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MIGNOT

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mprégnés de jansénisme, et il resta toujours uni aux opposants à la Huile. Il fut reçu à l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres en 1701, et il publia dans le Recueil de cette Académie 29 Mémoires importants. Il mourut le 23 juillet 1771.

Le premier écrit d’Etienne Mignot souleva de vives discussions ; il a pour titre : Traité des prêts de commerce où l’on compare la doctrine des scolastiques sur ces prêts avec celle de l’Écriture sainte et des Saints Pères, in-4°, Lille, 1738 ; en tête, se trouve une Consultation sur les prêts de commerce ou sur les rentes rachetables des deux côtés, datée du 1 er décembre 1735 et signée par plusieurs docteurs de la Faculté de Paris (d’après Picot, cette première édition serait l’œuvre, non de Mignot, mais d’Aubert, curé de Chànes, diocèse de Mâcon). Mignot publia une seconde édition, beaucoup plus complète en 1759, sous le titre : Traité des prêts de commerce ou de l’intérêt légitime et illégitime de l’urgent, 4 vol., in-12, Amsterdam, 1759 (Mémoires de Trévoux d’août 1759, p. 1925-1948, et Nouvelles ecclésiastiques du 4 avril 1769, p. 56). Dans un chapitre préliminaire, Mignot examine les définitions que les scolastiques ont données du prêt et de l’usure ; puis il étudie le prêt par rapport aux pauvres et aux riches, et il se demande si tout intérêt, même celui qu’on x-etire de l’argent prêté à un riche qui a fait usage de l’argent prêté pour augmenter sa fortune, est condamné parle droit divin ; toute usure est-elle condamnée par le droit ecclésiastique et par les lois civiles ? enfin, il examine l’origine du système scolastique et il prouve sa nouveauté. Mignot fut attaqué par l’abbé Barthélémy de la Porte, dans ses Principes théologiques, économiques et civils sur l’usure, 3 vol. in-12, Paris, 1769 ; Mignot répondit dans un cinquième volume qui fut publié en 1770 ; il y étudie le prêt et l’usure qu’il s’applique à définir exactement et il défend sa première thèse sur la légitimité du prêt ; la Porte répliqua par Six nouvelles lettres à un curé, in-12, 1772, et il ajouta un quatrième volume à son œuvre de 1769 ; mais, à cette date, Mignot était mort. Mignot eut des défenseurs, et c’est depuis cette époque que parurent un grand nombre d’écrits en faveur du prêt à intérêt (voir Picot, Mémoires pour servir à l’histoire ecclésiastique pendant le XVIIIe siècle, t. iv, p. 102-105).

Les autres écrits de Mignot, bien que remplis d’idées personnelles, provoquèrent moins de critiques. II faut citer, Les traités historiques et polémiques de la fin du monde, de la venue d’Élie et du retour des Juifs, 3 vol. in-12, Amsterdam, 1737-1738 ; cet écrit, attribué souvent à de Bonnaire et à Boidot, les deux amis de Mignot, sont plus probablement l’œuvre d ? Mignot lui-même (voir Barbier, Dictionnaire des anonymes, n° 18 414). Un petit volume in-4°, 1739, dirigé contre d’Etemare et le parti des figuristes, contient quelques brochures qui paraissent être l’œuvre de Mignot. Ce sont : Trois lettres contre le juste milieu à tenir dans les disputes del’Église par Besoigne, 1736 ; Réponse à une lettre de Soanen ; Examen des règles du figurisme ; Lettres aux évêques de Senez et de Montpellier. Mignot a encore publié un Discours sur l’accord des sciences et des belles-lettres avec la religion, in-12, Paris, 1753 ; Paraphrase sur le Nouveau Testament, 4 vol. in-12, 1751 ; Paraphrase et explication des Proverbes de Salomon, de l’Ecclésiaste, de la Sagesse et de l’Ecclésiastique, 2 vol., in-12, Paris, 1754. Cet écrit, d’après Barbier, est l’œuvre de Mignot et de l’abbé Joly de Kleury ; il en est de même de l’écrit suivant : Paraphrase sur les Psaumes, avec le texte latin de la Vulgate et les variantes hébraïques, in-12, Paris, 1755. Mignot publia deux ouvrages d’apologétique : Réflexions sur les connaissances préliminaires au christianisme, in-12, Paris, 1755 ; c’est un traité dogmatico-moral où

l’auteur étudie Dieu dans son existence et dans ses attributs, l’homme dans sa liberté et ses devoirs. L’Analyse de toutes les vérités enseignées et professées dans la religion chrétienne, in-12, Paris, 1755, est la suite des Réflexions sur les connaissances.

