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    1. MESSE ET RÉFORMATEURS##


MESSE ET RÉFORMATEURS, LUTHER

lusi ;

jusqu’à nos iours, 1926, Paris ; on trouvera dans ce magistral ouvrage non seulement une anthologie des morceaux les plus importants de la littérature patristique et théologique concernant le sacrifice de la messe, non seulement une analyse aussi complète que possible de la pensée des Pères et des théologiens dans son développement touchant l’idée de ce sacrifice, mais une synthèse qui) fondée sur cette analyse, contribue encore, même après le chef-d’œuvre du Père de la I aille, a mieux faire comprendre la messe, et a mieux saisir parmi les opinions théologiques contemporaines celle qui est en continuité plus profonde avec la tradition ancienne.

Ouvrages non catholiques.

 C. G. Gore, Dissertations

on subiects connected witli the Incarnation, 3 a édit., 1907 ; du même, The Bodu of Christ, 3e édit., Londres, 1903 ; F. Loofs, Leitfaden zum Studium der Dogmengeschichle, 4e édit., Halle, 1906 ; du même, art. Abendtnahl, dans Prolest. Realeneiieloiiàdic, t. i ; A. Harnack, Lehrbuch der Dogmengeschichte, 4e édit., Fribourg, 1910 ; R. Seeberg, Lehrbuch der Dogmengeschichle, 3e édit., Leipzig, 1913 ; F. Kattenbusch, ait. Messe, dans Protest. Realencgelopàdie, t. xit ; R. Lawson, L’eucharistie dans saint Augustin, dans Reime d’histoire et de littérature religieuses, nouv. sér., t. VI, 1920, p. 99 sq., 472 sq. ; F. Wiegang, Dogmengeschichte des Mitlelalters und der Neazeit, Leipzig, 1919 ; G. Wetter, AUchristliche Liturgien : I. Das christliche Mysterium, Gœttingue, 1921 ; IL Das christliche Opfer, 1922 ; H. Lietzmann, Messe und Herrenmahl. Eine Studic zur Geschichlc der Liturgie, Ronri, 1926.

A. Gaudel.


IV. LA MESSE DURANT LA PÉRIODE DE LA RÉFORME ET DU CONCILE DE TRENTE. —

Jusqu’ici la doctrine catholique du sacrifice de la messe n’a pas rencontré sur son chemin de sérieuses oppositions. D’où il suit qu’autant elle s’installe paisiblement dans la spéculation des écoles, autant elle tient peu de place dans les actes ecclésiastiques officiels, le magistère ordinaire suffisant à maintenir et à propager une croyance que personne encore ne contestait. Avec la Réforme, au contraire, allait surgir l’opposition la plus directe et la plus violente : ce qui fournirait à l’Église l’occasion de dresser en face de ses contradicteurs la définition solennelle de sa foi. —
I. Négations de la Réforme.
II. Réaction de la théologie catholique (col. 1099).
III. Définitions du concile de Trente (col. 1112).

I. Négations de là Réforme.

De graves dissentiments éclatèrent, dès la première heure, entre les réformateurs sur le sens et la valeur de l’eucharistie. Mais tous, luthériens ou sacramentaires, furent d’accord pour refuser à la messe le caractère sacrificiel que la chrétienté lui avait toujours reconnu. Voir M. Lepin, L’idée du sacrifice de la messe d’après les théologiens, p. 241-252 ; Fr.-S. Renz, Die Geschichte des Messopfer-Beyrifls, t. ii, p. 1-35.

I. ÉGLISES luthériennes.

Il était réservé à la Réforme allemande tout à la fois de déchaîner la guerre contre l’Église catholique et d’organiser les communautés acquises au nouvel Évangile. Si la première tâche autorisait le radicalisme doctrinal le plus complet, la seconde appelait quelques ménagements à l’égard des usages reçus. La position théorique et pratique des Églises luthériennes sur la messe se ressent de cette double inspiration.

Doctrine de Luther.

Tous ses principes et toutes ses passions de réformateur s’accordaient chez Luther à lui faire rejeter la doctrine traditionnelle de la messe. Voir Luther, t. ix, col. 1305-1306. Aussi ce point est-il un de ceux sur lesquels il devait particulièrement s’acharner. La raison en est qu’il avait le sentiment de s’attaquer par là, non pas à un détail seulement, mais à la pierre angulaire de la citadelle catholique. Triumphata missa puto nos totum papam triumphare, alfirmait-il dans son écrit Contra Henricum regem Angliæ (1522), édit. de Weimar (désignée dans la suite sous le sigle V.), t. x b, p. 220. L’importance de l’enjeu explique aisément la violence de l’assaut.

