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MÉTHODE ANTHRACITE — MÉTHODE DE CONSTANTINOPLE

plusieurs autres ouvrages dont quelques-uns ont vu le jour : 1° Une édition du Pentecostarion, faite par ses soins à Venise, en 1704. Cf. Legrand-Pernot-Petit, Bibliographie hellénique du xviiie siècle, p. 35-36. 2° Le Βοσκὸς λογικῶν προβάτων, ἤτοι περὶ τοῦ καθήκοντος τῷ Πνευματικῷ ποιμένι, Venise, 1708, in-12, 336 pages, ibid., p. 58, paru sans nom d’auteur, mais on peut se fier au témoignage de Démétrius Procopius, qui en 1720, l’attribue à notre Méthode. Fabricius, Bibliotheca græca, t. xi, p. 802. 3° Ὁδός μαθηματική, Venise, 1749, ouvrage en trois volumes in-4°, où il est difficile de reconnaître la part exacte de notre auteur, à cause des retouches et des développements de son disciple et éditeur Balanos Basilopoulos. Cf. Legrand-Pernot-Petit, op. cit., p. 368-379. La préface du 1er  volume offre une notice sur Méthode. En plus de ces ouvrages, Zaviras, je ne sais sur quelles sources, attribue encore à Méthode deux petits traités fort intéressants. Le premier, Ἐπίσκεπις πνευματική, est un écrit sur la manière dont le pasteur doit visiter les malades, les aider à examiner leur conscience et les diriger. Les précisions qu’on y rencontre trahissent l’influence des livres de piété latins du même genre (1re  édition, parue d’après Zaviras en 1707. Nous connaissons une édition de 1680 et une autre abrégée de 1681). L’autre, Θεωρίαι χριστιανικαί, est une série de considérations sur les fins dernières, les vertus et les devoirs du chrétien, en 59 chapitres. Zaviras indique une première édition en 1699. Deux autres éditions en 1742 et 1751, voir Legrand-Pernot-Petit, op. cit., p. 292 et 401. A signaler une lettre non datée, mais écrite après sa condamnation et sa soumission, à Anastase, un de ses accusateurs, publiée en entier dans la revue Πανδώρα, 1861, t. xi, p. 88-89, par Aravantinos et dans l’Ἐκκλησιαστικὴ Ἀλήθεια, t. ii, p. 495, et en partie par Mgr Petit dans Mansi, loc. cit., col. 228-229, et par Sathas, op. cit., p. 436 ; et enfin une Εἰσαγωγὴ τῆς λογικῆς encore inédite. Zaviras, op. cit., p. 421.

Mansi, Concil. (continuation), t. xxxvii, col. 227-246 ; Demetrius Procopius, Brevis recensio eruditorum Græcorum…, n. 91, dans Fabricius, Bibliotheca græca, t. xi, p. 802 ; Aravantinos Χρονογραφία τῆς Ἠπείρου, t. ii, p. 277-279 ; du même, Μεθόδιος ὁ Ἀνθρακίτης, dans la revue Πανδώρα, t. xi, p. 86-89 ; K. Sathas, Νεοελληνικὴ Φιλολογία, p. 435-437 ; Zaviras, Νέα Ἑλλάς, p. 418-421 ; M. D. Chamoudopoulos, Μνημείων γραπτῶν περισυναγωγή dans Ἐκκλησιαστικὴ Ἀλήθεια, t. ii (1881-1882), p. 491-500 ; Legrand-Pernot-Petit, Bibliographie hellénique, aux endroits signalés au cours de l’article.

V. Grumel.

2. MÉTHODE DE CONSTANTINOPLE (saint). — Patriarche de mars 843 au 14 juin 847.

I. Avant le patriarcat. — Méthode naquit à Syracuse en Sicile dans la seconde moitié du viiie siècle. La noble condition de sa famille, une fortune considérable permirent à l’enfant d’avoir des maîtres de grammaire et d’histoire ; il excella surtout en calligraphie, et ses tours de plume semblent avoir émerveillé ses contemporains. Vita, n. 2, P. G., t. c, col. 1246, 1253 B.

