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MOOH1LA, LA CONFESSION DE FOI


non seulement parmi les Ruthènes unis à Rome, mais aussi parmi les dissidents. Antérieurement au catéchisme de Moghila, ces derniers en avaient publié d’autres ; Laurent Zizanii Toustanovskii avait déjà composé son Grand catéchisme, qui avait été imprimé a.Moscou en lt>'_ ! 7, après avoir subi les corrections des théologiens moscovites. Il était très développé et conçu sur le même plan que celui de Moghila. Cf. Th. Ilinskii, Le grand catéchisme de Laurent Zizanii, dans les Travaux de l’Académie de Kiev, années 1898 et 1899. En 1635, Sylvestre Kossov avait édité un petit catéchisme qui eut de nombreuses éditions et fut approuvé par le synode de Moghilev en 1637. Cf. G. Mirkovitch, Sur le moment de la transsubstantiation des saints dons, Vilna, 1886, p. 46-17. Il faut croire que ces premiers essais ne satisfaisaient pas le métropolite de Kiev. Il voulait faire quelque chose de mieux et, dans le courant de l’année 1639, ou au début de 1640, composa le grand catéchisme qui allait devenir si célèbre sous le nom de Confession orthodoxe. L’ouvrage était terminé à l’été de 1640. Plusieurs écrivains russes ont contesté à Moghila la paternité de cet écrit et l’ont attribué à Isaïe Trofhnovitch Kozlovskii, higoumène du monastère Saint-Nicolas de Kiev. Ainsi Macaire Rulgakov, Histoire de l’Église russe, t. ix, p. 589-591, Pétersbourg, 1882 ; Philarète Goumilevskii, Aperçu de la littérature ecclésiastique russe, t. i, Tchernigov, 1859, p. 271. Déjà en 1641, l’archimandrite uniate Jean Doubovitch affirmait la même chose. Cf. A. V. Gorskii, Pierre Moghila, métropolite de Kiev, dans les Suppléments à l’édition des oeuvres des saints Pères, t. iv, 1857, p. 62. On sera sans doute dans le vrai en affirmant que, dans la rédaction de ce catéchisme, Moghila a eu des collaborateurs, parmi lesquels Isaïe Kozlovskii tient la première place, mais qu’il a tout revu lui-même, et en a pris toute la responsabilité, un peu comme un pape prend la responsabilité de ses encycliques, même lorsqu’il n’a pas été seul à les composer.

Il est absolument sur que ce catéchisme, composé peut-être d’abord en polonais ou en ruthène, fut également rédigé sans retard en latin, comme l’atteste l’auteur de la traduction en grec vulgaire, Mélèce Syrigos, dans une note de son autographe, le rod. 360 de la bibliothèque du Métochion du Saint-Sépulcre, à Constantinople, note reproduite dans une des copies de cet autographe, le cod. Parisinus 1265. Ce dernier ms. porte en regard du grec de Syrigos un texte latin qui, sans doute, n’est pas le texte primitif du métropolite de Kiev, puisqu’il traduit les additions et corrections du théologien grec, et manque de certaines données qui étaient sûrement contenues dans la rédaction originale, mais qui conserve pourtant, croyonsncus, la plus grande partie du texte, primitif. C’est aussi l’avis des éditeurs de ce texte latin, les Pères Malvy et Viller, op. cit., p. i.xxxviii-xc. Ce latin, littérairement assez, médiocre, s’écarte en de nombreux points de détail de la traduction en grec vulgaire de Syrigos. Il garde une saveur de scolastique latine que n’a pas le texte grec, et il y a intérêt pour le théologien à comparer les deux rédactions.

