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2009 MITIGATION DES PEINES DE LA VIE FUTURE — MODERNISME 2010

que cette diminution est plus profitable aux âmes.

3. Opinion de quelques autres théologiens.

Bellarmin dit que l’espérance certaine de la béatitude adoucit singulièrement la tristesse des âmes du purgatoire : Ista enim cerlissima spes offert incredibile gaudium, et quo mugis propinquat finis illius exilii, tanto mugis gaudium crescit. Et il ajoute qu’il est probable que les peines diminuent peu à peu d’intensité jusqu’à ce qu’elles prennent fin. De purgatorio, t. II, c. xiv.

Grégoire ds Valencia apporte la même solution que Suarez. Les révélations sur lesquelles s’appuie l’opinion qui admet une diminution progressive dans l’intensité de la peine « ne montrent pas avec certitude les lois générales qui régissent tous les individus, mais simplement ce qui arrive parfois d’une manière extraordinaire et par un jugement occulte de Dieu » Dispulationes in Sum. theol. S. Thomæ, t. iv, disp. XI, q. i, punct. 3. Et ces révélations elles-mêmes, quelle est leur valeur ?

Mazzella admet comme plus probable la mitigation et quant à la durée et quant à l’intensité. De Deo créante, n. 1344.

I. Outre les traités dogmatiques cités au cours de l’article, on lira F. Tournebize : 1° Opinions du jour sur les peines d’oulre-tombe. Collection Science et Religion, Paris ; 2° Récents débats théologiques en Angleterre, dans Éludes, t. Lx, p. 604-631 ; 3° Opinions du jour sur la nature et la durée des châtiments d’outretombe. Universalisme, conditionne/Usine, mitigation des peines éternelles. Id., t. lxii, p. 25-54 ; 416-451 ; A. M ichel, ’L’enfer et la régie de la foi, Paris, 1921 dan ; Ami du Clergé, 1920, p. 662 sq. ; Id., 1925, p. 65 sq.

On trouvera tous les arguments en faveur de la mitigation des peines de l’enfer dans la Dissertation de M. Fmery, sur la mitigation des peines des damnés, dans Œuvres complètes de J.-C. Êmerg, Paris, Migne, 1857, p. 1358 sq. ; ou dans Mgr É. Méric, L’autre vie, 13e édit., t. ii, p. 289-384.

II. Suarez, In III* m p. Sum. theol., disp. XLVI, sect. I, n. 5-13 ; sect. iii, n. 1-7 ; Bellarmin, De Ecclesia patiente (ou De purgatorio), I. II, c. xiv ; Ami du clergé, 1926, p. 407-408.

A. Michel.

    1. MOCQUET Jean##


MOCQUET Jean, de la Compagnie de Jésus (1574-1648), qualifié de Mussipontanus dans un document d’Ingolstadt, serait donc né à Pont-à-Mousso : i (Lorraine). Il entre chez les jésuites à Landsberg (Haute-Bavière) en 1595 ; professe la philosophie puis la théologie à Dillingen, la théologie à Ingolstadt de 1613 à 1622 ; devient recteur de Dillingen et d’Inspruck, où il meurt le 29 janvier 1642. Il a laissé une Disputatio théologien de sponsalibus et malrimonio, Dillingen, 1611, et une défense de la méthode dî controverse de Gontery, La vraie procédure, 1607 (voir ce mot, t. vi, col. 1491) : Methodus Gonleriana sine modus et ratio cum hiereticis ex solo Dei verbo disputandi a R. P. Joanne Gonterio, S..L, conseripta, deinde libris duobus a calumniis vindicata, Ingolstadt, 1618. Sommervogel signale aussi un certain nombre de positions de thèses présidées par lui.

J. N. Mederer, Annales Ingolstadiensis académies, Ingolstadt, 1782, t. ii, p. 233, où est donné le texte d’un « monument » qui fut placé à Ingolstadt, dans l’auditorium de théologie pour commémorer son souvenir ; Mederer le lit : J. Moquetius Mussipontanus Lotharingus ; je ne sais pourquoi Sommervogel lit ovi-Pontius ; Sommervogel, Bibliothèque de la Compagnie de Jésus, t. v, col. 1143-1146 ; Hurter, Nomenelalor, 3’édit., t. iii, col. 994.

