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MISSIONS D’ASIE, CHINE


d’ambassadeurs du pape et du roi de France (Jean de Pian de Carpiru et Guillaume de Rubruck.O. S. F.). Eu 1291, un autre franciscain Jean de Monte-Corvino arrivait à Khanbalig (Pékin) et y fondait une mission. En 1307, il en était l’archevêque avec deux su lira gants. La mission disparut avec la dynastie mongole à l’avènement de Mings (1368). Il n’en resta rien.

La tentative fut reprise au xvie siècle. FrançoisXavier mourut en face des côtes de Chine où il voulait entrer (1552). Après trente ans d’efforts pour forcer une porte que la xénophobie traditionnelle des purs Chinois tenait fermée, enfin, en 1581, le jésuite Michel Ruggieri, et en 1583, Mathieu Ricci son confrère, obtinrent de se fixer à Chao-k’ing, près de Canton et, en 1601, Ricci était à Pékin. Il inaugurait la mission moderne du Céleste Empire.

Pendant une centaine d’années elle se développa, avec la faveur, intermittente il est vrai, des empereurs, qui utilisaient la science mathématique, astronomique, physique des missionnaires. On eut l’illusion de croire à certaines heures que la Chine entière allait devenir chrétienne. Les jésuites espéraient lui donner tout à la fois un clergé, une hiérarchie, une liturgie indigènes. Mais certaines tolérances pour des rites qu’ils se croyaient fondés à considérer comme purement civils, ne furent pas admises par d’autres sociétés religieuses, entrées sur leurs pas dans l’empire. D’où la querelle des rites. Voir Chinois (rites).

Ce fut le point de départ de la décadence. Suivirent les persécutions, les martyres, la suppression des jésuites, la raréfaction des vocations. Et l'Église de Chine, qui avait en 1700 dans les 300 000 fidèles, n’vn avait plus guère que 180 000 cent ans après,

LTne phase nouvelle commence avec le régime des traités imposés à l’empire par les puissances étrangères. Ce fut d’abord celui de 1844, conclu par M. de Lagrené qui permettait à tous, en Chine « d'étudier et de pratiquer la religion du Seigneur du Ciel ». Une cerlni îe liberté de circulation dans l’empire était concédée. En 1858, le traité de Tien-tsin confirmait la liberté religieuse, assurait aux missionnaires la sécurité à l’intérieur, moyennant un passeport. En 1860-1865, c’est l’autorisation d’acheter des terrains au nom de la communauté chrétienne, etc. Moyennant ces libertés, qui n’empêchèrent ni les procès, ni les persécutions locales, le christianisme fit des progrès notables. En 1900, il y avait 740 000 chrétiens, 1 750 000 en 1915, 2 139220 en 1927.

Les g fins sont très inégaux d’après les provinces : 11 000 baptisés seulement au Koang-si, mais 176 000 au Su-tchuen, 188 ooo au Ghan-toung, 220 000 au Kiang-sou, 650 000 au Tche-li.

Voici, pour donner une idée d’ensemble du travail missionnaire en Chine à l’heure qu’il est. 73 vicariats ou préfectures (42 en 1900), 67 évoques, 3 198 piètres doit 1 271 indigènes, 739 grands séminaristes el '- 121 petits. En 1926-1927, il a été administré 380 386 baptêmes, doit 56 795 d’adultes non à l’article de la mort. Un demi-millon de catéchumènes attendaient leur tour. 331 orphelinats oui recueilli 19 502 garçons et filles, i.a Sainte-Enfance en a reçu et fait élever 60 575. 5 I 732 malades ont passé par les hôpitaux, etc. Les écoles de tout grade ont eu 282 602 élèves. 31 353 de moins que l’année précédente. L’enseignement supérieur n’est pas ce qu’il devrait être. Alors quc les protestants multiplient les hautes écoles, les catholiques n’ont encore que l’université l’Aurore de Changhaf, l'école supérieure de Tien-tsin, et l’université de Pékin dirigées, les deux premières par les jésuites français, et l’autre par les bénédictins d’Amérique. Respectivement 450, 126 et 160 élèves.

