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MESSE DANS LA LITURGIE, LA MESSE GALLICANE


Divinæ pacis, et le Dicamus omnes. Elles sont données l’une et l’autre par Mgr Duchesne dans son chapitre sur la messe gallicane (5e éd., p. 210 et 211) ; aussi nous contenterons-nous d’y renvoyer. Du reste elles présentent les plus grandes analogies avec celles des Constitutions apostoliques que nous avons citées, avec la Deprecatio sancti Martini du Missel de Stowe et la Deprecatio pro universali Ecclesia que de bons juges, malgré l’opinion de Duchesne, continuent à attribuer au pape Gélase (492-496). Cf. Duchesne, op. cit., p. 221, n. 2, et dom Wilmart, art. cité, col. 1076 ; cf. aussi art. Litanies du Diction, d’archéol.

Avec la prière diaconale, la messe des catéchumènes est décidément terminée et le diacre les renvoie. La formule n’est pas donnée ici, mais on en trouve une équivalente au rituel milanais : Si quis catechumenus procédât, si quis judeeus procédât, si quis paganus procédai, si quis hæreticus procédai, cujus cura non est procédai. Saint Grégoire nous rappelle encore la formule : Si quis non communicet det locum, et le Pontifical jusqu’aujourd’hui contient à l’ordination des exorcistes cette curieuse formule : Exorcistam oporlet… dicere populo ut qui non communicat det locum. Le Pseudo-Germain rappelle à ce propos les termes énergiques de l'évangile : nolite dare sanctum canibus neque miltatis margarilas ante porcos.

Toutes ces précautions nous prouvent l’importance de l’action qui se prépare, et de nouveaux avertissements du diacre réveilleront l’attention et le respect des fidèles. La formule était silenlium facile, ou pacem habele, comme au rit milanais ; le Pseudo-Germain qui souvent commente ou interprète le rite, nous dit que l’on fait le signe le croix sur les yeux, les oreilles, la bouche ut hoc solum cor intendat, ut in se Christum suscipiat.

La messe des fidèles.

L’offrande du pain et

du vin en Gaule comme ailleurs était faite par les fidèles. Ce que nous devons remarquer ici et ce qui est propre, dans une certaine mesure, à la messe gallicane, ce sont les honneurs dont on entoure les « oblats » c’est-à-dire les éléments qui seront consacrés. Des coutumes analogues existaient dans les liturgies orientales, et l’on est tenté de retrouver ici encore l’influence byzantine. Duchesne, op. cit., p. 216, dom Wilmart, art. cité, col. 1080. On est même surpris de voir le Pseudo-Germain désigner, par prolepse, ces éléments en ces termes : Procedente ad altarium corpore Christi, præclara Christi magnolia dulci melodia psallit Ecclesia. P. L., t. lxxii, col. 93. Grégoire de Tours s’exprime en termes analogues, quand il nous dit que le muslerium dominici corporis était contenu dans des vases en forme de tours, tours en bois, parfois revêtues d’or. Glor. mart., 86 ; Hist. Franc, X, xxxi, 13, P. L., t. lxxi, col. 781, 569. Le vin à consacrer est apporté dans un calice, sanguis Christi… offertur in calice. L’eau est ajoutée au viii, comme dans tous les autres rits. Une patène recevait le pain. Il est fait allusion aussi aux voiles qui recouvrent les oblats, un premier voile, palla, de lin ou de laine, un second voile de pur fin qui supporte les oblats, corporalis palla ; enfin un tissu précieux de soie et d’or, orné de pierreries couvrira l’oblation. Quoique l’on rencontre ailleurs des rites analogues, quelquesuns de ceux que nous venons de décrire semblent propres aux Églises gallicanes. Ils nous disent en tout cas de quels soins et de quel respect sont entourés les éléments, même avant la consécration. Pour le détail et la comparaison avec les autres rits, cf. dom Wilmart, op. cit., col. 1081 sq.

