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MILTIADE — MILTITZ


Donat. Eusèbe, . ?I. E., X, v, 18-20, P. G., t. xx, col. 885. Le 2 octobre 313, trois évêques gaulois et quinze évoques italiens se réunirent sous la présidence de Miltiade au palais de Fausta, au Latran, in domum Faustm in Laterano ; les débats montrèrent l’innocence de Cécilien, et Miltiade rendit la sentence finale en faveur de celui-ci. Voir Optât de Milève, De schism. donatist., I, xxiii, et xxiv, P. L., t. xi, col. 931-934 ; cf. S. Augustin, Brevic. collât., 3 a dies, xii, 24, xvii, 32, xviii, 34, P. L., t. xliii, col. 637, 644, 645. On sait que les donatistes appelèrent de cette sentence ; Miltiade ne connut pas l’accueil qui leur fut fait, et la réunion du concile d’Arles. Le Liber Ponlificalis, qui ne parle pas de cette affaire, connaît par contre divers décrets liturgiques ou disciplinaires de Miltiade : interdiction de jeûner le dimanche ou le jeudi, ordre de faire porter aux diverses églises de la ville une portion du pain consacré par l’évêque (fermentum). Le pseudo Isidore lui attribue deux décrétales, l’une sur les « causes » des évêques, P. L., t. vii, col. 1115, l’autre sur la munificence de Constantin envers l’Église, t. viii, col. 565. Gratien met aussi sous son nom un décret relatif aux sépultures, Caus. XIII, q. ii, c. 7.

Jatte, Regesta pontif. rom., 2e édit., t.i, p. 28 ; L. Duchesne, Le Liber Ponlificalis, t. i, p. 8-9, 74-75, 168-169.

É. Amann.
    1. MILTIADE##


2. MILTIADE, apologiste chrétien du n 8 siècle. - — Il est très mal connu : Tertullien, parmi les adversaires de Valentin, cite entre Justin et Irénée : M/ftf’ades Ecclesiarum sophisla, Adv. Valent, v, P. L., t. ii, col. 548 ; l’auteur du fragment contre Artémon (Hippolyte), parlant de ceux « qui ont écrit antérieurement au pape Victor, contre les gentils et les hérésies d’alors », signale Miltiade entre Justin et Taticn, dans Eusèbe, H. E., V, xxviii, 4 ; 1’ « anonyme antimontaniste » d’Eusèbe, qui écrit vers 192, signalait lui aussi Miltiade comme ayant composé un livre contre cette hérésie montaniste ; ce Miltiade est qualifié de « frère » et son ouvrage démontrait qu’un prophète ne doit pas parler en extase. H. E., V, xvii, 1. Ce témoignage serait en fait le premier dans l’ordre chronologique : émanant d’un Asiate, qui semble parler de Miltiade comme d’un vivant, peut-être comme d’un compatriote, il permettrait de fixer en gros la patrie et la date de cet auteur. De sa production littéraire il ne reste que des titres : 1. D’abord un traité antimontaniste dont la citation précédente nous donne le sens, sinon le titre : Ilepi. tou ù Seïv 7Tpo<p7)T7)v év èxerrâcei. Xocveîv ; 2. Les renseignements convergents de Tertullien et du Contre Artémon invitent à attribuer à Miltiade des livres contre les gnostiques, et spécialement contre les valentiniens ; 3. Eusèbe ajoute, mais sans donner ses garants, que cet auteur avait composé deux ouvrages distincts, l’un contre les païens, l’autre contre les Juifs, et enfin un livre adressé aux chefs temporels, repèç toù xoajjuxoùç ap^ovTaç, en faveur de la philosophie (c’est-à-dire de la religion) qu’il pratiquait. V, xvii, 5. Ces « chefs temporels » pourraient être soit les gouverneurs de province, soit les deux empereurs associés, Marc-Aurèle (1C1-180) et Lucius Vérus (161-169). Si cette dernière hypothèse était exacte, elle donnerait la date approximative de cette apologie. La notice de saint Jérôme, De viris, r. xxxix, dérive exclusivement d’Eusèbe et n’apprend rien de nouveau.

Témoignages rassemblés dans Otto, Corpus apologetarum, t. ix, Iéna, 1872, p. 364-373 ; et dans Ilarnack, Altchristliche Lileratur, t. I, p. 255 sq. ; t. n a (Chronologie), p. 361 sq. ; O. Bardenhewer, Altkirchliche Lileratur, 1. 1, p. 262-264.

