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MISSIONS, SÉMINAIRES INDIGÈNES


en Orient même. Nous les avons énumérés plus haut.,

/II. les prêtres INDIGÈNES. — 1° Les séminaires. Un mot d’histoire. — Les jeunes indigènes, qui désirent entrer dans nos congrégations ou nos séminaires, sont élevés et formés dans les noviciats, juvénats et scolasticats, selon toutes les normes de leur institut. Les anciens missionnaires, et spécialement les jésuites de Chine ont essayé un peu tous tes systèmes : commencer sur place la formation des novices, puis les envoyer en Europe, les y envoyer dès le début, ne pas les y envoyer du tout. Aujourd’hui en général, quand les ordres religieux sont solidement établis en pays de mission, la majorité des novices indigènes est instruite sans sortir du pays. Mais il y a des exceptions nécessaires.

Quant aux séminaires séculiers, les jésuites avaient les leurs au Japon ; mais ils n’ont pu en avoir en Chine, ni au Maduré. La question de laformation des clercs a toujours été chez eux discutée, les Pères portugais de Macao n’acceptant que l’idée de séminaires selon la norme du concile de Trente, ceux de Pékin rêvant un tout autre système : celui de prendre des lettrés âgés et sûrs, auxquels on conférerait le sacerdoce avec la faculté d’user d’une liturgie chinoise. Le projet ne fut jamais exécuté. Par contre, des concessions très larges d’Alexandre VII permirent (1659) d’ordonner des clercs ne sachant que lire le latin, juste ce qu’il faut pour prononcer correctement les formules liturgiques et sacramentelles.

C’est moyennant ces induits que l’on put avoir dans la Chine et l’Indochine, au xviiie siècle, un certain nombre de prêtres indigènes, plus riches de vertus que de science, mais capables de maintenir la foi en dépit des persécutions. Quant à ce qu’on appelle des séminaires, ce qu’on peut décorer de ce nom, se réduisait, dans ces missions elles-mêmes, à de très petits groupements, de vie précaire et toujours menacés.

Alors on songea à avoir des séminaires au Icin et même en Europe. A quoi l’on voyait des avantages : c’était soustraire les candidats à l’influence fâcheuse de leur milieu païen et leur donner plus facilement une mentalité chrétienne. Déjà les missions du Proche Orient et même de l’Inde, avaient envoyé des sujets, dès le xviie siècle au Collège de la Propagande. En 1729, Don Mathieu Ripa, ancien missionnaire de Chine, fonda à Naples le collège chine is de la Sainte-Famille. Une congrégation de prêtres en assurait la direction. Le collège dura plus d’un siècle ; plusieurs papes lui témoignèrent une faveur spéciale, et il fournit un certain nombre de missionnaires. Il n’arriva cependant jamais à une véritable prospérité. Il végéta et finit par se transformer en une école pratique pour l’étude des langues orientales.

Au xixe siècle, alors que les missions d’Afrique suscitaient un vif intérêt, divers essais furent tentés pour créer des écoles en faveur des enfants africains. Tous échouèrent. En 1850, le Coltegio dei Mori ou Institut des jeunes nègres delta Palma, créé à Naples par Don Giovanni Olivieri et le franciscain Louis de Casoria ; en 1860, l’école des nègres de D. Nicolas Mazza à Vérone ; en 1866, le Collège Saint-Barnabe, ouvert à Marseille pour les jeunes Gallas par le futur cardinal Massaja ; en 1867, l’école du Caire créée par Danielo Ccmboni fondateur du séminaire de Vérone ; en 1880, celle de Malte, œuvredu cardinal Lavigerie… Toutes ces créations échouèrent.

La conclusion qui s’inipese, c’est que c’est sur place, en plein pays de mission que doit se faire, sauf exception, l’éducation des futurs prêtres indigènes. En fait les prêtres chinris, annamites, philippins, indiens qui ont été ordonnés aux xvii*, xviiie, xixe siècles, ont presque tous été formés dans leur propre patrie et

parfois dans quelles conditions ! C’est le système aujourd’hui suivi partout.

