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    1. MISSIONS D’ASIE##


MISSIONS D’ASIE, JAPON

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îles de Yeso ou Hokkaïdo au Nord, Hondo ou Nippon, la plus importante au Centre, Shikoku, et Kius-hu au Sud. Autour se groupent près de 500 petites îles habitées. La surface est de 382 000 kmq et la population qui se multiplie d’une manière extraordinaire, de 60 000 000. Les habitants sont remarquablement intelligents, travailleurs, persévérants et sûrement une des races les mieux douées du monde Ils sont à la fois traditionalistes, fidèles aux vieilles coutumes de leurs ancêtres et amis du progrès intellectuel et matériel. Sur ce dernier peint ils ne le cèdent à personne. Les Ainos de Yeso semblent être les aborigènes, de mœurs primitives, chasseurs ou pêcheurs. Les Japonais ou Nippons sont venus vraisemblablement de Sibérie, on ne sait à quelle époque, et s’apparentent aux Finnois, aux Mongols, aux Huns, etc.

La religion nationale est le shintoïsme, le « chemin des dieux », religion sans dogme ni morale, qui revient au culte de la nature, des kamis protecteurs du clan, des ancêtres, des grands hommes divinisés. Le shinto, longtemps un peu éclipsé par le bouddhisme, a repris son importance depuis la révolution qui a transformé le Japon. Il devient religion nationale et nationaliste, encore que les politiques affectent de dire qu’il n’est pas religion du tout, mais simple ensemble de cérémonies civiles. La vérité est qu’il est pétri de superstition. Par son identification avec le sentiment national, il constitue pour le christianisme un obstacle considérable, analogue à celui du confucianisme en Chine, et de l’hindouisme dans l’Inde. Quant au bouddhisme, importation coréenne et chinoise, il est aujourd’hui la religion populaire, mais qui fait tout pour se moderniser et devenir scientifique.

C’est le 15 août 1549 que saint François-Navier aborda au Japon avec deux de ses frères et 3 néophytes japonais. Il ne semble pas que le christianisme ait été prêché auparavant dans l’archipel. Du moins il n’en est pas trace. Le saint s’établit à Kagoshima au sud de l’île Kiu-shu : au bout d’un an, il avait converti une centaine de personnes. Quand deux ans après il partit pour rentier aux Indes, puis pénétrer en Chine (1551), il laissait 4 ou 5 groupes de 1 500 à 2 000 chrétiens. Ses successeurs en un demi-siècle, baptisèrent, dit-on, 2 millions de personnes, et l’Église du Japon, à son apogée, semble n’avoir pas compté loin d’un million de fidèles. Mais, sous l’impulsion des bonzes bouddhistes qui poussaient les shoguns, sorte de maires du palais, une persécution furieuse éclata qui dura cinquante ans. Le Japon fut fermé aux étrangers et l’on put croire son Église entièrement détruite.

C’était méconnaître l’héroïsme des chrétiens japonais qui surent, nombreux, mourir pour leur foi, et leur constance qui la conserva vivante. Quand, en 1853, les États-Unis eurent forcé les portes du Japon et noué avec lui des relations amicales ; quand, en 1858, la France obtint pour ses missionnaires le droit d’occuper le vicariat apostolique de Nagasaki, que Grégoire goire NVI avait vainement essayé d’organiser quelques années auparavant, on découvrit plus de 10 000 chrétiens restés en secret fidèles pendant 250 ans, sans prêtre, sans culte, sans sacrements. Eux aussi connurent de nouvelles persécutions. Mais enfin la liberté s’établit définitivement en 1874, et Mgr Petitjean pouvait alors accuser 15 000 chrétiens, répartis en 8 paroisses et 61 chrétientés.

Le catholicisme ne progresse que lentement au Japon. Il a contre lui, dans le peuple, les calomnies répandues deux siècles durant, les tracasseries des petits magistrats, l’espionnage des familles, etc. La liberté du culte existe dans la loi, mais est contrecarrée par les mœurs. Dans la société instruite, les obstacles

viennent du shintoïsme officiel qui impose ses rites, et aussi des idées rationalistes qui prévalent dans les universités : car toutes les philosophies du vieux monde européen, sont enseignées au Japon.

