Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 10.2.djvu/222

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
1737
1738
MIGNE, APPRÉCIATION

d’Arnis, 1 vol. ; les Recherches historiques sur les peuples anciens et leurs cultes, de l’abbé Desroches, 1 vol. ; Satan, ses œuvres et ses pompes, du P. Héliodore de Paris, 1 vol. ; les Œuvres complètes de saint François de Sales, 9 vol. ; Gérard, 4 vol. ; de Bonald, 3 vol. ; Fléchier, 2 vol. ; La Chétardie, 2 vol. ; Lefrançois, 2 vol. ; Tronson, 2 vol. ; Fénelon, 1 vol. ; du Voisin, 1 vol. ; Émery, 1 vol. ; Gerdil, 1 vol. ; Lantages, 1 vol. ; Régnier, 1 vol.

Ainsi près de onze cents volumes étaient publiés de 1838 à 1868 ; et le plan de Migne devait porter à deux mille le nombre des volumes de la Bibliothèque universelle du clergé.

4. Interruption des publications ; leur continuation après la mort de Migne. — L’incendie de 1868, dont nous avons parlé précédemment, mit fin aux publications de l’abbé Migne.

Plusieurs ouvrages, dont les manuscrits avaient été conservés, purent être repris par la suite et terminés, telle l’Histoire ecclésiastique dont le t. xxiii était sous presse. D’autres ne purent être complétés : il en fut ainsi de la Patrologie latine, pour le ccxxiie tome, de la Patrologie grecque, pour le clxiie tome ; des Orateurs sacrés, pour les trois derniers volumes (t. c à cii). D’autres enfin, prêts à paraître, on dont l’impression était commencée, ne virent jamais le jour. Ce fut le cas des Statuts des Statuts, qui devaient comprendre 6 volumes et renfermer les Œuvres théologiques de Mgr Dupanloup ; d’un ouvrage de l’abbé Maupied, Theologia positiva ; des Points fondamentaux de la foi catholique, en 16 vol. ; d’un grand nombre d’ouvrages qui, pour la plupart, étaient déjà clichés.

En même temps s’évanouissaient les projets d’autres collections dont Migne rêvait depuis longtemps la réalisation. La première de ces publications qui demeurèrent en projet, était l’Orbis christianus, annoncé depuis 1847 : Orbis christianus in provincias ecclesiasticas distribulus, quo series et historia Summorum Pontificum, cardinalium, patriarcharum, primatum, archiepiscoporum, episcoporum, abbatum, paræchiarum, uno verbo, personarum, rerum et institutionum religiosarum omnis generis, ab origine Ecclesiarum ad nostra tempora deducuntur et probantur ex authenticis instrumentis ad culcem voluminum appositis. L’ouvrage devait comprendre 80 volumes in-4o, pour le prix de 480 francs ; il aurait été pour l’univers catholique ce qu’est le Gallia christiana pour la France. Les quatorze volumes de cette collection y auraient pris place, avec d’autres publications analogues pour les différents pays, ces anciennes collections étant corrigées, complétées, actualisées. Pour les régions où le travail n’aurait pas encore été fait, la composition en avait été confiée à de « véritables bénédictins pour la science ». Pour la mise en œuvre, Migne réclamait un minimum de cinq cents souscriptions. Cf. Ann. de phil. chrét., t. xxxvi, p. 403-404.

Peu de temps après, Migne annonçait comme devant être bientôt mise sous presse, une Collection universelle et complète des conciles généraux, nationaux, provinciaux et synodaux, en 80 volumes in-4o, au prix de cinq cents francs. Cette collection devait être « plus que quadruple de celle de Labbe et Cossart, et plus que double de celle de Mansi et Coleti, dont les 31 vol. in-fol. sont à peine trouvables au prix de douze cents francs ». Ann. de phil. chrét., t. lii, p. 324.

L’éditeur avait en outre l’intention de compléter ses Patrologies par une collection de tous les Pères et auteurs ecclésiastiques latins d’Innocent III au concile de Trente, dont les ouvrages ont été imprimés en différents formats et dont les œuvres sont presque impossibles à trouver, et par une autre collection de tous les auteurs latins et grecs dont les ouvrages, fort nombreux, se trouvent encore manuscrits.

