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MONOPHYSITE (EGLISE COPTE), ORGANISATION


d’histoire et de géographie ecclésiastiques, t.n, col. 359361.

Notons qu’à partir du patriarche Christodule (1044-1075), les patriarches coptes prirent l’habitude de résider à Babylone-Fostàt (aujourd’hui le Vieux-Caire). Mais ils continuèrent à prendre officiellement possession de leur siège à Alexandrie.

3° Période turque (1517-1798). — Sous la domination turque, la condition des coptes et des autres chrétiens d’Egypte ne se modifia pas sensiblement. Ce furent les mêmes procédés de gouvernement, le même arbitraire, les mêmes vexations. Loin de se relever et de se réformer, l’Église copte continua à vivoter misérablement. A la fin de cette période, elle ne comptait guère plus de 100 000 fidèles. Son histoire, du reste, depuis le xvie siècle, est encore plus mal connue que l’histoire de la période précédente, et c’est avec peine qu’on arrive à dresser la liste des patriarches depuis la fin du xvii 8 siècle. C’est que, durant tout ce temps, la vie intellectuelle est à peu près éteinte parmi ces pauvres chrétiens courbés sous le joug d’une servitude déprimante. Les communications avec les chrétiens d’Occident deviennent plus fréquentes, et des tentatives d’union s’ébauchent de temps en temps, mais sans résultat sérieux. Une première tentative est signalée sous le patriarche Gabriel VII (1525-1568), auprès duquel le pape Pie IV délégua en 1561, les deux jésuites Christophe Rodriguez et Jean-Baptiste Eliano. Les pourparlers furent repris en 1582, sous le patriarche Jean XIV (15741589), puis sous son successeur Gabriel VIII (15901610) qui, en 1594, écrivit au pape Clément VIII des lettres de soumission. Les patriarches Jean XV et Matthieu III renouvelèrent le même geste auprès d’Urbain VIII. Mais le tout se réduisit à de bonnes paroles. Non moins infructueux furent les efforts des missionnaires catholiques, franciscains, récollets et jésuites, à partir de la fin du xviie siècle et pendant tout le xviii 6 siècle, pour amener les coptes à l’union avec Rome. Ils ne firent qu’un nombre infime de prosélytes, et encore à persévérer jusqu’à la fin, il n’y eut guère que quelques sujets d’élite élevés à la Propagande romaine et ayant vécu hors de leur pays natal. En 1741, Benoît XIV créa cependant un vicariat apostolique pour les coptes catholiques, dont le premier titulaire fut Amba Athanasios, évêque copte de Jérusalem converti au catholicisme. Ce fut comme la pierre de fondation de l’Église catholique de rite copte, qui a commencé à se développer sur la fin du xixe siècle. Cf. J. Faivre, art. cité, col. 361-363 ; G. Levenq, La mission in ad.iutorium coptorum, dans les Échos d’Orient, 1912, t. xv, p. 405-411.

4° Période égyptienne (1798 à nos jours). — Le court passage des Français en Egypte (1798-1801) marqua pour les chrétiens d’Egypte la fin du régime tyrannique, auquel ils étaient soumis depuis onze siècles et le commencement de la liberté. Méhémet Ali, en effet, qui gouverna l’Egypte de 1805 à 1849, accorda à ses sujets chrétiens pleine liberté de conscience et fit appel à leur concours pour l’œuvre de civilisation qu’il avait entreprise. Les coptes ont profité de ce régime libéral pour se développer dans leurs cadres traditionnels. Depuis cette époque, leur nombre n’a cessé d’augmenter. De 100 000 environ qu’ils étaient en 1820, ils ont passé à 150 000 en 1830, à 217 000 en 1855, à 592 000 en 1897, à 667 000 en 1909.

