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MOGHILA, LA CONFESSION DE FOI


p. xlvi-xlviî, 144, 162-163. Le Petit catéchisme reste imprécis sur plusieurs questions relatives aux fins dernières et s’en tient aux points hors de discussion, Ibid., p. 145.

Le Petit catéchisme publié en 1645 sous le titre : Petit recueil de la doctrine sur les articles de la foi orthodoxe catholique chrétienne comme l’Église orientale apostolique l’enseigne pour l’édification et l’instruction de la jeunesse chrétienne orthodoxe, suivant tes indications et avec la bénédiction des chefs de l’Église, Pechtcherskaïa Lavra de Kiev, 1645, est comme un résumé du grand catéchisme soumis à l’approbation des Grecs et devenu après corrections la Confession orthodoxe. Mais il ne s’accorde pas toujours avec celle-ci sur les questions de doctrine. Nous avons déjà signalé quelques divergences. On en trouvera d’autres dans l’étude de Malvy-Viller, La Confession orthodoxe, p. cxivcxxix. On remarque aussi quelques différences de détail entre l’édition polonaise et l’édition ruthène de ce petit catéchisme. Cf. Goloubiev, op. cit., t. ii, p. 473-480, en appendice. L’édition slavonne parue à Moscou en 1649 a également ses particularités, peu importantes d’ailleurs. Cette dernière édition fut plusieurs fois réimprimée sous le titre de Catéchisme ou Petit enseignement. C’est dans le Petit catéchisme que nous trouvons la pensée de Moghila sur la matière et la forme du sacrement de l’ordre, dont ne parle pas le Trebnik : La matière, c’est l’imposition des mains de l’évêque sur la tête de l’ordinand ; la forme est constituée par les paroles que prononce l’évêque dès le début de la cérémonie : La grâce divine, qui guérit ce qui est infirme, etc. Il faut reconnaître que Moghila a été peu heureux dans la détermination de cette forme : La prière Divina gratia, etc., n’est, au fond, que la déclaration canonique de l’élection de l’ordinand. La vraie forme doit être cherchée dans les deux prières qui suivent. Cependant la plupart des théologiens catholiques et la presque totalité des théologiens gréco-russes sont de l’avis de Moghila. A noter dans ce même catéchisme l’affirmation très nette de l’assomption corporelle de la sainte Vierge, donnée dans l’explication du 11° article du Symbole : Spero resurreclionem mortuorum. Cette résurrection, dit le métropolite de Kiev, il faut la croire de tous les saints, suivant la doctrine de saint Chrysostome, excepté de la très sainte Vierge, qui a déjà été élevée au ciel avec son corps (q. cxxxvi). La doctrine sur la procession du Saint-Esprit est formulée en termes assez généraux pour supporter une interprétation catholique : Spiritus Sanctus procedit ex ipsius Patris persona sicut a fonte et principio divinitatis (q. lxxi).

En 1642, le théologien uniate Cassien Sakowicz ayant fait paraître un ouvrage intitulé : ’ETtavopôcoaiç ou Aperçu des erreurs, hérésies et superstitions de l’Église gréco-russe séparée, qui se remarquent tant dans tes dogmes de la foi que dans l’administration des sacrements et dans les autres rites et cérémonies, Cracovie, 1642, Pierre Moghila crut devoir prendre la plume pour défendre son Église, ou plutôt, sur son ordre, les théologiens de Kiev composèrent la réponse qu’il prit à sa charge sous le pseudonyme d’Eusèbe Pémène (Eùas6r)ç Tcot[i.rjv = le pasteur orthodoxe). Elle portait le titre suivant, qui est bien dans le goût de l’époque : At60ç ou Pierre lancée par la fronde de la vérité de la sainte Église orthodoxe russe par l’humble frère Eusèbe Pémène pour mettre en pièces la Perspectire ténébreuse et fausse publiée à Cracovie, l’an du Seigneur 1642 par Cassien Sakowicz… Laure des Grottes, Kiev, 1644. L’ouvrage comprend une introduction et huit chapitres. Pémène reconnaît qu’il y a des abus dans son Église ; que, si la situation de celle-ci est si lamentable, la faute en est surtout aux persécutions dont elle a été l’objet sous Sigismond III. Après ces aveux,

