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2291 MONOPHYSITE (ÉGLISE COPTE), USAGES PARTICULIERS 2292

morts. C’est ainsi que la commémoraison du jour anniversaire serait faite « parce que c’est ce jour-là que Notre-Seigneur revêt l’âme d’une robe de gloire, et que c’est le premier jour de sa pleine béatitude. » On devrait conclure de là que le purgatoire des Coptes ne dure pas plus d’un an. Mais on dit par ailleurs qu’on célèbre une commémoraison du défunt le sixième mois pour renouveler sur l’âme la miséricorde de Dieu : s ; elle est déjà entrée au jour du repos, alors le sacrifice de la messe augmente sa béatitude ; si elle est dans les peines, elle les diminue, ha Lettre de Pierre à Clément, dans son 26e paragraphe, Riedel, ibid., p. 170, enseigne une doctrine plus sûre en recommandant de se souvenir des morts en tout temps, à la célébration des saints mystères, « car cela leur est utile et les rapproche de Notre-Seigneur Jésus-Christ. » Cf. aussi le 85 « canon de saint Athanase.

De fait, dans l’Église copte, comme dans les autres Églises orientales, on prie pour les morts durant les offices liturgiques et spécialement à la messe, où leur souvenir vient deux fois. Au mémento qui suit la consécration dans la messe de saint Basile, le prêtre prie pour eux en ces termes : Mémento etiam, Domine, omnium qui dormierunt et quieverunt in sacerdotio et omni ordine laicorum. Dignare, Domine, animas corum omnium quiète donare in sinu sanctorum Abraham, Isaac et Jacob ; indue eas in locum viridem super aquas refrigerii, in paradisum voluptatis, in locum unde fugiunt dolor cordis, trislilia et suspiria, in luminc sanctorum tuorum.

Si l’on fait attention que l’Église ne prie pas publiquement pour les âmes des apostats et des pécheurs impénitents, ni pour les saints qui sont auprès de Dieu, il ressort implicitement que ses suffrages sont en faveur de cette catégorie d’âmes que nous appelons les âmes du purgatoire. Le mot purgatoire, les Coptes comme les autres Orientaux l’ignorent ; mais ils n’ignorent pas la chose. Il n’est donc pas exact de dire, comme l’ont affirmé beaucoup d’auteurs, et Vansleb tout le premier, que ces chrétiens ne croient pas au purgatoire. Voici du reste ce qu’on lit dans le catéchisme du kommos Philothée signalé plus haut, Tanvvîr al-moubtadiin fi ta’lim ad-din, édit. de 1912, p. 07 : Question : » Les âmes des défunts reçoivent-elles quelque profit des prières et des bonnes œuvres qui sont faites pour elles ? — Réponse : Certainement ; les prières de l’Église, l’oblation du saint sacrifice et les œuvres de miséricorde sont utiles aux âmes de ceux qui sont morts souillés de quelques défauts et de fautes commises par fragilité, mais non aux âmes de ceux qui ont vécu dans le vice et l’endurcissement du cœur, et sont morts sans avoir demandé pardon et fait pénitence. Cette vérité, toute l’Église du Christ, depuis les premiers siècles, l’a toujours crue, et l’Église d’Israël elle-même l’accepte dans le livre des Mâcha bées, où l’on raconte que Judas Machabée offrit un sacrifice pour les soldats défunts. »

Les justes et les pécheurs reçoivent-ils aussitôt après la mort la rétribution qu’ils méritent, ou bien la pleine rémunération se fera-t-elle seulement au jugement dernier ? Les Coptes, pas plus que les autres Orientaux, n’ont sur ce point de doctrine ferme. Ce qui est sûr, c’est que les textes liturgiques sont tout a fait favorables à la rétribution immédiate au moins pour les justes. Ils proclament que les âmes saintes ont reçu l’héritage de la vie éternelle et la couronne céleste ; que le Seigneur leur a donné les biens que l’oeil de l’homme n’a pas vus ; qu’elles voient Jésus-Christ assis sur son trône, et habitent avec Dieu dans le royaume des deux. Voir Synodus alexandrina Coptorum habita Cairi anno 1898, Rome, 1899, p. 16-47. Mais oïl trouve aussi des partisans du délai de la béatitude.