1. Débuts de la Réforme. Prêtre et moine, Lu Hier avait, non seulement étudié, niais vécu la doctrine de l’Église sur le sacrifice de la messe. Aussi a-t-on pu en relever de multiples échos dans les écrils de sa période catholique. J, Kostlin. I.utlwrs Théologie, 3e édit., Stuttgart, 1901, 1. 1, p. 96-98.

Un trait cependant semble déjà suggérer la direction de ses tendances futures. Luther n’admet pas que la communion eucharistique soit séparée de la parole de Dieu. Dict. sup. Psalt. (1513-1510), ps. ex, W., t. iv, p. 236 : Simul enim sacramentum et Evangelium est sumendum. D’où il concluait, Decem prxcepta… prsedicata populo (1518), W., t. i, p. 441-445 : Ideo non licet missam perficere sine evangelio, privatam privalo, publicam publico. Voir de même son explication du Pater en allemand (1519), W., t. ii, p. 112. Mais ceci ne signifie pas qu’il élève encore de doute sur la réalité du sacrifice de la messe. Kostlin, op. cit., p. 146.

Il n’y a pas lieu d’insister sur le fait que Luther donne parfois à la messe le nom de sacrificium laudis. Voir, par exemple. Dict. sup. Ps., xlix, 1 et 14, W., t. iii, p. 280, 282-283. Car cet aspect très réel n’empêche pas qu’elle en présente aussi d’autres et le réformateur admet, aux mêmes endroits, que la messe agit ex opère operato, encore qu’il incite à y ajouter le sacrifice personnel.

Dans un sermon en langue allemande sur le SaintSacrement, imprimé en 1520, W., t. vi, p. 78-83, Luther gardait encore le silence sur la question de sa valeur sacrificielle. Kostlin, op. cit., p. 203-264. Mais il n’allait pas tarder à marquer son opposition à cet article de la foi catholique.

Sa conviction était déjà faite dans son célèbre sermon sur les bonnes œuvres (1520), W., t. vi, p. 231, où il l’esquisse en quelques mots et annonce pour plus tard un plus long développement. Ce fut l’objet d’un sermon spécial « sur le Nouveau Testament, c’est-àdire sur la sainte messe », qui parut la même année. lbid., p. 353-378. L’auteur y soutient l’idée que de concevoir la messe comme un sacrifice est « le pire des abus », p. 365, qu’elle n’est pas autre chose qu’un testament, c’est-à-dire un bienfait reçu de Dieu, et non pas une offrande faite— à Dieu. Il n’y a là de sacrifice que dans les prières d’action de grâces que nous adressons à Dieu en reconnaissance des biens reçus de lui. Et Luther de se référer à l’époque primitive où les fidèles portaient à l’église des dons en nature, que le prêtre bénissait et sur. lesquels il prononçait une oraison eucharistique. De cet usage il voit une survivance dans le rite de l’offertoire : mais, à partir de là, rien dans la messe n’atteste qu’elle soit un sacrifice.

La même doctrine se fait jour dans le De captivilate babylonica (1520), où il mentionne comme « troisième captivité » du Saint-Sacrement le fait qu’il soit conçu comme une bonne œuvre et un sacrifice. Ibid., p. 512. D’après lui. il ressort de l’Écriture que la messe est d’abord et avant tout un testament, c’est-à-dire promissio remissionis peccatorum a Deo nobis farta, et talis promissio quæ per mortem Filii Dei firmala sil, p. 513, promesse qui s’accompagne d’un signe sensible, savoir le sacrement du pain et du viii, p. 518, mais qui ne saurait avoir d’autre but ni d’autre elïet que d’exciter en nous la foi qui justifie. P. 517-520. C’est donc une prétention impie que de vouloir en faire une bonne œuvre applicable aux autres, p. 521 : ce caractère peut tout au plus convenir aux prières dont la messe est l’occasion. P. 522. F.lle n’est pas davantage un sacrifice : le Christ n’a pas célébré un acte rituel, mais un repas ; tout ce qui s’est ajouté depuis à cette simplicité de la première cène n’est qu’un cérémonial sans valeur. La même conclusion résulte des prémisses antérieurement établies sur l’essence de la messe : Répugnât missam esse sacrificium, cum illam reci-