Les séminaires généraux.

 Il y a trois sortes de

séminaires en pays de mission : ceux, petits et grands, des diocèses et vicariats particuliers, les séminaires régionaux qui répondent aux besoins d’Églises voisines (ainsi celui de Tananarive pour tout Madagascar), et tes séminaires généraux où les élèves viennent d’un grand nombre d’Églises. De ces derniers, trois sont à signaler.

Celui de Poulo-Pinang (péninsule Malaise), remonte à 1664. D’abord établi à Juthia, dans le Siam, où il resta plus d’un siècle, il fut par suite des incursions des Birmans, transporté d’abord à Chantaboun, puis à Hatien en Cochinchine, puis à Virampatnam près de Pondichéry. Fermé en 1805, par suite de la ruine du séminaire de Paris, il fut trois ans plus tard réouvert dans l’île de Pinang, près du détroit de Malacca. Il a formé des centaines de prêtres surtout chinois et annamites, parmi lesquels plus de cent martyrs. En 1918, il comptait 78 séminaristes et 118 en 1927, venus de toutes les Églises confiées aux prêtres du séminaire de Paris.

Le séminaire de Kandy, à Ceylan, fut fondé par Léon XIII, pour tes diocèses de l’Inde anglaise qui n’avaient pas de séminaire propre et pour les séminaristes d’élite de l’Inde entière. Il fut confié aux jésuites belges. Le nombre des élèves monta jusqu’à 120. Il se maintint à 70 pendant la guerre, puis remonta ; il est aujourd’hui d’une centaine. Sur environ 259 prêtres donnés à l’Église de l’Inde, il y a 4 évêques.

Le séminaire de Puthempally, au Malabar, est sous la direction des pères carmes. Sa première fondation remonte à 1764. En 1886, il fut transféré de Vérapoly à Puthempally, par le vicaire apostolique Bernardino Buccinelli, O.C.D. Deux ans après, la Propagande l’érigea en séminaire central pour les rites latin et syriaque et te prit sous sa juridiction. En 1926, il comptait 156 étudiants venus d’Ernakulam, Changanacherry, Trichur. Kottayam, et aussi de Cochin et de Méliapour.

En 1843, fut fondé à Ghazir par les jésuites de Syrie, un séminaire ouvert à tous les rites orientaux. Il s’agissait de relever le clergé indigène. En 1875, il fut transporté à Beyrouth, où il constitue la Faculté de philosophie et de théologie. De 1911 à 191 I il avait eu 71 grands séminaristes et 154 petits. Fermé en 1914 à cause de la guerre, il rouvrit en 1919 avec 25 élèves. En 1926 il avait en tout 85 internes : arméniens, maronites, melchites, syriens, latins, etc., et moines externes. Depuis sa fondation jusqu’en 1924, le séminaire Saint-François-Xavier avait donné aux diverses Églises de l’Orient trois patriarches, 25 évêques et environ 300 prêtres.

3° Situation actuelle. - Il va sans dire que ces séminaires généraux ne peuvent suffire à tout. Aussi grands et petits séminaires se multiplient. On en peut juger par cette progression : 1906, 1913, 1918, 1923, 129 séminaires, 132, 187, 279 ; 4 720 élèves, 4 906, 6 436, 9 599.

Les deux séminaires sont souvent juxtaposés sous te même toit. Quand ils sont plus importants ils ont chacun leurs immeubles. Rarement, comme à Bombay, tes aspirants au sacerdoce ne sont pas groupés à part : ils suivent les cours du collège de la mission et vivent avec les autres élèves ; te plus souvent quand ils n’ont pas de professeurs à eux, il n’y a que tes classes de communes. Pour tout le reste, ils sont à part.

Le tableau suivant, col. 1919, donnera le nombre et l’état des séminaires dans tes missions païennes, en 1918 et 1923 (Arens, p. 253).