il défend énergiquement le rituel byzantin pour ce qui regarde l’administration des sacrements et spécialement le baptême et la confirmation. Il parle également des divergences communément relevées par les polémistes entre les deux Églises. Le AtOoç fut réfute par le jésuite Théophile Routka dans un ouvragé intitulé : Pierre arrêtant la pierre lancée de Kiev, Lublin, 1690. Il est difficile de déterminer la part qu’eut Pierre Moghila dans sa rédaction. D’après les historiens russes, comme Macaire, Histoire de l’Église russe, t. ix, éd. de St-Pétersbourg, 1903, p. 602-604, et Goloubiev, op. cit., t. ii, p. 358-361, il fut surtout l’œuvre de son entourage. Le texte en a été republié par Goloubiev dans les Archives de la Russie méridionale, t. ix, 1° partie, Kiev, 1893, p. 148-445, avec une savante introduction, ibid., p. 1-147. On y retrouve la doctrine catholique sur la forme de l’eucharistie.

On a conservé de Pierre Moghila quelques rares discours. E. Picot dans sa notice bibliographique en signale un sur La croix du Sauveur et de chacun de nous, prononcé à la Lavra, le dimanche de l’Adoration de la croix, le 4 mars 1632, et publié la même année, in-4° de 56 pages. E. Legrand, Bibliographie hellénique du XVI P siècle, t. iv, p. 128-129. Le discours prononcé par Pierre au mariage de Marie, fille de Basile le Loup, prince de Moldavie, avec le prince Radziwill, à Iassy en septembre 1645, a été inséré dans le Trebnik, ibid., p. 118-119. Un autre morceau très bref, intitulé : Instruction à un higoumène, à un pope et à un diacre, a été publié dans la revue russe Pribavleniia, ou Suppléments à l’édition des œuvres des saints Pères, t. ii, 1844, p. 85-90.

Moghila se proposait de publier une traduction de la Bible en slovéno-russe ainsi qu’une version des Vies des saints de Métaphraste. La mort ne lui laissa pas le temps de réaliser ces projets.

III. La confession de foi dite de Pierre Moghila. — Il est curieux de constater que l’écrit qui a le plus contribué à la célébrité de Pierre Moghila comme théologien, ne renferme que partiellement l’expression de sa pensée et qu’il la contredit même explicitement sur plusieurs points. Pierre l’a renié d’une manière au moins indirecte en le laissant inédit et en s’écartant de son enseignement dans ses ouvrages postérieurs. Aussi bien ce qu’on appelle parfois la Confession de foi de Pierre Moghila ne représente plus la rédaction primitive du métropolite de Kiev et de ses collaborateurs. Ce que certains auteurs ont nommé le Catéchisme des Russes ou l’Exposition de la foi de l’Église de la Petite-Russie, après les importantes modifications et corrections que lui fit subir le théologien grec, Mélèce Syrigos, est bien moins l’expression de la doctrine des Petits-Russiens que celle de la théologie admise par certains Grecs dans la première moitié du xvii c siècle. Comme par ailleurs cet écrit ainsi remanié fut approuvé officiellement en 1643 par les quatre patriarches orientaux, il a pris aux yeux d’un grand nombre l’aspect d’un livre symbolique de l’Église gréco-russe tout entière. Le Grand catéchisme de Pierre Moghila ou Catéchisme des Russes s’est transformé en la Confession orthodoxe de la fol de l’Église catholique apostolique orientale. Dans quelle mesure ce titre correspond-il à la réalité ? Il est important de le rechercher. Il nous faut dire aussi un mot de sa rédaction, de son histoire depuis trois siècles, de son contenu et de ses particularités doctrinales, enfin, s’il est possible, indiquer quelques-unes de ses sources.

Rédaction.

Nous avons raconté plus haut à

quelle occasion Pierre Moghila conçut le dessein de rédiger sous forme d’enseignement catéchistique un exposé de la foi de l’Église gréco-russe.

Ce dessein n’était pas nouveau en Petite-Russie,