É. Amann.
    1. MODALISME##


MODALISME, voir Monarchianisme.

    1. MODERNISME##


MODERNISME, terme collectif pour désigner la crise religieuse qui a marqué, dans l’Église, le tournant du xxe siècle et provoqué les principaux actes de Pie X. Du point de vue spéculatif, le modernisme se présente comme un ensemble complexe d’erreurs, dont les documents pontificaux ont dressé la synthèse

et défini les contours. L’exposition et la discussion détaillée de chacune, l’analyse et la justification des enseignements qui leur sont opposés par le magistère appartiennent au théologien, quand il étudie les chapitres correspondants de la foi. Ces problèmes spéciaux ont été ou seront touchés dans les articles respectifs de ce dictionnaire. Il reste à faire connaître ici, d’un point de vue historique, comme d’autres l’ont fait en son temps pour l’arianisme ou le jansénisme, le mouvement d’idées dans lequel s’est concrètement exprimé ce système, les faits qui ont précédé, accompagné ou suivi l’intervention de l’Église à son endroit.

— I. Définition. II. Préparation (col. 2013). III. Apparition historique (col. 2019). IV. Condamnation par l’Église (col. 2029). V. Polémiques pour et contre (col. 2035). VI. Fin du modernisme (col. 2041).

I. Définition du modernisme.

Autant et plus que libéralisme, modernisme est un de ces mots indéterminés qui ne contiennent aucun notion précise et peuvent, de ce chef, être pris en bonne comme en mauvaise part. Pour éviter les équivoques, la première tâche de l’historien, et sa première difficulté, est de s’appliquer à le définir.

L’idée.

Par son étymologie, modernisme n’évoque

pas d’autre concept que la tendance à s’inspirer des préoccupations reconnues ou supposées actuelles, avec, comme inévitable conséquence, une certaine prédilection pour la nouveauté. De cet état d’âme il s’agit de préciser la forme que le magistère ecclésiastique a considérée comme un péril.

La tâche est d’autant plus nécessaire que les passions de la polémique ont davantage obscurci la question. Chez quelques apologistes de l’Église, ou soi-disant tels, « modernisme » fut un terme commode pour stigmatiser toute attitude qui contrariait sur n’importe quel point leurs préjugés conservateurs : les pamphlétaires d’Action Française s’elïorcent de perpétuer encore aujourd’hui cette tradition. En vertu d’un semblable sophisme, les écrivains du dehors se sont tour à tour égayés ou indignés de ce que l’Église prétendît fermer la porte à toutes les aspirations modernes et commît la maladresse de rejeter ceux de ses enfants qui, en s’adonnant à cette œuvre urgente, se montraient ses plus intelligents défenseurs.

A rencontre de ces déformations également tendancieuses, la seule méthode saine est de demander à l’Église elle-même le sens exact du modernisme qu’elle a voulu condamner. Or de ses actes quelques traits généraux ressortent nettement, qu’il suffit ici de recueillir.

1. Élément historique.

Comme le nom suffirait à l’indiquer, le modernisme est essentiellement chose « moderne ». La forme absolue et systématisée sous laquelle il s’ollre maintenant à nos yeux ne saurait faire oublier les contingences de sa genèse réelle, pas plus que les antécédents qu’on a cru lui découvrir ne doivent empêcher de reconnaître sa manifestation comme un phénomène récent et localisé. De toutes façons, il est inséparable de la situation religieuse dans laquelle s’est trouvée l’Église â la fin du xixe siècle et, plus exactement, sous le pontificat de Fie X.

Mais, parmi les contemporains ou les acteurs de cette histoire, beaucoup purent ne pas en apercevoir la portée et les plus clairvoyants eux-mêmes ne la réalisèrent pas complètement. Il fallut l’intervention de l’autorité ecclésiastique pour révéler à l’Église l’existence du modernisme. D’où il suit qu’il est impossible de définir celui-ci autrement qu’en prenant pour base et pour règle la description officiellement fournie par celle-là.

Quelques auteurs cependant, du moins après coup, se virent et se dirent touchés par ce jugement. C’est