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MOGHILA — MOLANUS GERHARD


sion orthodoxe de Pierre Moghila, métropolite de Kiev (1633-1646). Texte latin inédit, Paris, 1927, p. cxiv-cxxix.

Sur la Confession orthodoxe, son histoire, ses sources, ses particularités doctrinales la bibliographie est considérable. Le meilleur ouvrage sur la question est la publication récente des Pères A. Malvy et M. Viller, que nous venons de signaler, où le lecteur trouvera, dans les diverses séries de notes qui encadrent le texte latin du cod. Paris. 1265, de nombreux renvois bibliographiques à ce qui s’est écrit un peu partout sur le célèbre catéchisme. Voir aussi A. Palmieri, Theologia dogmatica orlhodoxa, Florence, 1911, t. i, p. 540-563, avec nombreuses références aux travaux russes sur la Confession ; signalons parmi ces derniers celui de Bolkhovskii intitulé : Examen dn livre appelé « Confession de la foi de l’Église synodale apostolique orientale composée par Pierre Moghila, métropolite de Kiev », Pétersbourg, 1804. On consultera aussi avec profit les introductions des divers éditeurs du texte grec de la Confession, principalement celle de Hoffmann, Historia calechismi Russorum, Breslau, 1751 ; celle de Kimmel, Monumenta fidei Ecclesiæ orienlalis, t. i, Iéna, 1850, p. i.-lx ; celle de J. Michalcescu. M^aa’jpôi ; x^ç ôpôoSo|ta{i Die Bekenntnisse und die u>ichtigslen Glaubenszeugnisse der griechiseh-orientalischen Kirche im Originallext, nebst einleitenden Bemerkungen, Leipzig, 1904, p. 22-25. Sur la question capitale de l’autorité doctrinale du document nous avons dit le nécessaire dans notre ouvrage, Theologia dogmatica dissidentium orientalium, t. I, Paris, 1926, p. 671-679.

M. Jugie

    1. MOLANUS Gerhard Wolter##


1. MOLANUS Gerhard Wolter, théologien luthérien mêlé aux pourparlers relatifs à l’union des Églises (1633-1722). — Gerhard Wolter van derMuelen, en latin Molanus, naquit à Hammeln, sur le Wéser, le 1° novembre 1633 (22 oct. vieux style) ; il lit ses études à Helmstâdt où il subit profondément l’influence du théologien Calixtus († 1656) fort porté à la conciliation avec les catholiques. En 1653, il devenait lui-même professeur à l’Université de Rinteln, où il enseigna les mathématiques d’abord, puis à partir de 1664 la théologie. Appelé à Hanovre en 1674, pour prendre la direction du consistoire, il eut ainsi juridiction sur toutes les Églises du duché de Brunswick-Hanovre. Deux ans auparavant il était devenu coadjuteur de l’abbé de Lokkum et, en 1677, il était nommé titulaire de cette ancienne abbaye cistercienne qui, après avoir embrassé vers la fin du xvie siècle, la confession d’Augsbourg, avait continué partiellement sa vie religieuse de jadis. Bien qu’il n’y résidât pas d’une manière habituelle, retenu qu’il était à Hanovre par les devoirs très absorbants de sa charge, l’abbé de Lokkum ne laissa pas de s’occuper très activement de son couvent. Il mourut à Hanovre le 17 septembre (7 sept, vieux style) 1722, et fut enterré à Lokkum.

Nous ne ferons pas ici la description complète de l’œuvre littéraire de Molanus ; on la trouvera dans Jôcher-Rotermund, Gclehrlen-Lexikon, t. iv, col. 19111913 ; nous ne mentionnerons que les ouvrages de ce théologien qui ont rapport aux négociations engagées par lui avec les catholiques pour l’union des Églises.

Ces négociations sont passées par deux phases bien distinctes ; dans la première, la plus mal connue, le rôle principal du côté des catholiques est tenu par l’évêque franciscain Royas de Spinola ; dans la seconde qui commence vers 1691, alors que les premières négociations continuent encore obscurément, c’est Bossuet qui occupe le devant de la scène.