Presque toutes les nations catholiques ont pari â

l’apOStolal chinois. A cu seuls, les inissiinnaires

français administrent près d’un million et demi de Chinois catholiques. Dix-sept sociétés religieuses se partagent les vicariats : jésuites, franciscains, dominicains, lazaristes, séminaires de Paris, de Milan, de Parme, de Rome, pères de Scheut, pères du VerbeDivin, bénédictins de Sainte-Odile, capucins, salesiens, sans parler de ceux qui n’ont pas encore de territoires autonomes.

Pour conclure, cinq vicariats, strictement indigènes, sous des évêques chinois, ont été créés en 1926. Un peu auparavant, en 1921, s'était tenu a Chang-hai. dans l'église Saint-Ignace, le premier concile plénier de Chine sous la présidence du délégué apostolique.

Mais qu’est-ce encore que tout cela, au prix de 400 000 000 d'âmes païennes qui restent'.' C’est à peine si le bloc infidèle a été égratigné.

Et les difficultés sont loin de s'être atténuées. La traditionnelle xénophobie des Chinois, qui s'était en 1899 traduite par l’insurrection des Roxeurs, laquelle fit tant de victimes parmi les chrétiens, s’est traitsformée en un nationalisme exaspéré, qui veut supprimer tous les traités, faire litière des droits acquis et des dettes contractées, chasser les étrangers, etc. Si, dans la revision des traités, ces idées prévalent, ce sera la fin de la propriété chrétienne en Chine. Mais de plus, l’influence russe a introduit les principes communistes, avec leurs négations religieuses, lis vieux cultes confucianiste et bouddhiste ne seront plus cultes d'État : mais ils seront, ils sont déj dans les écoles, remplacés par un culte soi-disant civil du Lénine chinois, Sun-wen, lequel risque de prendre des allures superstitieuses. L’avenir de l'Église de Chine est loin d'être rassurant. De son côté le SaintSici>e fait ce qu’il peut (lettre de Pie XI aux vicaires apostoliques de Chine, 15 juin 1928 ; consécration des évêques chinois ; message au peupb chi mis, 3 août 1928) poux désolidariser l’apostolat des tendances nationalistes et impérialistes des puissances.

Il est impossible d’entrer dans le délail des 73 Églises de Chine, el de montrer l’originalité de chacun de leurs groupes. Disons seulement en général leur point de départ historique.

Longtemps le seul évèché de Macao (1575) englol a la Chine entière, lui 1690 lurent créés lés diocèses de Pékin et de Nankin. Le titulaire de ce dernier siège fut le seul prêtre chinois qui existât alors, le dominicain Grégoire Lo. En 1696, pour alléger la lâche des trois évêques, furent mis sur Macao, le vicariat du Koei-tchécu, du Su-tchuen, du Yun-nan ; sur Nankin, ceux du Fo-kien, du Hou-kouang. du Kiang-si, du Tche-kiang ; sur Pékin, celui du Chensi-Chansi. Tous théoriquement devaient avec le temps devenir diocèses. Le programme, vu les malheurs de la mission, et aussi le mauvais vouloir de la cour de Lisbonne, ne fut pas exécuté. En 1838, il n’y avait en fait que les 3 diocèses, et 3 vicariats (Chen-si. Fo-kien et Su-tchuen). Pékin et Nankin ne lardèrent pas à disparaître connue diocèses, remplacés par les vicariats du Tche-li et du Kiang-nan. Après cela, les préfectures et les vicariats ont été se multipliant. Pas d’années, ou peu s’en faut, depuis quelque temps, sans quelque fondation nouvelle ; 3 en 1922-23, 9 en 1923-2 1. 2 en 1921-25, 5 en 1925-26… le mouvement continue. Comment ne pas diviser des missions qui comp lent. 5, 10, 20 millions d’infidèles ?

17. L’EMPIRE l>i JAPON. - L’empire du Japon, le plus puissant île l’Extrême-Orient, qui marche aujour d’iuii de pair avec les grandes nations européennes et les États-Unis, comprend les îles du Japon, For mose cédée par la Chine en 1895, la péninsule de Corée annexée en 1910, et les archipels des Caro Unes et des Mariannes.

1° Le. Japon proprement dit comprend les grandes