Ce talent manuel eût suffi à le poser à Byzance, où il arriva bientôt ; des écoles de copistes y tenaient place en effet de l’Académie générale supprimée par le caprice de Léon III (726). Mais le jeune provincial ambitionnait une gloire moins austère ; il apportait une fortune dans la capitale : il voulait en échange les dignités et la considération dues aux grands serviteurs de l’État. Mais la rencontre assez singulière, sinon providentielle, d’un ascète fut fatale à ses vues mondaines. Méthode convaincu de la vanité des biens terrestres, se fit moine. Le couvent de Khénolaccos (de la mare aux oies) fondé vers 725 sur la côte méridionale de la Propontide abrita ses premiers efforts de perfection religieuse. Entré fort jeune, il dut y rester assez longtemps comme l’a démontré le P. Pargoire, Saint Méthode de Constantinople avant 821, dans Échos d’Orient, 1902, t. vi, p. 127 sq. Le novice, qu’à la suite de Falconius nombre de savants ont à tort appelé Michel (cf. G. Anrich, Hagios Nikolaos, t. ii, p. 265), y fit carrière et en devint le supérieur, ou peut-être, délaissant sa première résidence, s’en alla-t-il comme l’affirme son synaxaire inséré au ménologe de Basile II « bâtir un monastère au lieu situé sur la montagne du diocèse de Kios. » Cf. P. G., t. cxlii, col. 500 ; Pargoire, Saint Méthode et la persécution, Échos d’Orient, t. vi, p. 190. Dans tous les cas, son titre d’higoumène à cette époque nous est garanti par la suscription de la lettre 193 de saint Théodore le Studite ; cf. Maï, Nova Patrum bibliotheca, t. viii a, p. 166. La vie de saint Nicolas, conservé dans le Vatic. gr. 2084, du xe siècle, lui reconnaît également cette qualité. Cf. G. Anrich, Hagios Nikolaos, t. i, 1913, p. 140.

Un voyage à Rome mit fin à sa vie de cénobite. On ne peut placer cet événement avant 815. Pargoire, loc. cit., p. 127-129. Le motif qui l’occasionna peut assez bien se déterminer. Le biographe nous affirme que ce fut pour fuir la persécution iconoclaste. Vita, n. 4, P. G., t. c, col. 1248 A ; d’autre part, un propos du saint lui-même, rapporté par quatre historiens, apprend qu’il remplissait quelque mandat. On a pensé que ces données s’excluaient, Pargoire, p. 128 ; elles s’additionnent cependant dans la lettre citée plus haut de saint Théodore à Méthode. L’higoumène du Stoudion, gardé à vue par la police impériale, fait transmettre secrètement ses félicitations à son lointain collègue ; il l’approuve d’avoir fui la tempête iconoclaste et, ce qui lui semble de la plus haute conséquence, de s’être fait à Rome, l’avocat de l’orthodoxie. Les deux motifs sont donc à retenir. Mais de qui Méthode dut-il être l’agent ? Il ne peut s’agir d’un mandat officiel commis par l’empereur ou le patriarche ; sa démarche en ce cas n’aurait pu avoir le succès qu’applaudit Théodore (cf. Maï, op. cit., p. 166). Le biographe des saints David, Syméon et Georges dit même que Michel II persécuta Méthode parce qu’il s’était enfui secrètement à Rome. Cf. Anal. bolland., t. xviii, 1899, p. 237. A lire la lettre du studite, il semble que Méthode ait eu l’initiative de cette démarche ; mais l’hagiographe que nous venons de citer, en faisant de Méthode l’archidiacre du patriarche déchu Nicéphore, paraît bien insinuer qu’il agissait à l’instigation de ce dernier. Quoi qu’il en soit, cela suffit à souligner le rôle qu’il jouait alors dans le parti catholique.

Le séjour à Rome eut un double résultat ; l’un fut d’ordre personnel : notre saint dut à l’intervention de saint Pierre la grâce de la continence perpétuelle (Theoph. contin., l. IV, c. x, P. G., t. cix, col. 173 : Syméon Magister, c. iv, P. G., t. cix, col. 713 ; Vita, n. 18, P. G., t. c, col. 1261 A, où l’allusion est transparente, etc.) ; l’autre eut une portée plus générale ; sur ses instances, Pascal Ier expédia à Léon l’Arménien une première lettre dogmatique, dont cependant, contrairement à l’opinion de Pitra, il ne fut pas porteur. Voir ce document dans Juris ecclesiastici Græcorum historia et monumenta, t. ii, p. x. C’est en effet, d’après la Vie anonyme, à Michel le Bègue, non à son prédécesseur, que le pape envoya Méthode. Celui-ci était de retour à Byzance en 821.

L’hagiographie comme l’histoire s’est complu à nous détailler les souffrances endurées dans la suite par Méthode pour le triomphe de l’orthodoxie ; en revanche, les textes ne nous livrent que de banales allusions à son activité iconophile, et nous sommes réduits à conclure de la rigueur des premières à l’intensité de la seconde.