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1199 MESSE, LE S ACRIFICE-OBL ATION : L'ÉCOLE FRANÇAISE

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ture, et il suffit seul pour remplir la vérité de toutes les espèces différcntes des sacrifices anciens. Il est holocauste, oblation, immolation et le peuple y participe. C. ii, p. 52-53.

b. — Dans les sacrifices anciens, on trouvait plus ou moins distinctement cinq parties, la sanctification de la victime, son oblation, son occision, sa consomption ou inflammation, et la communion des prêtres ou du peuple même à la victime. C. ii, p. 53-60. Ces parties du sacrifice se retrouvent parfaitement dans le sacrifice de Jésus-Christ, qui est le sacrifice infiniment parfait ; la sanctification de la victime dans l’incarnation, son oblation au même moment, selon le texte de Heb., x, 9 ; l’occision différée jusqu’au Calvaire ; la consomption, de son corps sacré dans la gloire de la résurrection ; la communion, au ciel par l’entrée du divin crucifié dans le sein du Père, sur terre, par l’eucharistie : « le sacrifice de la croix est l’immolation et l’occision de la victime, et la messe en est la communion. » C. iv, p. 65 sq ; vii, p. 94.

c. — Ainsi le sacrifice de Jésus-Christ, considéré dans toute son étendue, a commencé au mystère de l’incarnation pour ne finir jamais. Et c’est en parlant de ce sacrifice, pris dans toute son étendue, que saint Paul, Hebr., x, 14, déclare que Jésus ; « par une seule oblation, a rendu parfaits pour toujours ceux qu’il a sanctifiés ». C’est par une seule oblation que JésusChrist a consommé la sanctification des hommes, si son oblation est considérée dans toute son étendue : « si l’on prend son sacrifice dans toute sa perfection et toutes ses parties, et non dans la seule occision, qui était la moindre partie du sacrifice dans les anciens sacrifices figuratifs de sa mort. » C. viii, p. 99. Mais le sacrifice complet de Jésus-Christ est si parfait que chacune de ses parties est un sacrifice parfait et accompli dans lequel on peut remarquer toutes les conditions nécessaires au sacrifice. C. vii, p. 93. Et « cela peut se montrer clairement dans le sacrifice de la croix et dans celui de la messe, qui sont des sacrifices véritables et parfaits, quoiqu’un même temps ils fassent l’un et l’autre partie du sacrifice complet de NotreSeigneur. » Ibid., p. 93.

d. Dans cette partie parfaite du sacrifice complet de Notre-Seigneur qu’est le sacrifice de la croix, « la sanctification de l’incarnation persévère ; l’oblation existe : oblatus est quia ipse voluit ; l’immolation y est bien visible. Dieu communie pour ainsi dire au sacrifice de son Fils et il y communie seul… ; ce n'était pas encore le temps où l'Église devait y communier. » C. viii, p. 94. Elle y communiera plus tard à la messe. « Au sacrifice de la croix, Notre-Seigneur qui n’a point été prêtre de l’ordre d’Aaron, a néanmoins accompli la vérité du sacerdoce d’Aaron, en offrant dans une immolation cruelle et sanglante la victime de son corps. » C. viii, p. 96. Bien plus, « i’ofïrande expresse de l’immolation du Calvaire, de préférence à toute autre action de la vie du Christ, était le sacrifice explicitement voulu et imposé par le Père pour la rédemption des hommes. » C. vi, p. 87.

e. — Si parfait soit-il, le sacrifice de la croix n’est qu’une partie du sacrifice complet de Notre-Seigneur. « Il est le sacrifice de la rédemption et du mérite » ; Jésus « y apaise par son sang la colère de Dieu et satisfait à sa justice, en portant la peine, le supplice et la malédiction due aux pécheurs. Il y expie le péché et y meurt pour le salut du monde ». Mais ce sacrifice « ne donne pas encore actuellement (aux hommes) les grâces et les bénédictions dont il est la source ; il les y prépare et les dispose à les recevoir… Il mérite tout, mais il ne donne et n’applique rien. » C. viii, p. 93-96. « La nécessité du sacrifice de la messe paraît donc visiblement, en ce que nous devons nécessairement participer à l’oblation que Jésus-Christ a

faite de lui-même en la croix, et communier à la victime qu’il y a offerte pour nous », p. 97 ; ainsi le sacrifice de la messe, sacrifice d’application et de sanctification, donne et applique tout, mais il ne mérite rien. P. 96.

