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APOCALYPSE — APOCALYPSES APOCRYPHES

générale et un jugement universel, xx, 11-13, que les méchants iront dans l’étang de feu, xx, 14-15, et que Dieu ayant renouvelé toutes choses, xxi, 1, les élus jouiront dans la Jérusalem céleste de la vision de sa gloire et d’un bonheur sans mélange, xxi, 2-xxii, 5. Cf. Bacuez, Manuel biblique, 7e édit., Paris, 1891, t. iv, p. 704-707.

vi. autres dogmes.

On trouve encore mentionnés dans l’Apocalypse le mérite des bonnes œuvres, iii, 4, 11 ; xiv, 13 ; la récompense réservée aux saints, ii, 10, 11, 17, 23, 25, 28 ; vii, 14, 17 ; xiv, 13 ; xx, 6 ; xxi, 7 ; xxii, 12, particulièrement aux martyrs, ii, 13, 26 ; vi, 9-11 ; xii, 11 ; xix, 2 ; xx, 4 ; la puissance et l’efficacité de leur intercession, viii, 2, 4, et la vision béatifique, xxii, 4.

E. Mangenot.



II. APOCALYPSES APOCRYPHES. Nous grouperons:
I. les apocalypses juives ;
II. les apocalypses chrétiennes ; mais dans chaque groupe, nous ne parlerons que des apocalypses dont le texte est publié.

I. Apocalypses juives.

Ces écrits apocalyptiques, composés ordinairement en hébreu ou en araméen, quelquefois en grec, par des Juifs palestiniens ou hellénistes, constituent un genre littéraire à part, une manière de présenter, sous le couvert des grands noms du passé, les leçons et les instructions qui conviennent au présent. Ils nous font connaître la pensée des Juifs orthodoxes au ier siècle avant Jésus-Christ et au ier siècle de notre ère. Leurs auteurs continuent l’œuvre des prophètes et entretiennent dans l’esprit de leurs contemporains la foi au Messie et l’espérance dans un avenir meilleur. Mais tandis que les prophètes, remplis de l’inspiration divine, s’adressaient directement au peuple et présentaient leurs paroles et leurs écrits comme des oracles divins, les écrivains apocalyptiques empruntent les noms de personnages antérieurs et font parler les anciens patriarches, Hénoch, Moïse, Esdras. Leurs livres sont donc pseudépigraphes. Cette pseudonymie est l’indice que le temps de la prophétie est passé. L’objet des apocalypses juives est très varié. L’histoire ancienne est racontée sous forme de prédiction jusqu’à l’époque de l’écrivain. La réalisation des faits antérieurs est de nature à donner de l’autorité aux avertissements du soi-disant prophète, et de la certitude à ses espérances messianiques. Les pécheurs sont réprimandés et blâmés, les justes consolés et encouragés. On y trouve aussi la révélation des mystères des cieux, de la nature, ou la solution des problèmes théologiques qui préoccupaient alors les esprits, et en particulier ce qui concerne la fin des temps. W. Bousset, Die Offenbarung Johannis, Gœttingue, 1896, p. 1-11, et art. Apocalyptik jüdische dans Realencyklopädie für protestantische Theologie, 3e édit., Leipzig, 1896, t. i, p. 612-615, a essayé de synthétiser les éléments constitutifs de l’apocalyptique juive. Cf. Revue biblique, t. vii, 1898, p. 455-456.