Le manque de ressources avait retardé la réalisation de ces projets : l’édition de la Patrologie grecque et des Tables de la Patrologie latine avait exigé une avance de fonds considérable. A. Bonnetty avait formulé le désir que l’épiscopat catholique, aidé par le gouvernement, se rendît acquéreur des clichés des deux Patrologies, qui constituaient une immense bibliothèque de métal. Le produit de cette vente aurait permis à Migne de commencer immédiatement ses nouvelles collections, qui auraient été aussi précieuses que ses publications patristiques. Cf. Ann. de phil. chrét., t. lxxiii, p. 412-413. Ce désir ne fut pas écouté.

Il importait cependant que ce qui restait de l’œuvre de Migne après l’incendie ne disparût pas. Le magasin des bonnes feuilles avait été en partie préservé ; quelques collections pouvaient être complétées ; on pouvait réimprimer ce qui était épuisé. La librairie Garnier acheta, en 1876, aux héritiers de Migne, ce qui restait de l’imprimerie et de la maison d’édition : elle termina l’Histoire ecclésiastique, les Orateurs sacrés, donna des Tables à la Patrologie grecque et réédita les ouvrages épuisés. Les premiers ouvrages réédités furent soumis à une nouvelle composition laquelle au point de vue de la correction s’est révélée fort médiocre : il en résulta aussi des différences de pagination entre les anciennes et les nouvelles éditions, ce qui était un inconvénient très grave pour des ouvrages d’usage courant, comme les deux Patrologies. Dans ses Tables de la Patrologie grecque, Cavallera a pris soin de mettre entre crochets, la pagination nouvelle, à côté de l’ancienne. Cette précaution ne supprime qu’en partie la difficulté. Heureusement, les nouvelles éditions se font maintenant par un procédé d’une exactitude absolue, par la photographie.

Dans la Patrologie grecque, les ouvrages recomposés, qui ont subi un changement de pagination, sont les suivants : S. Denys l’Aréopagite, t. iii ; Apologistes du iie siècle, t. vi ; S. Basile, t. xxxi et xxxii ; S. Grégoire de Nazianze, t. xxxvi ; Photius, t. cii (la nouvelle édition a omis les Addenda scu Epistola ad Ecclesiam Antiochenam) et civ ; tradition catholique du xe siècle, t. cxvii ; Œcumenius, t. cxix. Plusieurs tomes de la Patrologie latine ont été également recomposés et ont pu, de ce fait, subir un changement de pagination. Ce sont les œuvres de S. Jérôme, t. xxii, de S. Augustin, t. xxxii et xlvii, d’Ennodius-Boèce, t. lxiii ; de S. Germain-Pelage II, t. xlxvii ; de Walafrid Strabon, t. cxiii ; de Ratramne, t. cxxi ; d’Anastase le Bibliothécaire, t. cxxvii et cxxix ; de Burchard de Worms, t. cxl ; de S. Bruno, t. clii ; de Guibert, t. clvi ; de S. Bruno d’Asti, t. clxiv ; d’Abélard, t. clxxviii ; de S. Bernard, t. clxxxii ; de Ste Hildegarde, t. cxcvii (renseignements donnés par le Librairie Garnier). Les autres ouvrages des deux Patrologies qui, épuisés, ont été réimprimés, soit par nouvelle composition, soit par photographie, procédé employé actuellement, concordent avec l’édition originale de l’abbé Migne, dont l’œuvre se trouve ainsi continuée telle qu’il l’avait réalisée.

Ses ouvrages ont encore la faveur du public : leur vente annuelle atteint le chiffre moyen de 500 000 francs. Il est vrai que la Librairie Garnier ne peut plus vendre ses volumes au prix infime auquel Migne les donnait, pour ainsi dire, à ses souscripteurs.

III. Appréciation. — L’œuvre de Migne et la critique. — Une publication aussi considérable et aussi rapide des documents de la Tradition catholique ne pouvait cire de tous points parfaite ; elle devait susciter bien des critiques. Il est certain qu’il y a dans cette immense compilation, bien du fatras, bien des choses inutiles, à côté d’autres qui ont résisté au temps. Certains critiques ont été trop sévères pour l’œuvre de Migne, considérée dans son ensemble,