colomban. Les t. iii, iv, v, 31n-8°, qui sont intitulés tous trois Conversion de l’Angleterre par les moines, parurent, le premier en 1865 et les deux autres en 1867. Cette même année il publia à part. Saint Colomba, apôtre de la Calédonie. Extrait du tome III des moines d’Occident. in-8°, Paris.

En 1860, il commencera la publication de ses Œuvn >.s, 9 in-8°, terminée en 1868 ; les Moines d’Occident n’y