On dira à l’art. Spinola quelle fut l’activité de ce personnage qui, d’abord évoque de Tina en Hongrie, puis de Wiener-Neustadt en Autriche, sut entrer en relation au nom du pape et de l’empereur avec un certain nombre de princes protestants d’Allemagne, amener les théologiens désignés par eux à faire aux principes catholiques d’importantes concessions, et obtenir de Rome un certain nombre d’assurances qui permettaient d’espérer la réunion des luthériens avec

les catholiques. Dès 1676, Spinola était venu à Hanovre, sous le règne du duc Jean-Frédéric, converti au catholicisme. On l’y avait revu en 1683, car le duc Ernest-Auguste, quoique protestant, était extrêmement favorable à l’idée de la réunion. C’est à ce moment que l’abbé de Lokkum, grand maître des affaires ecclésiastiques de ce qui allait devenir l’électorat de Hanovre, fut mis en rapport par les soins mêmes de son souverain avec l’évêque catholique. Des conférences furent tenues entre Spinola et les principaux théologiens du Flanovre, entre autres Molanus et Barkhaus. Un résumé fut fait et publié des vues échangées. A la foire de Leipzig du mois d’octobre, Albritius put acheter un écrit intitulé : Methodus reducendæ unionis ecclesiasiicæ inler Romunenses ac Protestantes ex speciali mandato ser. principis ac domini domini Ernesti Augusti, Episcopi Osnabrugens.(quoique luthérien, Ernest-Auguste était titulaire de l’évëché d’Osnabriick) et Brunsvicens. ac Luneburgens. ducis, domini sui elementissimi, a seren. celsil. suæ theologis conscripta ; les noms des deux auteurs, Gérard, abbé de Lokkum (c’est-à-dire Molanus) et Hermann Barkhaus se lisaient à la fin. Lettre d’Albritius à Leibniz, dans Foucher de Careil, Œuvres de Leibniz, 1. 1, 1859, p. 468. Interrogé à ce sujet, Leibniz qui était au courant de toute la négociation, répondit d’une manière évasive ; sans nier l’authenticité de la pièce, il pensait qu’elle avait été indûment publiée, lbid., p. 43. Il ne nous a pas été possible de retrouver ce factum, mais il doit être identique, sinon pour la forme et le titre, au moins pour les idées, avec les Regulse circa chrisdanorum omnium ecclesiasticam reunionem qui figurent dans les diverses éditions des œuvres complètes de Bossuet (par ex. édit. Gaume, t. viii, Paris, 1846, p. 509-515, trad. française, p. 515-523).

Il est important de fixer dès ce moment la position adoptée par Molanus et ses amis ; elle est résumée au mieux dans une lettre de Leibniz à Spinola, qui doit être de février 1683, antérieure donc à l’ouverture des négociations. Foucher de Careil, t. i, p. 33. Leibniz y prend acte des concessions faites antérieurement par l’évêque catholique : « Pour être de l’Église il n’est pas nécessaire d’accepter tous les dogmes définis par elle (si l’on ignore de fait, par exemple, que l’Église a porté telle définition) ; il suffit d’être disposé à s’en tenir à ses décisions, dès qu’elles seront connues. Or comme les protestants se persuadent avoir des doutes sur la légitimité du concile de Trente, il leur suffit de se soumettre intérieurement aux décrets d’un futur concile tenu légitimement. En attendant ils seront reçus dans l’union de l’Église, recevront les ordres sacrés de l’Église romaine et, en conséquence, reconnaîtront en elle le fondement assuré de la foi et le dépôt de la puissance ordinaire qui de droit divin réside dans les évêques. » Telles sont les concessions faites par les protestants : voici maintenant leurs exigences : « A l’exemple des Grecs unis, ils demandent de garder le mariage des prêtres, avec les restrictions de l’ancienne discipline, la communion sous les deux espèces, le culte divin en langue vulgaire, le droit de dilférer d’avis d’avec l’Église romaine sur le mode de la présence réelle à la sainte cène, sur le purgatoire et autres questions controversées, jusqu’à ce qu’elles aient été tranchées en concile. Quant aux conditions mêmes de ce concile, il était bon de les fixer à l’avance pour éviter toute surprise. On a toujours réputé concile légitime celui qui est formé par la réunion des évêques seuls ; et puisque les catholiques demandent qu’intervienne aussi l’autorité du pape, soit pour la convocation, soit pour la direction, les protestants n’ont pas de raison pour y répugner, car, en toute assemblée humaine, il est besoin d’une autorité dirigeante, mais ils demandent à leur tour le droit pour leurs évêques,