Il n’y a pas lieu de s’étonner qu’il n’y ait pas encore 100 000 catholiques (les protestants ont un peu plus progressé). Le Japon actuellement est constitué en province ecclésiastique avec Tokio pour métropole. Donc un archevêché, 4 évêchés dont un tout indigène (Nagasaki, sous Mgr Hayasaka) ; un vicariat apostolique confié aux jésuites allemands, 5 préfectures, et quelques missions pas encore autonomes.

Travaillent dans ces églises, les prêtres des Missions étrangères de Paris, les jésuites (université catholique de Tokio, fondée en 1908), les pères du Verbe-Divin, les dominicains, les franciscains, les salésiens, les marianistes (collèges) et aussi les dames de Saint-Maur et du Sacré-Cœur, et les sœurs de Saint-Paul de Chartres.

2 U Les annexes. — 1. La Corée (220 000 kmq, la moitié de la France, 19 500 000 habitants).

A la religion animiste des premiers temps vint se joindre une imitation du culte officiel chinois, offrande aux esprits, aux ancêtres, à Confucius, puis, au iv siècle, le bouddhisme. Le bouddhisme ayant décliné depuis le xve siècle par suite d’un changement de dynastie, il a été relevé par les Japonais, qui y ont ajouté le shintoïsme. Et le résultat de ce mélange, accentué par l’indifférence officielle des écoles, c’est une sorte d’agnosticisme. Il est à craindre que les beaux jours du catholicisme ne soient passés en Corée. Il y était entré à la fin du XVIIIe siècle. Des lettrés ayant lu les livres chinois du P. Ricci allèrent se faire instruire à Pékin. Ils en revinrent convaincus, prêchèrent leur foi nouvelle et groupèrent près de 10 000 néophytes sans prêtres ni sacrements. D’effrayantes persécutions tentèrent à plusieurs reprises d’arrêter ce mouvement et d’étouffer la nouvelle Église dans le sang. Les chrétiens coréens, dont 75 ont été béatifiés avec leur évêque, Mgr Imbert, en 1925, furent héroïques. La persécution continua jusqu’en 1866. La paix se rétablit enfin. L’Église de Corée compte en ce moment 110 000 chrétiens, en 3 vicariats et une préfecture ; deux confiés aux Missions étrangères de Paris (Taïku et Séoul), un aux bénédictins de Sainte-Odile (Wonsan), une aux pères de Maryknoll (Pengyang ou Hpyeng-an).

2. IJîle Formose fut évangélisée par les dominicains dès l’année 1626 et ensuite abandonnée. Les missionnaires ne revinrent qu’en 1869, et la prélecture actuelle date de 1913. Il n’y a encore que 5 501 chrétiens sur 3 967 869 habitants.

3. Les îles Mariannes, Carolines et Marshall, mises par le traité de Versailles sous mandat japonais, ont dans l’ensemble 14 700 catholiques, contre 11 500 protestants et 22 700 infidèles. Le vicariat fondé en 19Il et confié alors aux capucins allemands, a passé en 1920 aux jésuites espagnols (les Marshall, en 1921. appartenaient aux missionnaires allemands du Sacre-Cœur).

A ces missions il faudrait, ajouter celles qui s’organisent au Brésil (État de Saô Paulo) en faveur des émigrés japonais, missions très encouragées par le gouvernement de Tokio, qui y voit son avantage.

III. Les missions d’Afrique. — Dès le ine siècle de notre ère, l’Afrique romaine, du Nil au détroit de Gibraltar était semée d’Églises chrétiennes. Il y avait plus de 800 évêchés autour des sièges d’Alexandrie et de Carthage. L’Église africaine fut riche en saints, martyrs, évêques, docteurs et moines. Survint l’invasion vandale, puis la conquête byzantine qui ralentit la ruine déjà commencée. Cette ruine fut consommée par l’invasion musulmane, et au xiiie siècle