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    1. MESSE DANS L’ÉGLISE LATINE##


MESSE DANS L’ÉGLISE LATINE, SAINT AMBROISE

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relevé, non point seulement pour sa valeur intrinsèque qui est grande, mais aussi pour l’importance qu’il a eue dans la formation de la croyance et de la théologie du Moyen Age et pour la place qu’il a tenue dans les controverses postérieures.

1° En Gaule. —.S’< « ’; i/ H i luire de Poitiers († 366) est un écho de l’Église d’Orient aussi bien que de celle d’Occident : à ce litre son témoignage sur le mystère eucharistique est doublement intéressant. S’il insiste surtout sur la réalité de la chair eucharistique, voir art. Eucharistie, t. v, col. 1151 et Hilaihk (Saint), t. vi, col. 2452. il n’est point satisfaire des allusions claires au caractère sacrificiel de cette chair. Indépendamment des textes où il associe les idées d’autel, de sacrifice et de prêtre, il faut citer ici ceux où il parle de la table des sacrifices, In ps. Lxvin, 19, P. L., t. ix, col. 482, du caractère et de l’effet de l’aliment que l’on y trouve.

C’est un aliment immolé, donc sacrificiel, vere paschee agni sanguine liberandus immolât, vere in azymis sinceritatis eptjlvtur… Comment l’eucharistie est-elle une immolation, saint Hilaire ne le dit point. Ce qui le préoccupe, c’est de marquer le lien d’unité non seulement moral, mais physique, qu’elle établit entre le Verbe et nous, et entre tous les fidèles. De Trin., t. VIII, c. xiii, P. L., t. x, col. 245 et 246. Plus tard saint Augustin en appellera à la doctrine d’Hilaire sur la chair du Christ contré Julien d’Éclane. Opus imp. c. Jul., VI, 33, P. L., t. xlv, col. 1587.

En Italie.

l.A Rome. — Saint Jérôme († 420).

Quoique saint Jérôme n’ait tenté nulle part dans ses écrits de donner une explication complète du mystère eucharistique, il est cependant, du fait des nombreuses allusions contenues dans ses commentaires, un témoin du réalisme sacrificiel tel que, sans doute, on le comprenait dans l’Église de Rome à son époque.

La passion du Christ est au centre de tous les sacrifices. Melchisédech est une image du Christ à la cène et l’annonce du mystère de son corps et de son sang : Melchisédech qui jam tune in lypo Christi panem etvinum obtulit, et mysterium christianum in Salvatoris sanguine et corpore dedicavit. Epist., xlvi, 2, P. L., t. xxii, col. 484 ; In Matth., t. IV, c. xxvi, 26, t. xxvi, col. 195. — Le Sauveur lui-même à la cène a présenté l’eucharistie comme une image de sa passion : quod in typum suie passionis expressif. Adu. Jov., ii, 17, t. xxiii, col. 311.

Aujourd’hui la liturgie eucharistique tire sa dignité de ce qu’elle est le culte de la passion : qum ad cullum dominical passionis pertinent non quasi inania, sed ex consortio corporis et sanguinis Domini eadem qua corpus et sanguis majestate veneranda. lbid. Ce n’est point là un mémorial vide : la victime du sacrifice quotidien de l’Église, c’est le Sauveur. Vitulus saginatus qui ad psenitentis immolatur salutem, ipse Salvator est cujus quolidie carm pascimur. Epist., xxi, 26, t. xxii, col. 388. Se miretur leclor, si idem et princeps est, et vitulus, et aries, et agnus. In Ezech., t. XIV, C. xlvi, 12, t. xxv, col. 462. C’est la vraie Pâquc qui nous fait manger la chair du véritable agneau, et nous fait passer ainsi des choses terrestres aux choses célestes. In Matth., t. IV, c. xxvi, t. xxvi, col. 195.

L’Ambrosiaster rencontre la question de l’eucharistie dans l’exposition du passage classique, I Cor., xi, 23, 29. — Il voit dans le mystère de l’autel un mémorial vivant de la passion salvifique où l’on mange et boit la chair et le sang qui ont été olferts sur la croix, où l’on participe en mémoire, in typum, du bienfait de la rédemption au calice mystique du sang pour la protection du corps et de l’âme. C’est un mémorial efficace etnon un repas ordinaire : Ostendit illis (Christus) mysterium eucharistiie inter cœnandum celebratum non ccenam esse ; medicina enim spi ritalis est… Memoria enim redemptionis nostrx est, ut redemptoris memores majora ab eo consequi mereamur. I Cor., xi, P.L., t. xvii, col. 242 et 243.

