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MILITAIRES (ORDRES) — MILLÉNARISME


service hospitalier, peu à peu elle deviendra prépondérante sans que l’on songe jamais à abandonner l’hospitalisation. Même devenus chevaliers de Rhodes, puis de Malte, les membres de l’ordre restent toujours les Milites hospitalis Sancti Jolumnis Hierosolymitani.

Les Templiers, Fratres militiæ templi, en revanche, n’ont jamais été que des soldats. D’abord simple groupement de laïques (1118) qui se chargent dans le nouveau royaume de Jérusalem de faire la police des routes, l’ordre est organisé par le concile de Troyes en 1128, qui lui donne une règle rédigée par saint Bernard, sur le modèle cistercien. Il prend aussitôt un développement extraordinaire. Pour la première fois une règle monastique prévoit explicitement les obligations militaires. « Donner à une même âme le double idéal du soldat et du moine, fondre en une seule leurs deux missions, réduire à l’unité leurs deux devoirs, magnifique programme ! Ce fut celui de leurs fondateurs ; s’ils ont dévié plus tard, si la puissance territoriale et l’accumulation des richesses les ont entraînés à poursuivre des buts intéressés, il n’en faut pas moins se souvenir de ce qu’ils ont été dans ces luttes de Terre sainte : troupe de choc par excellence, avant-garde de toute attaque, arrière-garde de teute retraite, centre de ralliement de toute panique, escadron des mêlées suprêmes, école de tactique, de discipline et d’honneur. » Général J. Colin, dans G. Hanotaux, Histoire de la nation française, t. vii, p. 138,

Ces deux ordres formèrent en somme l’armée permanente du royaume de Jérusalem. L’Ordre teutonique, Domus hospitalis Sanctse Marine Teutonicorum, n’a pris le caractère militaire qu’assez tard. Comme celui de SaintJean, il a d’abord été une congrégation hospitalière, sous la règle augustinienne, desservant l’établissement de Sainte-Marie-la-Neuve, au sud ouest de la ville. En 1189, lors de l’interminable siège de SaintJean-d’Acre par les chrétiens, il forme un hôpital de campagne, puis il se transforme en ordre militaire en 1190. Mis sur le même pied que les hospitaliers et les templiers en 1221, les teutoniques furent à peu près les seuls soutiens de Frédéric II lors de la triste expédition de 1229, tandis que les deux autres ordres se détournaient de l’empereur excommunié.

En Prusse.

- Vers ce même moment, l’ordre

s’établit en Prusse, avec mission de la conquérir et de la convertir. Il se fusionne alors avec celui des Chevaliers PorteGlaives, Fratres militiiv Christi gladi/ori, fondé à Dunamunde en 1203 ou 1204, pour défendre les chrétiens de Livonie contre les infidèles. Après avoir conquis la Livonie et la Courlande, l’ordre des Porte-Glaives avait été battu et ne fut sauvé de la destruction que par son union avec les teutoniques (1237), parmi lesquels il continua de former une division (langue) à part. 1 /ordre teutonique ainsi renforcé avait reçu mission d’arracher la Prusse aux païens. Son histoire est dès lors celle de la Prusse même.

3 Q L’Espagne a vu fleurir à partir du xii<’siècle un grand nombre d’ordres militaires [ormes d’ailleurs sur le modèle des ordres palestiniens déjà existants. Voici le nom des principaux, dans l’ordre chronologique de leur foi id a lion — L’Ordre d’Aviz a pour origine la prise d’Évora (Portugal) sur les Maures, en 11 17 ; les premiers chevaliers ou Confrères < ! < Sainte-Marie d’Evora eurent pour mission de garder la ville ; les confrères reçurent une organisation régulière du Saint-Siège en 1162 ; après la prise d’AviI. (Portugal) en 1181. ils turent chargés de la garde de cette nouvelle conquête, d’où ils prirent leur nom définit if ; ils reçurent l’approbatton d’Innocent III en 1201, sous la règle de Cîleaux ; peu de temps après l’ordre fusionne avec celui de Calai rava..’Ordre de C.alalrava fut fondé en

1158, dans la ville du même nom en Castille que les templiers venaient d’abandonner ; il fut approuvé en 1161 par Alexandre III et suivait la règle de Citeaux.

