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MONOPHYSITE (ÉGLISE COPTE), LITTÉRATURE THÉOLOGIQUE

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nase, canons de saint Basile ; 4° traductions des Actes des conciles de Nicée et d’Éphèse, également avec beaucoup d’interpolations.

En dehors de ces traductions, la littérature copte présente bien peu d’oeuvres originales, et encore parmi celles-ci plusieurs sont apocryphes. Quand on a nommé les règles monastiques, les discours et lettres de Chenoudi, mort avant le schisme, en 451 ; les légendes du monachisme égyptien, une Histoire ecclésiastique dont on ignore le point de départ et qui se poursuit jusqu’au rétablissement de Timothée Aelure sur le siège d’Alexandrie, histoire pleine de larcins faits à Eusèbe de Césarée et probablement écrite d’abord en grec ; la Chronique de Jean, évêque de Nikiou, aux erreurs historiques invraisemblables ; le panégyrique de Macaire de Tkôou par Dioscore, que certains savants déclarent apocryphe et d’autres, authentique, mais d’abord écrit en grec ; un sermon apocryphe du patriarche Théodose sur l’assomption ; un discours sur les noces de Cana par le patriarche Benjamin ; quelques autres rares homélies d’évêques égyptiens, on a à peu près tout dit. Il faut y joindre le contenu des livres liturgiques, en remarquant qu’une bonne partie n’est qu’une traduction du grec.

La littérature copto-arabe.

Plus importante

et plus originale est la littérature ecclésiastique copte écrite en langue arabe. La langue copte, en effet, qui était encore parlée au ixe siècle (cf. Renaudot, Historia patriarcharum, p. 290), fut bientôt supplantée dans le domaine littéraire par la langue des vainqueurs. A partir du xe siècle, les théologiens coptes n’écrivent plus guère qu’en arabe. Depuis le xvi » siècle, le peuple ne parle plus le dialecte des ancêtres, et le clergé le comprend à peine dans les livres liturgiques, qui, pour ce motif, portent habituellement en regard une traduction arabe.

Au x° siècle, un écrivain fécond et remarquable ouvre brillamment la littérature copto-arabe par une série d’ouvrages dogmatico-polémiques, ascétiques, liturgiques et historiques. Il se nomme Sévère Abou’l Baschr Ibn al-Mouqaffà, évêque de la ville d’Aschmounaïn, à partir de 987. Il a été surtout connu jusqu’ici par son Histoire des patriarches d’Alexandrie, que Renaudot a mise à contribution dans son ouvrage du même titre. Cette Histoire va des origines jusqu’à Philothée, 63e patriarche (976999). Pour les premiers siècles, Sévère utilise Eusèbe de Césarée et l’Histoire ecclésiastique en copte dont nous avons parlé plus haut. A partir du viie siècle, il résume les biographies écrites par Georges, archidiacre et syncelle du patriarche Benjamin (f G48) et par le diacre Jean, qui vivait sous le patriarche Michel I er († 752). Il a eu un premier continuateur en la personne de Michel, évêque de Tanis, qui a poussé l’histoire jusqu’en 1243. Un auteur plus récent a donné des notices biographiques jusqu’à 1740. La simple liste des ouvrages dogmatiques et polémiques de Sévère fait vivement souhaiter leur publication, qui a été jusqu’ici a peine amorcée dans la Patrologia orientalis de Graffin-Nau : Mgr Chébli a édité la lié filiation de Saïd Ibn Safn’ç (=Eutychius, patriarche melkite d’Alexandrie) dans le t. m de cette collection, p. 121-212, et L. Leroy, l’Histoire des conciles, t. vi, p. 407-600. Voir cette liste dans Renaudot, Historia pulriurch. Alexand., p. 368, où nous relevons les titres suivants : De Pasehate simul et cucharistta ; Aduersus Judseos et Molazalios ; De Dei unitate : Advenus nestorianos <’.unira’fatum ; De st<itu animarum ; De statu ! infantium tant christianorum quam inftdeltum ; De différent ils schlsmatum seu de hæresibus ; Explicatio mysterli incarnattonls ; Commentarius in Evangelia ; Instruit in de confessione peecatorum ; Explicatio fundamentorum christtanæ fi< ! ci, etc. De’llisioirc des

patriarches, B. Evetts a donné une bonne édition avec traduction anglaise dans la P. 0., 1. 1, p. 99-214, 381518 ; t. v, p. 1-215 ; t. x, p. 357-552 qusqu’à l’année 849) ; le texte arabe du même ouvrage a été édité par Seybold, dans le Corpus scriptorum christianorum orientalium de Chabot-Hvvernat : Scriplores arabici. Textus : ser. III, t. ix (1904 et 1910).

