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MONOPHYSITE (EGLISE COPTE), CROYANCES


égyptienne par certains critiques ; Riedel, op. cit., p. 18-20 ; c) les 8 livres des Constitutions apostoliques, qui sont divisées en deux parties : la première, dite Testament du Seigneur ou Didascalie, comprend le premier livre ; la seconde renferme les sept autres livres, dont Henri Tattam, Londres, 1848, et P. de Lagarde, Aegypiiaca, Gœttingue, 1883, p. 209-291, ont publié le texte copte. Chacun de ces sept livres a été publié sous une dénomination différente par des savants : ce qui n’embrouille pas peu l’histoire de ces apocryphes. Cf. Riedel, op. cit., p. 155-157. Le huitième livre de cette collection égyptienne est constitué par les 85 canons apostoliques qui, en beaucoup de manuscrits grecs, font suite au huitième livre des Constitutions apostoliques ; d) les Canons des apôtres, au nombre de 127, que les canonistes coptes considèrent comme une élaboration des sept derniers livres des Constitutions apostoliques, Riedel, p. 73, 74, 157. Ces canons sont divisés dans les collections arabes en deux livres : Le premier, de 71 canons, est tiré des livres 2-7 des Clémentines ; le second, 56 canons, n’est autre que le VIIIe livre des Clémentines signalé ci-dessus : il contient, en ses 56 canons, les 85 canons des collections grecques ; cf. Vansleb, Histoire de l’Église d’Alexandrie, Paris, 1677, p. 241-251 ; édités par J. Périer dans P. O., t. viii, p. 573-693. On trouve bien des variantes et des recensions différentes de ces canons apostoliques dans les divers manuscrits ; e) la Lettre de Pierre à son disciple Clément, appelée aussi Les canons de Clément, pape de Rome écrits par l’apôtre Pierre, chef des disciples, document qu’il ne faut confondre ni avec l’Apocalypse de Pierre en 8 livres, écrite en arabe, ni avec une autre Lettre de Pierre à Clément, conservée en arabe et en éthiopien. Cet apocryphe est postérieur à la conquête arabe. Cf. Riedel, p. 165-166, qui en donne une traduction allemande, p. 166-175. — 6° Dans les écrits des Pères orthodoxes antérieurs au concile de Chalcédoine et ceux des premiers théologiens monophysites. — 7° Dans les constitutions des patriarches coptes. — 8° Dans les livres liturgiques.

Comme les autres Églises monophysites, l’Église copte reçoit et vénère tous les noms de la patristique orthodoxe antérieurs au concile de Chalcédoine. Les œuvres de ces Pères ont été traduites pour la plupart d’abord en copte, ensuite en arabe. Les apocryphes n’y manquent pas. C’est ainsi que le pape Jules I er n’y figure que pour les lettres apocryphes fabriquées par les apollinaristes. Parmi les théologiens monophysites viennent au premier rang Dioscore, Timothée Aelure, Sévère d’Antioche, le pseudo-Denys, Théodose d’Alexandrie. Plusieurs documents dogmatiques et canoniques sont empruntés aux Pères antéchalcédoniens ou mis sous leur nom. Citons : 1° Les canons d’Hippolyte, au nombre de 38, dont Riedel, op. cit., p. 200-230, donne une traduction allemande. 2° La Confession de foi de Hiérothée, traduction allemande, dans Riedel, p. 185-186. 3° La Confession de foi de Denys l’Aéropagite, Riedel, p. 66, 139, 143, 187. 4° Les canons de saint Athanase, au nombre de 107. Ces canons ne peuvent tous remonter à l’époque de saint Athanase. Cf. Riedel, p. 230 ; Vansleb, p. 286294. 5° Le symbole dit de saint Athanase ou symbole Quicumque, qui paraît dans la collection du prêtre Macaire (fin du xive siècle). Cet auteur déclare emprunter la pièce au « livre des prêtres francs ». A propos du Saint-Esprit, il laisse subsister, dans sa traduction arabe, les mots : Qui a Pâtre Filioque procéda, en faisant remarquer que les Latins ont cette leçon, tandis que le symbole de Nicée-Constantinople n’a pas le Filioque. Cf. Renaudot, Historia patriarcharum Alex., p. 97-98. 6° Les canons de saint Basile, au nombre de 106, traduction allemande dans Riedel,