— L’Ordre de Saint-Jæques de l’Épée, ou de Santiago de Compostelle a pris naissance en Galice vers 1170 ; il a d’abord pour but de défendre les pèlerins qui vont à Compostelle. L’ordre fut approuvé par Alexandre III en 1175 et Innocent III en 1200, sous la règle de saint Augustin. — L’Ordre d’Alcanlara fut fondé en 1176, et confirmé par Célestin III en 1197 ; il ne prit d’ailleurs son nom qu’après le prise d’Alcantara par le roi de Léon, Alphonse IX, en 1217. — L’Ordre de Montesa (frères de Notre-Dame ; Ordre de Notre-Dame de Montesa), est bien postérieur, ayant été fondé en 1317 par Jacques II d’Aragon, qui lui donna les biens des templiers. L’ordre fut placé sous la direction de celui de Calatrava.

A mesure que les Maures furent expulsés d’Espagne et que l’unité se fit, ces divers ordres furent réunis à la Couronne. Les plupart existent encore à titre d’ordres de chevalerie, mais qui ne sont plus guère que des distinctions honorifiques.

É. Amann.

IVI ILLEN ARISME erreur professée par ceux qui attendaient un règne temporel du Messie, règne dont ils fixaient parfois la durée à mille ans.

Les origines du millénarisme sont antérieures à l’ère chrétienne. Il faut chercher dans les espérances d’Israël le point de départ de la croyance au règne terrestre du Messie. Les prophètes, on le sait, s’étaient plu à annoncer la venue du Messie comme devant marquer le début d’une ère de prospérité et de bonheur pour Israël régénéré. Voir art. Messianisme, et cf. Is., ix, 1 sq. ; xi, 1 sq. ; Ezech., xl-xlvii ; Is., liv, 2 ; lx ; Dan., vu etxii, etc. A leur suite, les auteurs des apocalypses apocryphes commencèrent à décrire sous les couleurs les plus vives, le bonheur des justes pendant le règne du Messie. Le livre des Jubilés, par exemple, annonce un temps où les hommes vivront plus d’années qu’auparavant il ne vivaient de jours : « Plus de vieillards, s’écrie l’auteur, personne qui ne soit rassasié de jours ; ils seront tous enfants et jeunes gens. » Jub., xxii, 27. Les paraboles d’Hénoch sont remplies de détails sur le sort des élus qui habiteront alors avec le Seigneur des Esprits. Henoch, lxi-lxii. La durée des temps messianiques n’est pas fixée par les plus anciennes apocalypses, qui semblent parfois les confondre avec le bonheur éternel du ciel. Mais le quatrième livre d’Esdras indique une durée de quatre cents ans, celle-là même pendant laquelle Israël a été captif en Egypte. IV Esdr., vii, 28. D’autres rabbins juifs préfèrent un laps de mille ans en rapport avec la semaine de la création du monde ; aux six jours pendant lesquels Dieu a créé l’univers correspondent six mille ans où se prolonge l’histoire humaine : le repos de Dieu a pour parallèle le bienheureux repos des mille ans, pendant lesquels les justes se réjouissent dans l’attente du jugement dernier et de la consommation des choses. Talmud, Tract. Sanh., 97.

Des milieux judaïques, la croyance au règne messianique lui transmise au christianisme par l’intermédidiaire « le l’Apocalypse, qui fixa aussi, d’une manière définitive, sa durée à mille ans. Après la ruine de la Babylone nouvelle, raconte l’apôtre saint Jean, à la suite d’une lutte victorieuse contre les ennemis de Dieu et des saints, la puissance divine enchaîne Satan et le relègue pour mille ans dans l’abîme. Alors se produit la première résurrection. Les justes régnent avec le Christ, don ! ils sont les prêtres, pendant cesnulle ans, au boni desquels Satan sort de sa prison, pour une seconde lui te qui sera suivie de sa défaite définitive et de la descente de la Jérusalem nouvelle,