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MÉTAPSYCHIQUE — MÉTAXAS

lecture, écriture, prononciation d’une langue qu’on n’a pas apprise, cas tout différent du prétendu langage martien d’Hélène Smith étudié par Flournoy, œuvre de pure imagination.

La baguette divinatoire tourne d’elle-même auprès des nappes d’eau souterraines ; bien plus, elle permet de découvrir les métaux cachés. On assure qu’une personne sur vingt possède le don de sourcier, beaucoup peuvent le développer. On a supposé une force inconnue, dénommée force rhabdique, agissant soit directement sur la baguette, ainsi que croit le ressentir le sourcier, soit plus probablement sur le système nerveux de l’expérimentateur et provoquant des contractions musculaires inconscientes. Dans ce cas on fait tourner la baguette alors qu’on croit lui résister.

Plus étranges encore sont les faits de monitions ; ils sont trop nombreux pour être attribuables au hasard ; il faut donc chercher la cause des visions à distance, ou même d’audition de certaines paroles fréquemment pendant le sommeil, parfois à l’état de veille ; le plus souvent le phénomène se rapporte à un individu qui meurt à une grande distance.

On connaît même quelques cas de monitions collectives, celles-ci pouvant être simultanées ou non ; ils porteraient à faire admettre une force cachée dans les choses ou dans les âmes, qui va trouver le percipient et émouvoir certaines régions de son inconscient.

La prémonition est plus étonnante encore ; elle semble néanmoins démontrée. Certains individus peuvent annoncer des faits à venir et donner pour ces faits qui n’existent pas encore et qui sont imprévisibles, des détails tellement précis que nulle sagacité, nulle coïncidence fortuite ne pourrait expliquer cette prédiction. Il va sans dire que le phénomène futur existe déjà dans sa cause, mais pour l’y apercevoir ne faut-il pas un sens spécial ? et c’est ce qu’examine la métapsychique.

II. Métapsychique objective. — Elle étudiera les télékinésies, déplacements d’objet sans contact (voir les expériences de W. Crookes avec le médium Home, dans les Recherches sur les phénomènes du spiritualisme, trad. fr., Libr. des Sciences psychologiques, Paris, 1872) ; les bruits et coups frappés (raps) dans une table sans contact avec le médium ; l’écriture directe (un crayon enfermé dans une ardoise fermée écrit une réponse à la question posée), les ectoplasmies (matérialisations de formes existantes d’objets, de figures, de personnages), les lévitations, les bilocations, les maisons hantées.

Les phénomènes matériels objectifs sont rares, ils supposent l’intervention de quelque médium ; ils doivent être contrôlés d’une façon extrêmement sévère. Mais trop de faits sont rapportés par des expérimentateurs sérieux et convaincus pour qu’on puisse les traiter par prétention. Les nombreux cas de fraude indubitable ne permettent pas d’attribuer indistinctement à la fraude tous les faits signalés.

Dès lors il convient de chercher si les faits ne doivent pas s’expliquer par un sens caché et par des forces émergeant des corps, capables d’agir à distance et de se matérialiser pour prendre forme.

Qu’on s’imagine un homme jouissant du sens de l’odorat parmi ses semblables qui en seraient privés, et qui ne soupçonneraient pas l’existence de ce sens, ne leur paraîtrait-il pas sorcier par les indications qu’il leur fournirait sur des objets invisibles et hors de la portée des mains ? Ainsi un sens caché, dont certains médiums sont doués et qui est susceptible de développement par l’exercice, permet peut-être d’atteindre des objets qui nous paraissent inaccessibles, parce qu’ils sont éloignés de nous par la distance ou la durée. Les pigeons ne se laissent-ils pas guider par un sens tout aussi mystérieux ?

En tout cas, le théologien doit étudier les faits apportés pour en contrôler la réalité et en discuter l’interprétation. Il peut le faire avec une liberté d’esprit totale, car aucune explication ne s’impose à lui a priori, aucune n’est récusée par lui si elle, paraît vraisemblable.

D’autre part, les condamnations de l’Église portées contre les diverses pratiques de divination ne préjuge nullement des résultats de la métapsychique. L’Église a sagement condamné des pratiques dans lesquelles on recourait aux démons, soit explicitement, soit implicitement ; du jour où il sera prouvé que certaines de ces pratiques ne supposent aucune intervention des mauvais esprits, elles deviendront licites.

Montrer que certaines pratiques ont été longtemps à tort réputées diaboliques, ce n’est nullement nier le diable ou les diableries, c’est seulement les reléguer dans leur domaine véritable.

De même certains faits ont paru miraculeux qui peuvent s’expliquer naturellement ; cela ne force pas à nier les vrais miracles, mais à les contrôler sévèrement.

R. Hedde.

MÉTAXAS Néophytos (1762-1861), évêque grec orthodoxe de Talantion en Phocide, puis évêque de l’Attique et métropolite d’Athènes, est une des figures ecclésiastiques les plus marquantes des débuts de l’indépendance hellénique et de l’autocéphalie de l’Église de Grèce.

Né à Athènes le 2 novembre 1762, Néophyte (au baptême, Nicolas) Métaxas entra de bonne heure au monastère de Pentéli, y remplit quelque temps les fonctions de maître d’école, et fut ordonné diacre le 7 août 1792. Après un séjour à Constantinople, où l’avait appelé son oncle Grégoire, métropolite de Césarée, et d’où il espérait pouvoir se rendre en Italie pour compléter ses études, il vint à Livadia en Phocide, comme archidiacre de l’évêque de Talantion, Gabriel. A la mort de celui-ci, en 1803, Néophyte lui succéda. Pendant la guerre de l’indépendance, l’évêque de Talantion joua un rôle très actif. Ce fut son éparchie qui fut la première de la Grèce continentale à se soulever. Après la mort d’Athanase Diacos, qu’il n’avait pu réussir à sauver, Néophyte passa dans le Péloponèse où il travailla, de concert avec d’autres prélats et hommes politiques, à constituer un gouvernement provisoire. Il fut président de l’Aréopage ou sénat de la Grèce orientale. Il prit part à la première assemblée nationale d’Épidaure, puis à celles qui suivirent, et s’occupa très activement du règlement des affaires ecclésiastiques de l’Hellade. En 1823, nous le voyons joindre à son titre celui d’évêque des Thermopyles ; en 1824, il est chargé d’administrer comme locum tenens les diocèses de Paros, de Naxos, d’Athènes ; en 1828, il est membre de la commission ecclésiastique envoyée au Péloponèse pour le rétablissement de la situation religieuse. Le 21 novembre 1833, lors de la nouvelle organisation des évêchés, Néophyte Métaxas est nommé « évêque de l’Attique », avec résidence à Athènes. Mansi-Petit, Concil., t. xl, col. 215, n. 28. A ce titre, il fut souvent membre du saint synode, ibid., col. 320 A, 444 A, jusqu’à ce qu’il en devînt le président à vie en 1850, avec le nom de métropolite d’Athènes. Ibid., col. 470 A, où il signe le 6 septembre 1850 la lettre de remerciement adressée au synode de Constantinople pour la déclaration d’autocéphalie. Le Nicétas de Talantion, ὁ Κακοταλαντίου Νικήτας, excommunié par le patriarche Eugène de Constantinople le 1er  mai 1821 avec les autres fauteurs de l’insurrection, Mansi-Petit, Concil., t. xl., col. 155-156, est évidemment notre Néophytos victime d’un lapsus. Voir aussi ibid., col. 500 D, où le nom de Néophytos figure dans le Syntagmation du patriarcat, d’avril 1855, en tête de la liste épiscopale de l’Église