Commentant l’article du Symbole : Qui judicaturus est vivos et mortuos, Sévère d’Aschmounaïn écrit : « Il y en a qui prétendent que certains hommes vivront perpétuellement sans passer par la mort : tels sont Élie et Hénoch. Mais, s’ils vivent encore, ils devront nécessairement mourir ; et quand viendra le juge, tout ce qui sera vivant mourra de mort naturelle, puis tous revivront. Histoire des conciles, loc. cit., p. 578. Ibn Sabâ, dans la Perle précieuse, loc. cit., p. 720, paraît, au contraire, affirmer que ceux qui seront en vie au moment du second avènement ne passeront pas par la mort.

V. Discipline et coutumes particulières. — 1° Sources du droit canonique copte.

Nous les

avons énumérées plus haut, en parlant de la tradi tion patristique. Il ne nous reste plus qu’à compléter cette liste pour les sources postérieures au concile de Chalcédoine : 1. Les canons d’Épiphane de Constantinople (520-535), dont le nombre, non le contenu, varie suivant les auteurs. Abou’l Barakât en connaît 35, c’est-à-dire qu’il divise la pièce en 35 paragraphes. Riedel, p. 288-294, avec traduction allemande. Les collections canoniques portent habituellement ce titre : Canons que le patriarche de Constantinople, Épiphane, composa pour l’empereur orthodoxe Justinien. Certains manuscrits portent Athanase au lieu d’Épiphane. 2. Les canons de Sévère d’Antioche (512-518) et de Cyriaque, patriarche jacobite d’Antioche (793-813). Du premier, le canoniste Farag Allah d’Ihmin donne dans son Nomocanon les conseils adressés aux prêtres ; les canons du second sont signalés plus d’une fois par Michel de Damiette, mais on ne les possède qu’en syriaque. Cf. Rubens Duval, Littérature syriaque, Paris, 1907, p. 384. 3. Les canons temporaires, ainsi appelés parce que ce ne sont pas des dispositions permanentes comme les autres ordonnances ecclésiastiques, et qu’ils regardent seulement certaines circonstances. Le prêtre Macaire en compte 32. Riedel, p. 295. 4. Les canons des empereurs, recueil de lois portées par les empereurs byzantins ayant trait aux questions mixtes : héritages, droit matrimonial, etc., que les chrétiens de langue arabe ont mis sous le patronage du concile de Nicée. Ce sont des extraits des nomocanons grecs, des digestes, des codes de Théodose et de Justinien, des novelles et des basiliques disposés de façon à constituer un code complet du contentieux entre chrétiens. Les collections syriaques monophysites connaissent aussi ces canons. On les a rapportés au concile de Nicée, parce qu’on y trouve quelques ordonnances de Constantin publiées à l’époque du concile de Nicée. Ils sont différemment divisés suivant les collections et les manuscrits. La division la plus courante comprend quatre livres : I" livre : Les 40 titres, traduction libre des 40 tÎtXoi du rip6/eipoç v6|jloç de Basile le Macédonien (édit. C. E". Zachariæ Hcidelberg, 1837) ; II » livre : 130 canons, traduction arabe du code syrien-byzantin du v siècle, publié et traduit pai Edouard Sachau, Syrisch-rômisches Rechtsbuch, t. i, p. G7-94 ; t. ii, p. 75-114, 160, 161, 177-180 ; IIIlivre, 26 canons, une source provinciale apparentée au susdit code syrien-byzantin ; IV livre, 26 canons, identiques aux sanctioncs et décréta alia sanctorum Patrum 318 ex quatuor regum ad Constantinum libris decerpta, publiés par Hardouin, t.i.col. 505-522 : mais la numérotation des extraits est différente. 5. Les préceptes de l’Ancien Testament divisés en 52 paragraphes, recueil des lois de l’Ancien Testament valables pour les chrétiens.

Cf. Riedel, p. 52-53. 130. On trouve des recueils grecs du même génie, mais pas aussi riches, le fait que l’Église copte a adopté, dans sa législation olficiclle, un si grand nombre de prescriptions mosaïques, explique pourquoi les voyageurs ont « le tout temps observé