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    1. MONOPHYSITE (ÉGLISE COPTE)##


MONOPHYSITE (ÉGLISE COPTE), SACREMENTS

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répète la même chose. La perle précieuse, toc. cit., p. 712-713.

6° Mariologie. Culte ces saints, des images et des reliques. — Les coptes sont fort dévots envers la Mère de Dieu, et leur calendrier ne porte pas moins de trente-deux fêtes en son honneur. Ils enseignent explicitement sa perpétuelle virginité, sa maternité divine, son rôle de médiatrice, son absolue sainteté excluant tout péché personnel. Un des griefs formulés contre le réformateur Marc Ibn al-Kanbar par ses ennemis, grief sans doute dénué de fondement, était qu’il avait enseigné que tous les justes de l’Ancien et du Nouveau Testament, Marie non exceptée, étaient pécheurs. Cf. G. Graf, Ein Rejormversuch, etc., p. 130. Ils croient également à sa mort, à sa résurrection glorieuse et à son assomption au ciel en corps et en âme. Mais sur ce point, les apocryphes coptes De transitu Mariée — on en connaît six spécimens, presque tous fragmentaires — ne sont pas complètement exempts d’erreur. L’un d’entre eux, l’homélie attribuée au patriarche Théodose, enseigne explicitement que le corps de Marie resta enseveli dans le tombeau pendant 206 jours et fut réduit en poussière. Cf. Forbes Robinson, Coptic apocryphal Gospels, dans la collection Texts and studies, t. iv, n. 2, 1896, p. 44-127. L’Église copte paraît approuver cette légende en célébrant une fête de la djrmition ou mort de la Vierge, le 21 du mois de Tobi (=16 janvier du calendrier julien), distincte de la fête de la résurrection ou assomption, placée au 16 Mésori (= 9 août du calendrier julien). Entre le 21 Tobi et le 16 Mésori, il y a bien les 206 jours de la légende. Celle-ci, sans nul doute est postérieure à la controverse sur la corruptibilité du corps de Jésus-Christ entre Sévère d’Anticche et Julien d’Halicarnasse. Pour mieux affirmer la passibilité du corps du Sauveur et aussi de celui de sa mère, les sévériens ou théodosiens séparèrent la mort de Marie de sa résurrection et de son assomption par un intervalle assez long, pour que le phénomène de la décomposition du corps ait eu le temps de se produire. Cette erreur est au moins rachetée par l’affirmation explicite de la résurrection glorieuse de la Vierge, et de son entrée triomphale au ciel en corps et en âme. En cela, les apocryphes coptes diffèrent sensiblement de l’apocryphe grec : Johannis liber de dormilione Mariée et de ses diverses recensions.

Pour ce qui regarde le privilège de l’immaculéeconception, nous n’avons rien trouvé d’explicite ni dans les livres liturgiques de l’Église copte, ni dans les écrits de ses théologiens que nous avons pu consulter, mais seulement des affirmations générales de la toute-pureté et sainteté de la Mère de Dieu. Sévère d’Aschmounaïn dit, par exemple : « Le Verbe s’incarna chez celle des descendants d’Adam qui avait la plus grande pureté corporelle, qui était la plus élevée en mérite et la plus noble par la race, à savoir la vierge Marie, qu’il choisit, élut et purifia des souillures de ce monde. Aucune pensée de désobéissance OU qui tendît quelque peu au péché ne pénétra jamais dans son cœur. Ensuite, il la sanctifia en faisant descendre l’Esprit-Saint en elle, et il forma d’elle son corps, auquel il s’unit et dans lequel il voila sa divinité. Histoire des conciles, toc. cit., p. 517-518. Il est visible, d’après le contexte, que la purification dont parle Sévère ne doit pas se rapporter à une souillure d’ordre inoral et spirituel. Jean [bn Sabfl affirme également que le

Saint-Esprit descendit sur la Vierge et la purifia, sans

nous dire ce qu’il entend par cette puri lication. La

perle précieuse, loc, cit., p. 7l.’i. Dans un des Theolokia de l’Horologe copte, Marie est saluée < comme l’arche de propitiation recouverte d’or de toute part et faite

d’un bois incorruptible, qui nous annonçait Dieu le

Verbe. » Innombrables sont les passages des livres liturgiques où Marie est déclarée sans tache et toute pure. Cf. A. Mallon, Les Théolokies ou office de la sainte Vierge dans le rite copte, dans la Revue de l’Orient chrétien, 1904, t. ix, p. 17-31 ; du même, ibid., 1905, t. x, p. 182-196 : Documents de source copte sur la sainte Vierge.