Les derniers écrits de Mignot sont particulièrement importants : Traité des droits de l’État et du Prince sur les biens possédés par le clergé, où il est parlé des Assemblées des États généraux tenus à Paris et autres lieux, de la dîme et des décimes, des impositions auxquelles ils ont été soumis et de celles dont ils ont été exempts, de ses contributions sous Henri IV, Louis XIII, Louis XIV et Louis X V, de ses assemblées et de ses emprunta et dons gratuits, etc. 6 vol. in-12, Amsterdam, 17551757, autres éditions en 1766 et 1787. Dans ce travail, Mignot rejette les prétentions du clergé au nom du droit naturel, du droit divin, du droit canonique et du droit civil ; l’État peut exiger que le clergé contribue à ses besoins et le clergé doit participer aux charges publiques ; l’auteur note les divers impôts auxquels le clergé s’est soumis, d’après les Assemblées du clergé de 1560 à 1750. — Les Mémoires sur les libertés de l’Église gallicane, in-12, Amsterdam, 1755, indiquent successivement en quoi consistent ces libertés et quelle est leur source. L’auteur veut montrer que la primauté de droit divin n’est pas prouvée ; le pape n’est pas le pasteur de l’Église universelle, car chaque évêque est de droit divin ; d’ailleurs les évêques sont juges de la foi, de la discipline, et le pape n’est pas leur juge, donc il ne peut pas excommunier les évêques ou leurs diocésains, ni évoquer à Borne les causes qui intéressent la France ; la translation d’un évêque d’un siège à un autre n’appartient pas au pape, qui n’est point le maître des évêchés et des bénéfices. Le pape est inférieur au concile et on peut appeler du pape au concile ; enfin le pape n’est pas infaillible et il n’a aucun pouvoir sur le temporel des rois. Mignot reprend les mêmes idées dans l’Histoire de la réception du Concile de Trente dans les divers États catholiques avec les pièces justificatives servant à prouver que les décrets et règlements ecclésiastiques ne peuvent et doivent être exécutés sans l’autorité des souverains, 2 vol. in-12, Amsterdam, 1756 et 1766 (Mémoires de Trévoux de mars 1767, p. 566 sq.) ; Mignot étudie surtout la France et montre l’opposition des différentes assemblées du clergé, depuis les États de Blois en 1576 jusqu’à l’assemblée de 1615 ; cet écrit, ainsi que le Traité des droits de l’État, fut mis à l’Index, le 21 novembre 1757.

— Histoire du démêlé d’Henri II, roi d’Angleterre, avec Thomas Becket, archevêque de Canlorbénj, précédé d’un discours sur la juridiction des princes et des magistrats séculiers sur les personnes ecclésiastiques, in-12 r Amsterdam et Paris, 1756 ; on trouve, dans cet écrit. l’histoire de l’Église d’Angleterre depuis la conversion des Anglo-Saxons et l’histoire détaillée des rapports d’Henri II et de Thomas Becket, avec les relations de l’Église et de l’État en Angleterre de 1154 à 1171.

— Enfin les Réflexions sur les édits du duc de Parme, in-8°. s. 1., 1768, que Barbier attribue à Mignot, justifient ce prince qui, en introduisant dans ses États les réformes que Joseph II avait faites en Allemagne, a fait ce que sa puissance souveraine lui donne droit de faire. Comme membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, Mignot composa un grand nombre de Mémoires curieux : cinq sont consacrés aux Indiens qui ne sont redevables aux Égyptiens et aux Grecs, ni de leur doctrine, ni de leur culte, ni de leur législation (t. xxxi, 1768) ; vingt-quatre Mémoires sont consacrés aux Phéniciens qui existaient avant les Égyptiens et dont Mignot étudie l’origine, le développement, le gouvernement et les diverses révolutions, et il décrit leurs cérémonies idolâtriques (t. xxxiv, xxxv, xxxviii, xi.ii, 1770-1786).