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MŒIILER, DOCTRINE


démontrer que la Réforme aurait pu être évitée. « Issues toutes deux d’une Eglise travaillée par un besoin de transformation intégrale, la Réforme religieuse et la Renaissance scientifique n’auraient jamais dû se séparer de leurs origines. Le schisme est une réalité historique, mais il ne se justifie pas théoriquement. Telle est la conclusion de Mœhlcr. Son étude n’est autre chose qu’une illustration de cette idée, chère aux théologiens de Tubingue, qu’une réforme de la piété et de la théologie catholique a été et sera de tout temps possible sans mouvement schismatique. » P. 227-228.

8. Le cours sur les jésuites (1831), publié par Rurkard Leu, professeur à Lucerne, en 1840. « Cette publication fit grand bruit et c’est pour la justifier que Friedrich et Knôpfler ont publié ce qu’ils connaissaient de Mœhler sur les jésuites. Il y a accord parfait entre leurs publications et celle de Leu. » Vermeil, p. 494. Pour le résumé des idées de Mœhler sur les jésuites, voir p. 385-38C.

9. Fragments de l’histoire de l’abolition de l’esclavage par le christianisme dans les quinze premiers siècles, dans Theol. Quartalschr., 1831, p. G1-136, 565-613.

10. Histoire du monachisme au temps de son origine et de son premier développement, 1836-1837. Cf. Rélet. p. li-lxii. — Si l’on en rapproche l’article de 1826 : Quelques pensées sur la diminution du nombre des prêtres à notre époque et sur quelques points qui s’y rattachent, revue cit., 1826, p. 414-451, on pourra se rendre compte des idées de Mœhler sur le monachisme. Cf. Vermeil, p. 378-383. La cause profonde du monachisme, c’est la nostalgie essentielle, inhérente au christianisme, le besoin qu’il a de vie religieuse parfaite en un monde corrompu par le péché. Il a joué un grand rôle dans l’Église. Mais sa décadence est indéniable à l’heure actuelle. La Révolution française a rendu à l’Église le plus grand service en détruisant les ordres religieux. C’est au clergé dit « séculier » à recueillir l’héritage du monachisme disparu.

11. Les cours de Mœhler sur l’histoire de l’Église ont été publiés par Gams, O. S.B., Kirchengeschichte von J. A. Mœhlcr, 3 vol., Ratisbonne, 1867-1868 (trad. par l’abbé P. Bélet, Paris, 1868-1869), d’après des notes d’élèves et d’après « une copie d’élève ». La publication de Gams est donc sujette à caution. M. Friedrich, qui l’a comparée avec ce qui reste des manuscrits de Mœhler, en a fait la critique sur les points les plus importants. On ne peut utiliser Gams qu’en tenant compte des corrections de M. Friedrich. Vermeil, p. 19 1.

12. Reithmayer a publié, d’après les manuscrits de Mœhler, La Patrologie ou Histoire littéraire des trois premiers siècles de l’Église chrétienne (c’est le titre de la traduction française de Cohen, Paris, 1843, 2 vol.). « La publication est difficilement utilisable, parce que Reithmayer, au lieu de publier les manuscrits de Mœhler tels qu’ils étaient, a cru devoir les compléter, et qu’il est impossible de faire le départ entre ce qui est de Mœhler et ce qui appartient à Reithmayer. » Vermeil, p. 495.

13. Si nous passons au droit canonique, nous devons signaler d’abord deux comptes rendus de l’ouvrage de F. Walter, Lehrbuch. des Kirchenrechts, l’un de 1823 sur la première édition, reine cit., 1823, p. 263299 ; l’autre de 1829 sur la quatrième édition, ibid., 1829, p. 565-572. De l’un à l’autre, on peut se rendre compte du progrès de la pensée de Mœhlcr sur la cous titution de l’Église. Cf. Goyau, p. 31, 35 ; Vermeil, p. 112, 419.

I l. Fragmente aus undùber Pseudo-Isidor, revue cit.,

1829, p. 477-520, el de nouveau, Ans unit Uber

Pseudo-Isidor, ibid., 1832, p. 3-52. Cf. Vermeil,

|) IH8-409.

