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MESSE DANS L’ÉGLISE LATINE, SAINT AMBROISE


comme prêtre éternel pour nous auprès de son Père en lui représentant sa mort : Apud Pal rem advocatus assislit. In ps. XXXVIII ; cf. In ps. XXXIX, 8, t. xiv, col. 1060 : Quid enim lum proprium Christi quain advocatum apud Deum Patron adstare populorum modem suam ofjerrc pro cunctis ?

A l’idée d’offrande, le passage suivant ajoute l’idée d’immolation pour caractériser ce qui se passe sur l’autel. Atque utinam nobis quoque adolentibus allaria, sacrificium dejerentibus assistât angélus… Non dubites assistere angelum, quando Christo assista, quando Christus immolaiur. In Luc, t. I, 28, t. xv, col. 1545. A l’autel nous est servi l’agneau immolé sur la croix : Audi dicentem : Paseha nostrum immolatus est Christus. Et considéra.quemadmodum parentes nostri in figura diripicntes agnum manducabant, significantes Domini Jesu passioncm cujus quotidie vescimur sacramento. In ps. xliii, 36, t. xiv, col. 1107.

C’est donc par sa passion que le Sauveur est devenu une chair immolée ; on dira sans doute qu’il est immolé tous les jours, mais dans ce sens seulement que sur l’autel sa chair immolée est mise à notre disposition.

Le sacrifice de l’autel est efficace, il a pour but de remettre les péchés : Ante agnus ofjerebatur… nunc. Christus offertur, sed offertur q-uasi homo, quasi recipiens passionem, et offert se ipse quasi sacerdos, ut peccata nostra dimiltat, hic in imagine, ibi in veritate, ubi apud Patrem jus nobis quasi advocatus intervenu. De officiis, I, xlviii, 238, t. xvi, col. 94.

Dans la célébration de l’oblation, le Sauveur restaure le fidèle du festin de son corps en qui se trouve « la rémission des péchés, le gage de la protection éternelle et de la divine réconciliation ». In ps. xcvni, 48, t. xv, col. 1314. — La communion produite par l’oblation sacrée persévère au delà du tombeau ; c’est ce que signifie le dépôt fait sur les tombes de l’aliment divin : Supra sepulchra majorum quædam ponamus quæ leclor agnoscis, infidelis intelligcre non débet : non quod cibus imperctur aut polus, sed sacræ oblationis veneranda communio revcletur. In Luc, t. VII, 43, t. xv, col. 1710.

Saint Ambroise paraît bien, l’un des premiers à notre connaissance, donner à l’oblation de l’autel le nom de « messe ». On trouve ce mot dans une lettre d’Ambroise à sa sœur ; il lui raconte l’irruption des ariens dans une église où il célébrait les saints mystères. Cette expression, d’après le contexte, paraît bien désigner le service eucharistique, et non pas seulement la liturgie des fidèles en général : il s’agit en effet de la liturgie dominicale après le renvoi des catéchumènes. .. Ego tamen mansi in munere, missam faccre cœpi. Dum offero, raptum cognovi…, amarissime ftere et orare in ipsa oblatione Deum cœpi. Epist., xx, 4 et 5, t. xvi, col. 995. Missa semble bien ici interchangeable avec oblatio.

3. A Brescia.

C’est une doctrine catéchétique très proche de celle de saint Ambroise que saint Gaudenlius, ami et contemporain de l’évêque de Milan, enseigne dans une homélie à ses fidèles.

Il y expose en dehors de la présence des catéchumènes la tradition de son Église, telle que la doivent connaître les néophytes. Aux anciens sacrifices où l’on immolait plusieurs victimes en figure de la passion il oppose la vérité du sacrifice céleste institué par le Christ ; il n’y a plus maintenant qu’une victime jadis immolée qui aujourd’hui refait, vivifie et sanctifie les âmes : Ergo in hac verilate qua sumus, unus pro omnibus mortuus est ; et idem per singulas ecclesiarum domos, in myslerio panis ac vini, reficit immolatus, vivificat creditus, consecrantes sanctificat consecratus. De Exodi lectione, serm. ii, P.L., t.. xx, col. 855. Telle est, énoncée avec une précision catéchétique, la part active du Christ à l’autel. C’est sa puissance créatrice

qui fait du pain et du vin son corps et son sang. Ibidem.

