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    1. MISSIONS##


MISSIONS, ŒUVRES ANNEXES

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L’île de Tahiti fut le théâtre de luttes acharnées entre l’Angleterre et la France. C’esl là qu’eut lieu la ameuse affaire Pritchard. Mais enfui elle resta sous le protectorat français.

Les Iles Gambier furent également évangélisées par les picpussiens « les 1834. En quelques mois toute la population étail catholique, complètement retournée. Ces audacieux voleurs, traîtres, sournois, anthropophages, étaient devenus en lu ans « le peuple le plus pai lait du monde », au rapport de Duinont d’Urville. Des protestants de Tahiti y causèrent des troubles prolongés qui ne finirent qu’en 1881 par l’annexion à la France. Malheureusement, là comme en d’autres terres, l’alcoolisme et la phtisie ont fait leur œuvre : la population d’environ 2 000 en 1834 est tombée à ooii aujourd’hui.

Aux Iles Touamotou, une longue chaîne sous marine dangereuse, dont les sommets émergent par endroits, les.Mormons ont quelques disciples, mais la plus grande partie des habitants est catholique. A l’inverse, ceux des Iles Sous-le-Vent sont protestants en majorité. La très lointaine, très mystérieuse Ile de Pâques, découverte le jour de Pâques 1772 par le hollandais Hoggewein, ne compte que 300 habitants. Elle appartient au Chili. Elle est connue dans le monde ethnographique pour ses statues colossales en pierre ornées de sculptures anciennes, et ses tablettes d’écriture hiéroglyphique que parvint à interpréter le vicaire apostolique Mgr Janssen.

6° Vicariat apostolique des Iles Marquises. Les picpussiens y arrivèrent en 1838. et le vicariat fut érigé 10 ans après. Il y eut longtemps à lutter contre la sauvagerie et le cannibalisme. Puis ce fut, les européens étant survenus, contre l’alcoolisme et même l’usage de l’opium, sans parler de l’immoralité quasi traditionnelle. Aussi l’archipel se dépeuple rapidement. La tuberculose pulmonaire est en train d’en faire un cimetière. Rien qu’à Xouka-Hiva, où il y avait 17 000 habitants en 1804, il en restait 8 000 trente ans après. 4 000 vers 1900. Aujourd’hui, dans toutes les îles, restent 2 300 habitants dont 1 900 catholiques.

7° Vicariat apostolique des Iles Sandwich ou Hawai. - Cet archipel, mont lieux et volcanique, possession des États-Unis, est tout à fait à part, au nord de l’équateur, sur la roule de San-Francisco au Japon. 320 000 habitants dont 100 000 indigènes polynésiens ; le reste est formé d’émigrés de toute race : Chinois, Philippins, Malais, Japonais, Européens, Américains. Les pères de Picpus y ont fait leur première tentative, il y a cent ans (1827), el eurent à subir de la pari des protestants une longue persécution. Ils persistèrent : le vicariat fui érigé en 1818. En 1865, la liberté religieuse fut proclamée : le catholicisme comptait alors quelques milliers de catholiques. Le P. Arens en enregistrait 70 000 en 1023, et Mgr Boucher 05 900 pour 1021).

N’oublio is pas l’île de Molokaï, où mourait le 15 avril 1889, l’héroïque P. Damien, après avoir été . Il ans l’apôtre des lépreux, auquel, il faut le dire à la gloire de Dieu, n’ont pas manqué les émules à travers le monde des missions.

Total général. - Quel est, eu résumé, l’état des missions catholiques ? Laissant de côté l’Europe, le l’ère Arens donnait pour 1023 les chiffres suivants :

Asie (i 080 820 baptisés

Afrique 2 666 212

Amérique 2 050 778

Océanie /

Malaisie 949 358

Philippines]

Total 12 956 177

Ce sont, malgré écriai ne précision apparente, chiffre

approximatifs. D’un côté, il faudrait en déduire l’élément européen mêlé aux néophytes indigènes, un peu plus d’un million. Par contre il faudrait ajouter les catéchumènes, un million et demi : puis grossir tout ce qui était acquis en 1923 des gains obtenus depuis. Ces gains en Chine approchent de 190000. D’après les calculs du P. Houpert (Catholic Directory, Madras, 1928), de 1021 à 1920. l’Inde, y compris Ceylan et la Birmanie, aurait passé de 2 970 103 a 3 241 744 ; soit en 5 ans 271 0Il fidèles de plus. La difficulté de ces comparaisons tient à l’état souvent très imparfait et disparate des statistiques. Mais l’impression d’ensemble subsiste. Le progrès est lent, mais il est continu.

IV. LES ŒUVRES ANNEXES. Nous avons VU

dans une première partie l’organisation centrale et locale des missions ; dans la seconde les missionnaires eux-mêmes et leurs auxiliaires. Enfin nous avons passé en revue le résultat de leurs travaux. Mais ces missionnaires ont besoin qu’on leur envoie des collaborateurs, qu’on leur procure des ressources matérielles ; enfin qu’on fasse connaître au public, l’œuvre accomplie par eux. De multiples sociétés travaillent à ce triple résultat. — I. Le recrutement des missionnaires. IL Le budget des missions (col. 1953). III. La propagande en faveur des missions (col. 1964).

I. Le recrutement des missionnaires. - Sans doute, c’est l’esprit de Dieu qui recrute les apôtres, mais il utilise les moyens humains.

Pour ce qui est des prêtres indigènes, le recrutement est l’œuvre des missionnaires eux-mêmes, et résulte de ce long travail de patience qui choisit les enfants dès les écoles élémentaires, et, par les écoles préparatoires, le petit, le grand séminaire, les mène au terme, non sans qu’il y ait souvent un déchet considérable. Combien faut-il essayer d’enfants avant d’arriver à un prêtre ?

Ce recrutement se fait lentement, et est très Inégal selon les pays. En Asie, le nombre de prêtres indigènes n’est pas loin d’égaler celui des étrangers : en 1923, ils étaient 3 833 contre 3 968. D’où résulte la possibilité de commencer à établir des diocèses strictement indigènes.

Dans lès instituts étrangers, qui ne travaillent pas que chez les infidèles, le recrutement missionnaire dépend de la façon dont la congrégation s’enrichit de membres nouveaux. Les supérieurs doivent pouvoir faire un choix judicieux, n’envoyer au loin que des sujets véritablement faits pour cela, et, en général des volontaires. Les anciens ordres, dans leurs règles et constitutions, ne parlent pas de l’envoi aux mis sions. Ce ministère, absolument normal, n’était cependant pas explicitement prévu, Avec les ordres mendiants, des nouveautés se font jour. Chez les frères prêcheurs, les candidats aux missions lointaines se groupent en une sorte de congrégation à part, les peregrinantes profiter Christian. La règle de saint François (c, xu) déclare : « fout frère qui, inspiré de Dieu, voudrait s’en aller chez les Sarrasins ou autres infidèles, en demandera licence au ministre provincial, i Si les inférieurs font bien de s’olïrir, pourtant les supérieurs ne peuvent rien Imposer.

Avec les jésuites, un droit nouveau s’établit. Non seulement les profès ajoutent aux trois vieux substantiels celui d’obéir au souverain pontife circa missiones. Mais les constitutions ajoutent que ri voti obediehtiæ, tous ceux qui ont fait ce vœu, profès, scolastiques, coadjuteurs, doivent accepter d’être

envoyés aux missions, si le père général le juge opportun. Celle même disposition est. croyons-nous, acceptée par les dominicains depuis une trentaine d’années. Quant aux congrégations exclusivement missions