15. Le cours de droit canon fait par Mœhler à Tubingue (1823-1825) a été publié en 1853 par un de ses élèves. Cf. Vermeil, p. 494.

3° Œuvres diverses. — 1. Parmi les nombreux articles écrits par Mœhler dans la Theologische Quartalschrift, et dont on trouvera l’énumération dans Vermeil, p. 480-484 et p. 486-487, nous ne citerons plus que le compte rendu de l’ouvrage de J. A. Theiner, Variæ doctorum catholicorum opinioncs de jure statuendi impedimenta matrimonii dirimentia… 1825, p. 462-486 ; cf. Vermeil, p. 437 ; Mœhler adopte la distinction du contrat et du sacrement ; el 2. l’article, Un mot sur V affaire du collège philosophique de Louvain, 1826, p. 77-110 ; cf. Vermeil, p. 388 ; qu’il faut rapprocher des Courtes considérations sur l’histoire des relations entre les Universités et l’État, Tubingue, 1829 ; cf. Vermeil, p. 435-436. —3. Examen du « Mémoire pour l’abolition du célibat imposé au clergé catholique », paru dans le Katholik en 1830. Cf. Vermeil, p. 389-392. — 4. Sur les luttes actuelles de l’Église catholique, 1838. Il s’agit de l’affaire de Cologne. Cf. Vermeil, p. 438-439.

5. Parmi les travaux de Mœhler se rapportant à l’Écriture sainte, notons un article de 18 pages : Jérôme et Augustin aux prises au sujet de Gal., ii, 14. — Enfin, 6. le Commentaire sur l’Épître aux Romains, publié par Reithmayer en 1845, d’après les manuscrits de Mœhler, mais qui n’est pas plus utilisable, pour connaître la pensée mœhlérienne, que la Patrologie. Cf. Vermeil, p. 495.

7. Les lettres de Mœhler, dont quelques-unes ont une grande importance, ont été publiées par Worner-Gams et Friedrich. L’abbé Bélet en publie une > adressée à une personne de haut rang, qui hésitait sur le choix d’une religion. » P. lxx-lxxviii.

III. Doctrine.

« On ne saurait mieux définir l’originalité spéciale de Jean-Adam Mœhler, qu’en disant qu’il fut le théologien le plus autodidacte des temps modernes. C’est avec une méthode d’inventeur, avec des qualités d’inventeur, que Mœhler recherche et retrouve le théologie traditionnelle ; il n’a rien d’un novateur, mais il repense, il revit le christianisme de tous les siècles. » Goyau, p. 11-12. A merveille ! Mais faudrait-il alors nous étonner si nous constations que Mœhler ne rejoint pas vraiment les théologiens classiques ? Ce n’est pas tout : Mœhler revendique même la liberté de ne tenir aucun compte des théologiens et de se contenter « du dogme universel qui a été enseigné par Jésus-Christ, transmis par les Apôtres et défini par l’Église ; car, de même que ce dogme existait avant eux, de même il reste indépendant de leur interprétation. » Symbolique, t. i, p. i.xii-ixiv. Enfin, puisque ce qui a été permis aux anciens théologiens ne saurait être interdit aux nouveaux, Mœhler revendique aussi la liberté d’interpréter à sa manière le dogme universel. « Les protestants reprochent à la théologie catholique contemporaine d’idéaliser le dogme, les décrets tridentins en particulier… Mais serions-nous obligés, s’écrie Mœhler, de prendre à la lettre la I il hic entière et tous les décrits conciliaires ? Les protestants seraient-ils seuls à détenir le droit d’interprétation dogmatique ?… Est-ce idéaliser un dogme que d’en exposer le sens véritable et profond ?… Le théologien catholique sait que les formules, une fois périmées, demeurent sans action.sur les âmes. En adaptant la terminologie dogmatique aux exigences du présent, il ne change pas le dogme, mais le ranime et lui rend toute sa vertu. » Vermeil, p. 178. Attendons-nous donc a trouver chez Mœhler une interprétation nouvelle du dogme catholique, une « théologie » originale, en rapport avec sa tournure d’esprit plutôt mystique que spéculative et avec sa formation schleiermachérienne.