Le sonum quando procedit oblatio désigne un cantique particulier, analogue au Cheroubicon des Grecs. Quand les oblats sont placés sur l’autel le chœur chante les Laudes, triple alléluia. Duchesne donne

comme équivalent de ce chant les Laudes de Noël au mozarabe : Alléluia. Redemplionem misil Dominus populo suo ; mandavit in mternum testamentum suum ; sanctum et terri bile nomen ejus, alléluia. Ces chants sonum et laudes répondent à peu près au psaume d’offertoire usité à Rome et à Milan.

Ici se place la lecture des diptyques, comme dans la plupart des liturgies, mais nous n’avons pas de renseignements particuliers sur ce rite dans les Églises gallicanes. Les noms des morts pour lesquels on offrait le sacrifice, des vivants qui offraient les oblations et d’autres personnages, étaient lus à ce moment. Ce rite a son importance au point de vue théologique, parce que l’inscription aux diptyques est un signe que l’on était en communion avec ceux dont le nom est lu. On biffait celui des hérétiques ; cette pratique donna lieu souvent à d’aigres controverses ; enfin le nom du pape était d’ordinaire à la place d’honneur. Cf. art. Diptyques dans Diction, d’archéol. Nous donnons comme type la formule suivante d’après Duchesne, Origines du culte, p. 221 : Ofjerunt Deo domino oblalionem sacerdotes nostri (il s’agit des évêques d’Espagne), papa Romensis et reliqui, pro se et pro omni clero ac plebibus Ecclesiee sibimet consignalis vel pro universa f rater ni tate… Item pro spiritibus pausantium, Hilarii, Athanasii, etc. Cette lecture est suivie, dans les rits gallican et mozarabe, d’une oraison : Collectio post nomina. Les nombreuses formules conservées dans ces livres seraient à étudier de près, car il y est fait souvent allusion aux effets du sacrifice de la messe. Voir art. Mozarabe (liturgie). L’ensemble de ce rite des diptyques a, du reste, un grand intérêt, car il est une preuve de la foi à l’intercession de l'Église, à l’efficacité du sacrifice et à l’union de tous les fidèles dans l'Église sur la terre et avec les saints du ciel.

Le baiser de paix qui suit est aussi accompagné d’une oraison, collectio ad pacem. Dans les livres gallicans et mozarabes celle-ci varie avec toutes les fêtes, comme la précédente. C’est une riche collection de textes souvent expressifs et dont nous nous contenterons de citer un exemple. C’est la collectio ad pacem, de l’Assomption de la sainte Vierge célébrée chez les gallicans en janvier. Elle est tirée du Missale gothicum, P. L., t. lxxii, col. 245 :

Deus universalis machinæ propagator, qui in sanctis spiritaliter, in matre vero virgine etiam corporaliter habitasti ; quæ ditata tuse plenitudinis ubertate, mansuetudine florens, caritate vigens, pace gaudens, pietate præcellens, ab angelo gratia plena, ab Elisabeth benedicta, a gentibus merito prædicatur beata ; cujus nobis fldes mysterium, partus gaudium, vita protectum, discessus attulit hoc festivum ; precamur supplices, ut pacem quæ in adsumptione Matris tune prasbuisti discipulis, solenni nuper (sans doute sollempniter) largiaris in cunctis, salvator mundi, qui cum Pâtre.

On sait que, sur la place des diptyques et du baiser de paix, la liturgie romaine présente des différences assez importantes avec les liturgies gallicanes et mozarabes, dont les rites sur ce point se rapprochent davantage de ceux de Constantinople. Mais on a vu par ce qui précède que ces emprunts sont souvent assez tardifs. Cf. notre article Baiser de paix du Diction, d’archéol.

La collectio ad pacem est suivie dans les livres gallicans d’une prière plus importante encore et qui dans ces livres est appelée d’ordinaire Conlestatio ou Immolatio ; elle correspond à la préface romaine et débute par le Sursum corda et la réponse Habemus ad Dominum. Le prélude est aussi le même : Vere dignum et justum est. Mais les conlestaliones gallicanes, comme les immolationes mozarabes ont des caractères très différents des préfaces romaines. C’est, si l’on peut dire, un fruit du terroir. Le génie gallo-romain du