Ces enseignements si divers sont présentés sous forme de révélations symboliques, souvent énigmatiques. Ainsi, les personnes paraissent sous la figure d’animaux, et les événements historiques sous l’image de phénomènes naturels. Le sens en est parfois expliqué, ou se laisse plus ou moins clairement deviner ; d’autres fois, il reste obscur et enveloppé de mystère. Ces voiles, plus ou moins transparents, cachent et manifestent une pensée politique : la haine contre l’étranger, le païen, oppresseur du peuple juif. Composées pour la plupart à une époque de trouble, alors que les Juifs gémissaient sous la domination romaine, les apocalypses juives reflètent bien la situation. Leurs auteurs font ressortir le contraste qui existe entre l’idéal de la nation et la triste réalité présente, entre les antiques promesses de Dieu et l’asservissement de son peuple sous le joug des païens persécuteurs ; mais ils gardent la foi la plus inébranlable dans l’avenir. Aussi leur but est-il éminemment pratique. Ils veulent réveiller ou faire naître chez leurs contemporains la fui qui les anime. Dieu n’éprouve son peuple que pour le purifier et le récompenser davantage. Israël n’est pas fait pour servir, mais pour régner. Les apocalypses exercèrent une influence puissante et efficace ; elles entretinrent dans le monde juif l’opposition à l’empire romain et provoquèrent plusieurs fois la révolte. Au point de vue religieux, elles ne sont pas le manifeste d’un parti, d’une secte ou d’une école. Leurs auteurs ne sont ni des pharisiens ni des esséniens ; ce sont des individus animés d’un grand esprit de religion, qui cherchent à raviver la foi de leurs compatriotes et représentent le judaïsme orthodoxe. Ils reprochent les infractions faites à la loi mosaïque et recommandent la pratique de la religion juive. Il ne faut donc pas chercher leurs inspirations dans des sources étrangères. Leurs doctrines et leurs symboles ne sont pas empruntés aux vieux mythes chaldéens ou iraniens, comme l’a prétendu Gunkel, Schöpfung und Chaos, 1894. Ils dérivent de la tradition juive, complétée par le travail de la pensée juive et de l’exégèse juive. Les éléments eschatologiques et apocalyptiques ont été fournis par les anciens prophètes et se retrouvent pour le fond et l’ensemble dans Isaïe, Ézéchiel et Daniel. Cf. Revue d’histoire et de littérature religieuses, 1897, t. ii, p. 467-468. L’Apocalypse de saint Jean n’appartient pas à ce genre littéraire. Les symboles qu’elle a de commun avec les apocalypses juives ont été puisés aux mêmes sources traditionnelles. Elle a des éléments originaux et elle donne du relief aux idées reçues de la tradition hébraïque. Elle n’est pas pseudonyme ou pseudépigraphe. A l’exemple des anciens prophètes, l’auteur se nomme ; il a d’ailleurs la conscience très nette de son inspiration prophétique. Cf. Revue biblique, 1898, t. vii, p. 456-457. Voir E. Schürer, Geschichte des jüdischen Volkes im Zeitalter Jesu Christi, 3e édit., Leipzig, 1898, t. iii, p. 181-185.

I. livres d’hénoch.

1. Livre éthiopien.

Ce livre, dont le texte original était hébreu ou araméen, a été conservé intégralement dans une version éthiopienne, rééditée par Dillmann, Liber Hénoch æthiopice, 1851, traduite en allemand par le même, Das Buch Henoch übersetzt und erklärt, Leipzig, 1853, et en anglais par Charles, The Book of Henoch, Oxford, 1893. Il a été partiellement retrouvé en grec dans un tombeau d’Akhmîm et édité par Bouriant, Fragments grecs du livre d’Hénoch, dans les Mémoires publiés par les membres de la mission archéologique française au Caire, t. ix, 1892, fasc. 1er, p. 93-147, et traduit par A. Lods, Le livre d’Hénoch, Paris, 1892. Une édition critique a été publiée par Flemming, Leipzig, 1902, et une traduction allemande par Flemming et Radermacher, Leipzig, 1901. Cette Apocalypse, d’une étincelante poésie, est, dans son état actuel, une compilation qui se compose de deux morceaux principaux : une vision historique datant du règne de Jean Hircan, de l’an 110 environ, et trois paraboles messianiques, du temps d’Hérode le Grand (404 avant J.-C), avec de sensibles retouches chrétiennes.

La vision historique comprend les chapitres i-xxxvi et lxxii-cv. Les trente-six premiers chapitres contiennent la vision qu’Hénoch a eue, par l’intermédiaire des anges, sur le jugement dernier. Les cinq premiers servent d’introduction. Hénoch annonce que Dieu lui-même jugera tous les hommes, même les justes, à la fin du monde, avec dix mille de ses saints ; il punira les méchants et bénira les élus. Le patriarche justifie les jugements divins en montrant que, tandis que l’ordre règne partout ailleurs, les hommes se livrent au désordre et à l’iniquité. Au chapitre vi, il raconte la prévarication de deux cents anges qui eurent un commerce charnel avec les filles des hommes, engendrèrent les géants et livrèrent au monde des secrets et des connaissances funestes. La terre se remplit de violence et les âmes des morts élevèrent leurs cris vers le ciel. Les bons anges demandèrent vengeance au Très-Haut et le déluge fut décidé. Hénoch fut enlevé de terre et il fut chargé d’annoncer