I. — Toutefois, partie du sacrifice complet de Jésus-Christ, la messe est elle-même un sacrifice parfait : la sanctification s’y trouve, « puisque c’est le même corps de Jésus-Christ sanctifié et consacré dès le moment de l’incarnation et qui, par sa résurrection, est encore sanctifié et consacré à Dieu d’une autre manière plus parfaite. » L’oblation s’y trouve, car selon Hebr., x, l’oblation faite par Jésus-Christ de lui-même dès son entrée en ce monde a été faite une seule fois, et « par conséquent c’est une oblation permanente, qui. dure toujours, et qui nous oblige de dire que toutes les oblations qui se remarquent dans les divers états de la vie du Fils de Dieu, ne sont qu’une même oblation, et qu’il n’y a jamais eu qu’une seule oblation du corps de Jésus-Christ ; oblation qui s’est faite dans le sein de sa très sainte Mère dès le premier moment de son incarnation, qui a été parfaite en la croix, qui se continue dans la messe, et qu sera éternellement dans le ciel. » Ibid., p. 100.

g. — Si l’oblation de soi-même faite par JésusChrist à la messe n’est que la continuation de l’oblation faite jadis dès l’instant de l’incarnation, elle ne saurait cependant exister sans l’intervention du prêtre, ministre de Jésus-Christ, et qui célèbre la messe. Jésus s’offre par ses ministres. C. v, p. 80. Le rôle du prêtre visible à la messe est de produire, par la consécration, Jésus-Christ par la même action et par la même vertu, par laquelle son Père l’a ressuscité. Et rien de choquant en cela puisque le prêtre ne produit Jésus-Christ sur l’autel que comme instrument ; et la vertu de l’instrument n’est pas différente de celle de sa cause principale. C. vii, p. 92.

/ ;. — Cette oblation, à la messe, est sacrfice, puisque selon saint Paul il n’y a qu’une seule oblation du Christ qui est sacrifice. Et, à la messe, cette oblation se fait par la consécration. Tout le passage du P. de Condren sur ce point est à citer : « On peut trouver facilement qu’il y a oblation de Jésus-Christ en la messe, si on considère les paroles dites par Jésus-Christ au rapport des évangélistes : « Ceci est mon corps, qui est donné pour vous. » Voilà évidemment une oblation du corps de Jésus-Christ, non faite aux apôtres, mais à Dieu pour les apôtres. De même dans ces autres paroles de Jésus-Christ : « Ce calice est la nouvelle alliance en mon sang, lequel calice sera répandu pour vous ; ou, selon le grec, qui est répandu." Voilà un sang répandu dès lors pour les apôtres en la rémission des péchés ; voilà une effusion de sang qui précède celle de la croix. Vous voyez dans ces paroles qu’il y a deux donations du corps de JésusChrist : l’une à Dieu pour le monde, quod pro vobis datur, qui est donné pour vous ; l’autre au monde pour Dieu : accipite et comedite, prenez et mangez. La première est le sacrifice ; l’autre est la communion du sacrifice. Remarquez de plus que ces paroles des évangélistes sont toutes des termes de sacrifice. Enfin, l’oblation est même bien plus expresse à la messe que sur la croix ; car en la croix, elle ne paraît point, et on ne lit nulle part dans les écrits des évangélistes que Jésus-Christ se soit offert sur la croix ; au contraire, vous n’y voyez qu’un meurtre et qu’un sacrilège, et cette oblation y est couverte du massacre horrible d’un homme crucifié. Il n’y a que saint Paul qui depuis nous ait enseigné cette oblation que Jésus-Christ a faite de lui-même à la croix ; au lieu que dans l’institution de l’eucharistie et du mystère de la messe, JésusChrist dit lui-même très clairement qu’il est offert pour ses Apôtres et pour plusieurs, et offert dans le