É. Amann.
    1. MILTITZ (Charles de)##


MILTITZ (Charles de). — Né vers les années 1490 sans que l’on puisse préciser ni la date, ni le lieu, Charles de Miltitz appartenait à une famille de petite

DICT. DE THÉOL. CA.TH.

noblesse allemande. Il fut élevé à Cologne et reçut à divers moments des canonicats à Mayence, Trêves et Meissen. Vers 1515, il est entré à la curie romaine, où on le voit prendre les titres de camerarius pontificis, cubicularius secrelus et familiaris ; il s’occupait aussi des affaires de l’électeur de Saxe. C’est la raison, sans doute, pour laquelle il fut choisi, à l’automne de 1518, pour partir en Allemagne en qualité de nuncius et commissarius apostolieus. En même temps qu’il devait apporter à l’électeur la « rose d’or » sollicitée par celui-ci depuis plusieurs années, il devait l’engager à apaiser le conflit que Luther venait de provoquer à Wittenberg et qui avait déjà abouti à une dénonciation en cour de Rome. Le nonce devait d’ailleurs rester en relation avec le cardinal Cajétan, légat du Saint-Siège en Allemagne, ne rien trancher définitivement sans lui. Comme on avait encore l’idée à Rome qu’il s’agissait simplement d’une querelle de moines » entre Tetzel et Luther, le nonce devait avant tout arranger cette affaire. C’est ainsi qu’il rencontra Luther à Altenbourg vers le 6 janvier 1519 et Tetzel à Leipzig le 19 janvier ; il fut entendu qu’on soumettrait le différend à l’archevêque-électeur de Trêves ; les deux adversaires s’engageaient à garder jusque-là le silence, et Luther, le 3 mars, écrivait à Léon X une lettre pleine de respectueuse déférence. Endres, Martin Luther’s Briefwechsel, t. i, n. 159, p. 442. Ayant ainsi amorcé les négociations, Miltitz se rendit dans la région rhénane, pour y rejoindre Cajétan, et pressa vivement Luther de venir l’y rejoindre afin de discuter les points litigieux devant le légat et l’électeur de Trêves. Mais Luther trouva le moyen de se dérober, appuyé qu’il était par l’électeur de Saxe, et plus préoccupé de la dispute de Leipzig que de la comparution devant l’archevêque de Trêves. Miltitz, à l’été, revint en Saxe pour l’affaire de la « rose d’or », où il ne réussit guère mieux. Il avait beaucoup désiré faire de la remise de ce cadeau pontifical une démonstration qui aurait raffermi le prestige du Saint-Siège ; il dut se contenter finalement de remettre la rose, de la main à la main, aux commissaires de l’électeur, à Altenbourg, le 24 septembre. Il eut vers ce moment une seconde entrevue avec Luther, qu’il crut avoir décidé à venir avec lui à Trêves, mais il s’aperçut bientôt qu’il avait été joué ; le 8 décembre 1519 il s’en plaignait vivement à l’électeur : Rome s’irritait de voir les choses traîner en longueur, le légat commençait à parler de censure et d’interdit. Mais l’électeur continuait à se dérober ; les idées de Luther évoluaient de plus en plus rapidement dans le sens de la révolte. En août 1520, Miltitz eut vent de la publication prochaine du manifeste de Luther A la noblesse chrétienne de la nation allemande ; mais au moment où il écrivait à l’électeur pour lui demander de l’arrêter, il était trop tard : le livre venait de paraître. Pourtant Miltitz caressait encore l’espoir d’arranger les choses. Dans les derniers jours d’août, il est à Eisleben au chapitre des augustins où il comptait rencontrer Luther ; en fait il ne put rejoindre le réformateur qu’au début d’octobre à Leichtenbourg. Il obtint de lui qu’il écrirait au pape une lettre pour lui déclarer que ses récentes attaques contre la cour romaine ne visaient pas la personne même de Léon X. C’est à la suite de cette entrevue que Luther écrivit au pape sa lettre du 13 octobre 1520, préface du De libertate cliristiana, et qui fut antidatée comme si elle avait été écrite le 6 septembre. Enders, op. cit., t. ii, n. 354, p. 496, avec renvoi aux éditions. Luther y fait l’éloge de la manière dont Miltitz a, dès le début, conduit les négociations ; il oppose ses façons de procéder à celles de Cajétan et de Jean Eck, qu’il rend responsable de la fâcheuse tournure prise par les événements. C’est en apparence un succès pour Miftitz, mais combien extérieur et précaire. En fait depuis quelques

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