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MONARCHIANISME — MONELIA ANTOINE


Harnack des survivances monarchiennes dans l’Occident de la fin du rv » et du ve siècle, sont si ténues qu’on ne saurait les retenir. Optât de Milève, De sclusm. donat., i, 9, comme saint Augustin, Epist., cxviii, ad Dioscur., ii, 12, ne parlent point de Sabellius sinon pour dire que son nom est oublié et que son erreur a disparu : est-il juste de faire appel à ces témoignages pour prétendre que le monarchianisme restait à l’ordre du jour ? Il est vrai qu’un passage curieux des Confessions de saint Augustin témoigne de l’ignorance dans laquelle bien des fidèles à la fin du ive siècle se trouvaient par rapport aux problèmes christologiques : Alypius, son ami, regardait l’apollinarisme comme la foi orthodoxe, et lui-même se laissait tromper par les erreurs de Photin, Confes., VII, xix. Il n’y a là que l’aveu d’une instruction insuffisante : on ne peut rien en conclure contxe l’enseignement de l'Église.

C’est dans le même esprit qu’il faut apprécier les textes duDe monlibus Sina et Sion, de Commodien, des Acla Archelaï., Ces textes ne sont pas faciles à interpréter, et de fort bons critiques les ont entendus dans un sens orthodoxe. Alors même qu’ils révéleraient des tendances monarchiennes, on ne devrait pas croire que le monarchianisme gardait droit de cité dans l'Église. Des expressions insuffisantes ont pu échapper à quelques auteurs : il ne s’ensuit pas que la doctrine officielle s’est corrompue. Serons-nous d’ailleurs nous-mêmes accusés de monarchianisme toutes les fois que nous employons le nom de Dieu en parlant de Notre-Seigneur ? Puisque nous croyons, avec toute l'Église, à la divinité de Jésus, nous avons sans doute le droit de l’appeler Dieu, sans être obligés aussitôt d’ajouter qu’il est personnellement distinct du Père. On trouverait vraisemblablement des expressions monarchiennes chez les meilleurs auteurs, si l’on ne tenait pas compte du contexte et aussi de la foi catholique qui reste la norme selon laquelle ils demandent à être jugés.

On voit dès lors ce qu’il faut penser de la théorie de A. Harnack, et pourquoi nous pouvons regarder le monarchianisme modaliste comme une hérésie propre à la fin du IIe siècle et à la première moitié du iiie. C’est à cette époque seulement que l’erreur trouve son expression technique, s’organise en écoles, recrute des disciples nombreux. Si, plus tôt et plus tard, les formules insuffisamment précises ne sont pas entièrement absentes des écrits orthodoxes, et c’est le cas surtout pour des écrits populaires, tels que certains Actes apocryphes des Apôtres, ce peut être à la fois par ignorance de la part de leurs auteurs, ou par difficulté de la part du sujet lui-même. Le monarchianisme n’a expressément rien à y voir.

J. Dôlltnger, Hippolytus und Callistus, oder die rômische Kirche in der ersten Halfte des 3. Jahrhunderls, Ratisbonne, 1853 ; H. Hagemann, Die rômische Kirche und ihr Einfluss auf Diziplin und Dogma in den ersten drei Jahrhunderten, Fribourg-en-B., 1864 ; P. Corssen, Monarchianische Prologe zu den vier Evangelien, Leipzig, 1896 ; A. Harnack, art. Monarehianismus, dans Prol. Realencyclopdàie, 3e édit., t. xiii, 1903, p. 303-336 ; A. Harnack, Altchristliche Literatur : Die Chronologie, t. ii, Leipzig, 1904, p. 201-256 ; A. d’Alès, La théologie de saint Hippolyle, Paris, 1906 ; K. J. Neumann, Hippolytus von Rom in seiner Stellung zu Slaal und Welt, Leipzig, 1902 ; Anonyme, Der Monarehianismus and die rômische Kirche im dritlen Jahrhundert, dans Der Kalholik, t. xxxii, 1905, p. 1-15 ; 113128 ; 182-201 ; 266-282 ; J. Drâseke, Noelos und die Noetianer in der Hippolytos Refutatio, dans Zeitschrifl (ùr wissenschaflliche Théologie, 1903, t. xlvi, p. 213-232 ; G. Esser, Wer war Praxeas ? Bonn, 1910 ; J. Lebreton, Le désaccord de la foi populaire et de la théologie savante dans l'Église chrétienne du IIP siècle, dans Revue d’histoi.e ecclésiastique, t. xix, 1923, p. 481-506 ; t. xx, 1924, p. 5-37 ; A. Donini, lppolito di Roma, Rome, 1925.