Au xie siècle, apparaissent deux patriarches réformateurs, qui enrichissent le droit canon copte de nouvelles constitutions : Ce sont : Christodule, 66e patriarche (1047-1077) et son successeur Cyrille II (1078-1092) (cf. Renaudot, Histor. patriarcharum Alexand.. p. 420-424, 460), tandis qu’Abou Solh Ibn Bànà publie une collection canonique.

Au xiie siècle, encore deux patriarches, auteurs de nouveaux canons : Macaire II, 69e patriarche (11031129), et Gabriel Ibn Tarik (1132-1145). Cf. Renaudot, op. cit., p. 496-499, 511-513. Sur la fin de ce siècle, une controverse importante éclata entre Michel, métropolite deDamiette, et le prêtre Marc Ibn al-Kanbar sur la nécessité de la confession sacramentelle. Celuici essaya de faire disparaître plusieurs abus dont souffrait l’Église copte. Il voulut, en particulier, rétablir l’usage de la confession secrète à un prêtre avant la communion, confession que la plupart des Coptes avaient fini par remplacer par la confession à Dieu seul, au moment de l’encensement de l’autel et des fidèles par le célébrant durant la messe. Michel de Damiette prit la défense des usages coptes en deux écrits, qui nous sont parvenus, et dont Georges Graf a publié récemment une traduction allemande : Ein Reformversuch innerhalb der koptischen Kirche im zwôlften Iahrhundert, Paderborn, 1923, p. 147-192. Le premier de ces écrits est intitulé : Les usages par lesquels les Coptes orthodoxes se distinguent de tous les croyants et des hérétiques hétérodoxes. L’autre est une Lettre à Marc Ibn al-Kanbar. Nous aurons à reparler plus loin de cette controverse. Michel de Damiette ne s’est pas seulement distingué comme controversiste. On lui doit encore un Nomocanon divisé en 72 sections, dont voici quelques titres : Hiérarchie ; Eglise et administration ecclésiastique ; La sainte Écriture ; Élection, consécration et vie du haut et du bas clergé ; Le service divin ; L’état monastique ; La vie des laïcs ; Le baptême ; L’eucharistie ; Les jeûnes ; Les fêtes ; Soin des malades et des pauvres ; Relations avec les infidèles et les hétérodoxes ; Idolâtrie et magie, etc. C’est aussi au xiie siècle, vraisemblablement, qu’a vécu un certain Paul de Ragà, auteur du Livre de la confession des Pères, sorte de chaîne dogmatique ayant pour but d’établir la vérité du monophysisme.

A la même époque appartient Pierre, évêque de Malîg, premier compilateur du Synaxaire ou martyrologe copte, revisé au xv » siècle par un de ses successeurs sur le siège de Malîg, du nom de Michel, et adopté par l’Église syrienne jacobite. Le même auteur a composé le Livre des sectes (Kitab al-Firaq), ouvrage polémique de la fin du xii c siècle ou du début du xiii, dirigé contre les innovations des nielkites, dis francs (= des latins), des arméniens, des syiiens et des nestoriens. Les innovations relevées par le théologien copte n’ont, en général, rien de dogmatique, mais consistent presque toutes en de puériles divergences de rites ou de coutumes. Qu’on en juge par la liste « des innovations des Francs » : « La première est leur croyance en deux natures, deux substances ( = hypostases. parce qu’on croit les Latins nestoriens), deux opérations et deux volontés, comme les niellâtes. La seconde innovation est

leur addition au symbole desl50 Pères du mot Ftlioque.

La troisième regarde le baptême : elle est quadruple : 1° ils ne mettent pas de chrême dans les fonts