Mais la liberté a aussi ses inconvénients. Elle à donné naissance à des divisions intestines, dont nous dirons un mot tout à l’heure. Elle a ouvert la porte aux missionnaires catholiques et protestants, qui ont commencé à entamer sérieusement le troupeau monophysite. Les missions protestantes, abondamment

pourvues de ressources matérielles, ont fait de sérieux progrès, surtout depuis l’occupation anglaise. Le recensement de 1909 donnait 24 710 Coptes protestants. Il doit y en avoir 30 000 environ à l’heure actuelle. Quant aux coptes catholiques, leur nombre augmente aussi, depuis que Léon XIII les a constitués en Église indépendante des missionnaires latins, et a établi le patriarcat d’Alexandrie de rite copte (1899). On en comptait 14 576 en 1909. Ils sont aujourd’hui, dit-on, 25 000.

IL Organisation ecclésiastique et état présent. — Nous n’avons pas à parler ici de l’organisation ecclésiastique du patriarcat d’Alexandrie, avant le schisme monophysite et la conquête arabe. La question a été traitée à l’article Alexandrie (Église d’), t. I er, col. 788 sq. Sur cette organisation, les historiens ne s’entendent pas complètement entre eux, surtout pour ce qui regarde l’existence de véritables sièges métropolitains. Nous n’avons pas à examiner non plus la question si discutée de l’élection et de l’ordination des premiers évêques d’Alexandrie. Voir sur ce point l’article Alexandrie (Élection du patriarche) dans le Dictionnaire d’archéologie et de liturgie, 1. 1°, col. 1204-1210. Voir aussi sur l’organisation ecclésiastique durant les six premiers siècles, l’article Alexandrie, du Dictionnaire d’histoire et de géographie ecclésiastiques, t. ii, col. 335-338, où l’on trouvera une liste des patriarches coptes depuis Dioscore, col. 365-368. Disons, à propos de cette liste, que rien n’est plus difficile à établir que la chronologie de chaque patriarcat. Plusieurs savants s’en sont occupés en ces derniers temps. Voir surtout Gutschmid, Verzeichniss der Patriarchen von Alexandrien (Kleine Schriften, t. n), Leipzig, 1890 ; Grébaut, Liste et chronologie des patriarches, dans la Revue de l’Orient chrétien, t. xvii, p. 212-216, 302-305 ; t. xviii, p. 92-96 ; E. Tisserant et G. Wiet, Le catalogue patriarcal d’Abou’l-Barakat Ibn Koubr, donné en appendice à l’ouvrage de J. Maspéro, Histoire des patriarches d’Alexandrie, p. 359-381, avec nombreuses notes et références aux travaux les plus récents. Marius Chaine, La chronologie des temps chrétiens de l’Egypte et de l’Ethiopie, Paris 1925, p. 250254.

En traitant de l’organisation ecclésiastique de l’Église copte à partir de la conquête arabe, il faut se garder de confondre cette organisation avec celle du patriarcat melkite alexandrin, qui a coexisté avec l’Église monophysite. Bien des auteurs anciens et modernes ont fait cette confusion, surtout pour ce qui regarde le nombre, les noms, la circonscription des diocèses. Aux vie et viie siècles, l’Église melkite avait établi une hiérarchie comprenant neuf provinces ecclésiastiques, ayant chacune à leur tête un métropolitain, avec un total de 81 évêchés. Au Xe siècle, le patriarche historien Eutychius compte encore cinq métropoles. Mais ces cadres magnifiques n’ont guère existé que sur le papier. Quant à l’Église copte proprement dite, elle a gardé l’organisation des premiers siècles et a toujours ignoré le groupement en métropoles. Le titre même de métropolite, titre purement honorifique, ne paraît pas avant le xiie siècle. C’est d’abord l’évêque de Damiette qui le porte. On l’a donné ensuite à l’évêque de Jérusalem, dont le siège n’est pas antérieur au début du xme siècle. Si l’on y ajoute l’abouna d’Abyssinie, qualifié aussi, et à meilleur titre que les autres, de métropolitain, cela fait en tout trois métropolites. C’étaient les seuls qui existaient au xviie siècle, à l’époque où le P. Vansleb fit son voyage d’Egypte (1673). De nos jours, six évêques, en dehors de l’évêque d’Abyssinie, portent ce titre, qui reste toujours purement honorifique. Aucun, pas même l’abouna d’Abyssinie, n’a de suffragants. A certaines époques pourtant, l’évê-