G. Bardy.

MONCADA Y BELLUGA (Louis-Antoine

de) évêque de Murcie, puis cardinal de curie (16621743). — Né à Motril (Andalousie), le 30 nov. 1662, de la très illustre famille des Moncada, l’une des plus considérées d’Espagne, il fit ses premières études de philosophie et de théologie d’abord à Grenade, puis à Séville, où il prit le bonnet de docteur en 1686 ; chanoine de Zamora en 1687, puis de Cordoue, en 1689, il s'était fait remarquer par sa piété et son zèle, et avait fondé dans cette dernière ville un oratoire de saint Philippe de Néri. Nommé par Philippe V, en 1704, à l'évêché de Carthagène-Murcie, il en prit possession en mars 1705, et soutint ardemment la cause de Philippe V, non seulement par la plume, mais par l’action militaire ; aussi fut-il nommé par le souverain vice-roi de Valence et capitaine général des troupes de Murcie en 1706. Après la paix il se consacra avec beaucoup de dévouement au bien spirituel et temporel de ses diocésains. Créé cardinal par Clément XI le 24 nov. 1719, il se démit de son évèché en 1724, et vint séjourner définitivement à Rome où il mourut le 22 février 1743.

Il laissait la réputation d’un homme savant, d’un zélé défenseur des droits de l'Église et du Saint-Siège. On trouvera, dans Moréri et dans Richard et Giraud, une liste très complète de ses travaux latins ou espagnols tant imprimés que manuscrits. Retenons seulement, comme intéressant directement la théologie : Disertacion dogmatica por los deiechos de la santa Sede apostolica è immunidad ecclesiasticas ; Mémorial à la santitad de Inocencion XIII, de felix recordacion, para obtenir la bulla Apostolici ministerii sobre la disciplina ecclesiastica ; Mémorial sobre la declaracion del misterio de la conception de Maria ; Epistola dogmatica ad Armenos, Jacobilas, Coptos et alios schismaticos ; Approbatio et elucidatio tractatus De vita abscondita em. card. Cienfuegos (cf. ici, t. ii, col. 2512). Bien plus alléchants sont les titres des ouvrages laissés en ms. qui roulent sur la défense des droits du SaintSiège, l’infaillibilité personnelle du pape, l’authenticité des décrétâtes pontificales antérieures à saint Sirice, le nombre des prédestinés, etc.

Moréri, Le grand Dictionnaire, édit., de 1759, t. vii, p. 620 sq. ; Richard et Giraud, Bibliothèque sacrée, t. xvii, p. 138-144 : ces deux répertoires utilisent le même document ; Hurter, Nomenclator, 3e édit., t. iv, col. 1616, note.

É. Amann.
    1. MONELIA (Antoine de)##


1. MONELIA (Antoine de), frère mineur de l’observance, ainsi appelé de la petite ville de Moneglia (Ligurie), sa patrie, vivait au début du xvie siècle. Le cardinal Bona le cite comme un des grands écrivains spirituels ; il a laissé en effet un volumineux traité, intitulé : Sursum corda, qui se donne comme un commentaire de la Théologie mystique du pseudo-Aréopagite ; deux parties, 1. 1. Directorium inflammandi mentem in abyssum divini luminis per sacrarum Scripturarum sensus reseratos et ad unguem materise applicatos, in-4°, Bologne, 1522 ; t. ii, Trophseum Isræliticum triregium mysf’cam vitiorum stragem significans, in-4°, Bologne, 15-9. Des sermones de mortuis sont demeurés inédits.

J. Bona, Via compendii ad Deum, c. iv, dans Opéra, Anvers, 1694, p. 68, écrit de lui : Anlonius Monelia O. M., vir magnus inter myslicos, sed fere incognilus ; Jean-deSaint-Antoine, Bibliolh. univ. francise, t. i, p. 119 ; Sbaralea, Supplementum ad scriptores O. S. F., p. 84 ; Hurter, Nomenclator, 3e édit., t. ii, col. 1359.

É. Amann.
    1. MONELIA (Antoine de)##


2. MONELIA (Antoine de), frère mineur, xvie siècle. — Monelianus est le surnom d’Antoine Paglietlino, (Palietinus) natif lui aussi de Moneglia. D’abord procureur général de l’ordre en cour de Rome, comme le dit Paul Britius, Seraphica subalpinœ