Aussitôt qu’il eut terminé la composition de son œuvre, Pierre Moghila réunit à Sainte-Sophie de Kiev un synode, où parurent les principaux ecclésiastiques et archimandrites de l’Église métropolitaine et des représentants des autres évêques « orthodoxes » de Pologne. L’assemblée tint ses séances du 8 au 15 septembre Kilo. Son principal travail fut d’examiner le nouveau catéchisme. Des discussions s’élevèrent sur certaines questions, notamment sur l’origine de l’âme humaine, les séjours d’oulrc-lonibe et l’état des âmes avant le jugement dernier, la forme de l’eucharistie. Cf. la Relation sur le synode de Kiev, publiée

par Jean Doubovitch en 1641, traduite en polonais et éditée à Varsovie en 1642 par Cassien Sakovvicz, rééditée dans la Rousskuïa Biblioteca. t. iv, Pétersbourg, 1878. On décida de soumettre l’ouvrage à l’examen et à l’approbation du patriarche de Constantinople pour lui donner plus d’autorité et trancher les points controversés. Après des démarches assez longues, Kiéviens et Grecs convinrent de se réunir à lassy en septembre 1642 pour examiner l’œuvre de Moghila. Ce ne fut point un concile, comme on l’a souvent dit, mais une simple conférence théologique entre trois délégués du clergé ruthène : Isaïe Kozlovskii, Ignace Oksenovitch et Joseph Kononoviteh, et deux délégués du patriarche de Constantinople : Porphyre, ancien métropolite de Nicée, et Mélèce Syrigos, prédicateur de la Grande-église. Ce fut à ce dernier qu’échut la tâche de traduire le catéchisme en grec vulgaire. Commencé le 15 septembre 1642, le travail était terminé le 27 octobre suivant, et envoyé dès le 30 octobre au patriarche œcuménique, Parthénios I er. Durant ce temps, Kiéviens et Grecs discutèrent plus d’une fois sur certaines questions de théologie, et n’arrivèrent pas toujours à s’entendre. Les discussions ayant été secrètes, on n’est qu’imparfaitement renseigné sur leur objet. Quelque chose cependant en a transpiré dans un bref rapport de l’agent diplomatique viennois, Jean André Scogardi, qui se trouvait alors à lassy. Ce personnage nous apprend que le désaccord entre les théologiens de Kiev et les délégués grecs éclata principalement sur deux points : la question du purgatoire, c’est-à-dire l’existence d’un troisième état et lieu distinct du paradis et de l’enfer, et la forme de l’eucharistie. L. Hurmuzaki, Documente privitoarela istoria Românilor, t. iv, part. 1, Bucarest, 1882, p. 668 ; Malvy-Viller, p. 162-163. Les Petits-Russiens avaient une doctrine identique à celle des catholiques ; les Grecs, c’est-à-dire avant tout Syrigos, soutenaient les thèses des anciens polémistes byzantins.

Les amendements et corrections que Mélèce Syrigos fit subir au catéchisme ruthène ne portèrent pas seulement sur les deux points indiqués par Scogardi, mais sur plusieurs autres, que l’on peut deviner en comparant la doctrine exprimée par la Confession orthodoxe avec celle que Pierre Moghila et l’École de Kiev continuèrent à enseigner après la conférence de lassy. Une fois en possession du document : texte latin retouché et version en grec vulgaire de Syrigos, le patriarche Parthénios ne tarda pas à le soumettre à l’approbation de son synode. Cette approbation fut donnée le Il mars 1643, et porta uniquement sur le texte grec de Syrigos : détail qu’il est important de retenir. Le patriarche de Constantinople ne fut pas le seul à apposer sa signature au bas du décret : Les trois autres patriarches orientaux donnèrent également la leur ainsi que neuf métropolites et plusieurs hauts dignitaires de la Grande-église. Voir ce décret dans les éditions de la Confession orthodoxe, par exemple dans celle de Kimniel, Monumenta f’ulci Ecclesise orienlalis, t. i, Iéna, 1850, p. 52-55. Un exemplaire du catéchisme ainsi approuvé fut aussitôt envoyé à Pierre Moghila, comme en fait foi une note insérée dans le cod. Paris. 1265, Malvy-Viller, p. i.i-lii.

2° Histoire de la Confession orthodoxe. - Chose curieuse, ni le patriarche de Constantinople ni le métropolite de Kiev ne se préoccupèrent de publier le nouveau document si solennellement approuvé. Faut-il attribuer cette omission au manque de ressources pour payer les Irais d’impression ? Cette

raison vaut peut-être pour le patriarche œcuménique, à moins qu’il ne faille dire que le clergé grec manifestait peu de sympathie pour un ouvrage dont les Petits-Russiens avaient eu l’Initiative. Elle ne vaut