C’est surtout par la communion au corps et au sang du Christ que nous figurons le bienfait rédempteur et que nous nous l’approprions. Enfin le mémorial eucharistique doit être célébré exactement comme il a été institué par le Seigneur pour ne pas être indigne de lui. C’est dire, avec la tradition, que le mystère de l’autel est la reproduction de la cène.

2. A Milan.

Saint Ambroise († 397). — Comme saint Cyrille par ses catéchèses à Jérusalem, saint Ambroise, à Milan, se fait l’écho de la tradition catéchétique et liturgique de son Église dans le De mysteriis. Il s’y préoccupe de donner à son peuple l’intelligence des mystères chrétiens. De ce livre et des autres ouvrages de saint Ambroise se dégage une doctrine assez explicite sur le sacrifice eucharistique.

L’eucharistie y apparaît comme un mémorial delà passion dans lequel le Sauveur lui-même, par l’action miraculeuse de sa parole mise dans la bouche du prêtre, convertit le pain et le vin en son corps et en son sang pour offrir ce corps et ce sang en vue du salut des fidèles.

a) Caractère relatif du sacrifice eucharistique. — Ce caractère est insinué dans le De mysteriis, c. ix, 53, P. L., t. xvi (édit. de 1845), col. 407, où le corps eucharistique consacré par le prêtre est présenté comme le sacrement de la chair qui a été crucifiée : Vera ulique caro Christi quæ crucifixa est, vere ergo carnis illius sacramentum est. Il apparaît plus nettement dans le De fuie où saint Ambroise, comme l’Ambrosiater, nous montre dans la communion même l’annonce figurative de la mort du Seigneur. Le corps et le sang eucharistiques y sont appelés les mortis dominicæ sacramenta. En les recevant, nous annonçons la mort du Seigneur. De fide, IV, x, 124, t. xvi, col. 641.

b) Caractère réel et efficace de ce sacrifice. - — Relatif à la passion, le sacrifice eucharistique n’en est pas moins réel.

Très explicite en faveur de la réalité de ce caractère sacrificiel est le coiïlmentaire du ps. xxxviii où l’idée de l’offrande du corps du Christ à l’autel comme à la cène est si fortement mise en relief. Videmus nunc per imagincm bona, et tenemus imaginis bona. Vidimus et audivimus offerentem pro nobis sanguinem suum ; sequimur ut possumus sacerdotes. Elsi nunc Christus non videtur offerre, tamen ipse offertur in terris, quando Christi corpus offertur, imo ipsi offerre manifestatur in nobis, cujus serpio sanctificat sacrificium quod offertur. Et ipse quidem nobis apud Patrem advocatus assistit ; sed nunc eum non videmus ; tune videbimus, cum imago transierit, veritas venerit… Ascende, homo, in ceelum… Videbis œlcrnum atque perpetuum sacerdotem, cujus hic imagines videbas, Petrum, Paulum. .. In Ps. xxxviii, 25, t. xiv, col. 1051. Ainsi le sacrifice des prêtres à l’autel imite comme il peut le sacrifice du Christ offert à la cène. C’est trop peu dire ; il y a identité de victime et de prêtre à l’autel et à la cène : « Le corps du Christ est olïert : l’idée sacrificielle est ramassée en un seul mot. Ambroise insiste, le Christ offre lui-même son corps, puisque la parole du Christ sanctifie le sacrifice olïert ». P. Ratilîol, L’eucharistie, 7e édit., p. 344.

Cette offrande s’exprime clairement au dehors par la parole efficace du Christ à la cène, répétée par le prêtre au momeJit de la consécration. C’est la puissance miraculeuse de cette parole, semblable à l’efficacité de la puissance créatrice, qui convertit la nature des éléments au corps et au sang du Christ. De mysteriis, c. ix, t. xvi, col. 406. Cette offrande consiste invisiblement pour le Christ à intercéder