p. 231-283. 7° Les canons de saint Grégoire de Nysse, simples extraits de ses œuvres réunis par un auteur inconnu ; traduits par Riedel, p. 283-284. 8° Les canons de saint Jean Chrysostomc, soit 12 extraits de ses œuvres tirés en grande partie des six Livres sur le sacerdoce ; traduits par Riedel, p. 281-287. 9° Les canons de Timothée I" d’Alexandrie, les mêmes vraisemblablement que ceux des collections grecques. 10° Canons attribués aux docteurs de l’Église, série de 62 canons donnée par Abou’l Barakât et le prêtre Macaire.

Les constitutions des patriarches coptes et surtout les professions de foi exprimées dans leurs lettres enthronistiques, sont à consulter pour la connaissance des croyances et des usages de l’Église copte. Une autre source est constituée par les livres liturgiques, spécialement par le texte de la messe. Nous aurons à y revenir plus loin.

Ecclésiologie.

 Il ne faut point demander aux

théologiens coptes de doctrine précise et développée sur l’Église. Leurs brefs commentaires de l’article du symbole : Et in unam, sanctam, catholicam et aposlolicam Ecclesiam, sont absolument insignifiants. Ils ne conçoivent pratiquement l’Église universelle que comme une agglomération d’Églises particulières, entretenant entre elles des relations de fraternité et professant la foi orthodoxe, c’est-à-dire le monophysisme. Pour les autres points de doctrine, ils se sont montrés fort tolérants à l’égard des syriens jacobites ou des arméniens, comme nous l’avons fait remarquer plus haut.

On trouve cependant dans leurs écrits, spécialement dans leurs collections canoniques, une vague ébauche d’une sorte de tétrarchie ecclésiastique, à laquelle se superpose la croyance traditionnelle à la primauté de saint Pierre et de son successeur, l’évêque de Rome. Ils reconnaissent en effet, conformément au 37e canon arabe de Nicée, quatre patriarcats proprement dits ou œcuméniques : celui de Rome, le premier de tous, celui d’Alexandrie, celui d’Éphèse (devenu ensuite celui de Constantinople) et celui d’Antioche. Jean Ibn Sabâ écrit, à ce propos, dans sa Perle précieuse : « Au patriarche [considéré comme degré de la hiérarchie ] est accordé un trône, qui réunit sous sa juridiction le quart de la terre. Il y a, en effet, quatre trônes correspondant au nombre des évangélistes. Comme il ne peut pas y avoir plus de quatre évangélistes, il ne peut pas y avoir davantage plus de quatre patriarches. » La perle précieuse, édit. J. Périer, loc. cit., p. 664. En théorie donc, chacun des quatre patriarches doit avoir sous sa juridiction le quart de la terre. Cela suggère l’idée d’une parfaite égalité entre eux. Cependant la primauté.de saint Pierre et de son successeur, l’évêque de Rome, est expressément reconnue dans de nombreux textes. Ce qu’on ne reconnaît pas, c’est l’infaillibilité de l’évêque de Rome : Léon est tombé dans le nestorianisme.

Pierre est constamment appelé chef des apôtres, et cela en vertu de l’institution divine. Dans une homélie attribuée à saint Basile, qui se lit le jour de la dédicace de l’oratoire de la Vierge, à Césaréede Philippe, on lit le passage suivant : « Notre-Seigneur ordonna saint Pierre pour être chef des apôtres, lui imposant les mains et le faisant àpyj.sçeùç sur le monde entier, sur tous les disciples et tous les fidèles ; et lorsque Notre-Seigneur imposa ses mains sur la tête de cet apôtre, on entendit dans l’air une voix qui dit par trois fois : "A£ !.<"-ç : il mérite d’être le chef de tout l’ordre de Melchisédech. » Vansleb, op. cit., p. 2. On lit aussi dans Abou’l Barakàt : < Les apôtres donnèrent à saint Pierre la bande qui était autour de la tête de Notre-Seigneur pendant qu’il reposait dans