Il y a dans le sacrifice eucharistique un élément figuratif et une réalité vivifiante. Le symbole sensible, c’est le pain et le vin qui représentent la passion. Le Sauveur a choisi ces éléments à raison de leur aptitude à figurer le mystère du Calvaire. A la suite de saint Cyprien, l’évêque de Brescia rappelle que le vin représente le sang de la passion, que le pain est par lui-même une figure du corps crucifié et du corps mystique du Christ. La réalité offerte sous ces symboles est un « don inénarrable » que l’on ne peut apprécier sans la foi et une préparation morale ; c’est le gage de la présence du Christ. Jusqu’à la fin du monde, le Christ a voulu que les prêtres célébrassent ces mystères, afin que prêtres et fidèles tous les jours aient sous les yeux l’image de la passion et s’en approprient les mérites : exemplar passionis Christi ante oculos habentes quotidie, et gerentes in manibus suis, ore etiam sumentes ac peclore, redemptionis noslræ indelebilem memoriam teneamus. Ibid. Ces mystères nous dispensent le viatique de notre vie terrestre.

L’auteur du De sacramentis (voir Eucharistie, col. 1157), contemporain de Gaudentius, écrit peut-être à Ravenne vers la fin du ive siècle : il se fait dans son livre l’écho et le commentateur non seulement du De mysteriis de saint Ambroise, mais encore de la tradition liturgique de Rome, cujus typum in omnibus sequimur et formam. De sacram., iii, 5, P. L., t. xvi. col. 433.

Chez lui, comme chez Ambroise, « l’accent est mis sur la consécration — le terme est destiné à devenir technique — la consecratio est opérée miraculeusement par les paroles que le Christ a le premier prononcées à la cène ». P. Batilfol, op. cit., p. 349. Mais il ne se contente point de souligner cette action miraculeuse ; les formules du canon qu’il cite, le commentaire dont il les accompagne sont l’expression de ! a foi traditionnelle en la réalité sacrificielle de l’eucharistie. Cette réalité se traduit dans l’idée d’offrande qu’il exprime soit dans le canon cité, soit dans le corps du livre. Fac nobis hanc oblationem ascriptam, offerimus tibi hanc immaculatam hostiam… Et pelimus et precamur ut hanc oblationem suscipias. L’auteur voit cette offrande sacrificielle figurée par Melchisédech, quando obtulit sacrificium. v, 1, col. 445.

Cette offrande prescrite par le Sauveur aux apôtres est destinée à perpétuer représentativement et efficacement ce qui s’est accompli sous leurs yeux. Représentativement : les éléments du pain et du vin sur l’autel, soit avant, soit après la consécration, sont une figura corporis et sanguinis Christi : Sicut enim mortis similitudinem (Rom., vi, 5) sumpsisti, ita etiam similitudinem pretiosi sanguinis bibis, ut nullus horror cruoris sit et pretium tamen opervtur redemptionis. iv, 20, col. 443 ; v, 25, col. 452. — Efficacement : Ce n’est point en effet un simple rappel du mystère, puisque sous la similitude du précieux « sang », le fidèle en communiant à la victime reçoit « le prix de la rédemption ». A la mandueatioh du corps eucharistique est attachée la rémission des péchés : Qui manducavcrit hoc corpus, fiel ei remissio peccatorum. iv, 24, 28, col. 444, 446. Manger ce corps, c’est annoncer la mort rédemptrice, mais c’est aussi participer en cet aliment à la substance divine inséparable de la chair du Christ.

En Afrique.

Saint Optât de Milève, dans son

ouvrage contre les donatistes, De schismate, VI, i, P. L., t. xi, col. 1065, 1066, ne fait que des allusions, mais combien claires, à l’autel, au sacrifice du corps du Christ, à la descente du Saint-Esprit sur lesoblats, aux fruits du sacrifice eucharistique. Le crime des donatistes est d’avoir renversé les autels, in quibus