Comme en témoigne le calendrier de leurs fêtes, les coptes ont le culte des anges, des saints et des reliques des saints. Ils ont aussi le culte des images. A l’exemple des grecs et sans doute sous leur influence, depuis les persécutions iconoclastes, ils n’admettent dans leurs églises que les images peintes et non les statues. Les images de la Vierge et des saints sont encensées par le prêtre, lorsqu’il se rend à l’autel pour commencer la messe. Le rituel du patriarche Gabriel contient un office particulier pour la bénédiction d’une image.

Les sacrements.

Les coptes possèdent les sept

sacrements de l’Église catholique. On en trouve les rites dans leur euchologe. Inutile de dire qu’ils n’ont jamais discuté sur le septénaire sacramentel ; qu’on chercherait en vain chez leurs théologiens des développements sur la constitution du signe sensible, le mode d’efficacité, les divers effets des sacrements, etc. Leur théologie, sur ces divers points, est restée à l’état rudimentaire. Point d’affirmation claire non plus sur le caractère indélébile imprimé par les trois sacrements de baptême, de confirmation et d’ordre, mais un enseignement implicite s’exprimant par la pratique de ne pas réitérer ces sacrements à ceux qui sont considérés comme les ayant reçus validement.

1. Le baptême.

Les théologiens coptes distinguent

clairement le baptême de Jésus-Christ du baptême de Jean au point de vue de l’efficacité. « Le baptême de Jean, dit Sévère d’Aschmounaïn, ne remettait pas les péchés de la même manière que le baptême qui fut conféré après la Résurrection par la descente du Saint-Esprit… Il ne donnait pas le Saint-Esprit, pas plus que celui qu’administraient les apôtres avant la Pentecôte, mais il conviait les hommes à la foi au Seigneur Jésus-Christ. » Histoire des conciles, loc. cit., p. 584-585. Cf. Abou’l Barakât, op. et loc. cit., p. 727.

Le rite baptismal habituellement usité est l’immersion totale, mais, en cas de nécessité ou de maladie, les canonistes prévoient l’usage de la triple infusion. Cf. Renaudot, La perpétuité de la foi catholique touchant les sacrements, ]. II, c. iv et x, édit. Migne, t. iii, col. 7 12776. Par contre, certains théologiens ont considéré comme nécessaire à la validité du sacrement la bénédiction liturgique de l’eau. Cf. H. Denzinger, Riius orientalium. Wurtzbourg, 1863, t. i p. 14. La forme est indicative, comme chez les Latins : Ego te baptizo Les mots Je te baptise sont répétés au nom de chaque personne de la Trinité.

Le prêtre seul (ou l’évêque) est le ministre du baptême, d’après les théologiens coptes. On ne saurait cependant affirmer qu’ils considèrent comme invalide le sacrement administré par un clerc inférieur, ou même un simple fidèle, en cas d’extrême nécessité. On peut déduire le contraire du cas raconté par Sévère d’Aschmounaïn dans la biographie de saint Dcnys d’Alexandrie : une mère avait baptisé ses propres enfants avec de l’eau de mer, au cours d’une tempête mettant leur vie en péril : la validité de ce baptême fut confirmé par un miracle devant saint Denys. Voir ce récit dans Renaudot, Hislor. pat. Alex., p. 56-57 ; Perpétuité de la foi, loc. cit., col. 748.

Bien que les mêmes théologiens enseignent la nécessité du baptême pour le salut à cause du péché originel, comme nous l’avons dit plus haut (cf. Renaudot, Perpétuité, t. II, c. ii, col. 728-729, 731), dans la pratique, les coptes ont la coutume de différer assez