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APHRAATE — APOCALYPSE

Sur les autres points de doctrine, Aphraate fournit de très précieux témoignages en faveur du dogme du péché originel, de la nécessité des bonnes œuvres, de la pénitence publique, des observances chrétiennes telles que l’abstinence du sang des animaux, du jeûne préparatoire à la Pàque. Il combat les pratiques magiques des Chaldéens, et nous renseigne sur les conditions de la vie ascétique aux débuts du {{rom|iv)e siècle.

Nous avons déterminé ailleurs diverses affinités entre Aphraate et le nouveau document du Testament du Seigneur. Journal asiatique, juin-juillet, 1900, p. 377-380. Mais il serait hors du cadre du présent travail de mettre en relief un plus grand nombre de détails. Ceux que l’on vient de lire suffisent à faire connaître l’importance de noire auteur au point de vue théologique. Moins favorisé devant la postérité que d’autres auteurs syriens auxquels des traductions grecques de leurs œuvres ont valu de bonne heure une place dans la série des écrivains patriotiques et des docteurs de l’Église, Aphraate, pour n’avoir pas appartenu à l’empire romain, nous est demeuré longtemps inconnu, quoique Ignace d’Antioche et Philoxène de Mabug l’eussent mis à contribution dès le {{rom|vi)e siècle. Ses écrits, heureusement retrouvés, nous l’ont révélé comme un ardent défenseur de l’orthodoxie, un excellent interprète des Écritures, un docteur non inférieur en science et en mérite à ceux que l’Église révère.

W. Wright, The homilies of Aphraates, the Persian Sage, edited from syriac manuscripts, Londres, 1869 ; Bickell, Au-gewàhtte Abhandlungen des Bischofs Aphraates von Mar Mathàus, dans Thalhofer, Bibliothek der Kirchenvàter, t. cil, cm, Kempten, 1874 ; C. I. Fr. Sasse, Prolegomena in Aphraatis Sapientis Persx sermones homileticos, Leipzig, 1879 ; J. Fnt’got, De vita et scriptis Aphraatis… Dissertalio theologico-historica, Louvain, 1882 ; G. Bert, Aphrahat’s des persischen Weisen Homilien, aus dem Syrischen ùbersetzt und pr/âi(fé, r/, dansGebhardtetHarnack, Texte und Untersuchungen der altchristlichen Litcratur, ni, 3, Leipzig, 1888 ; J. Parisot, Aphraatis Demonstrationes, dans Palrologia syriaca, de M"Graffin, Paris, 1894, 1. 1 ; 1907, t. n ; Schwen, Afrahat, sein Person und sein Verstàndnis des Cliristentums, Berlin, 1907.

J. Parisot.


APHTARDOCÈTES Voy. Eutychianisme.

APIARIUS DE SICCA. Voy. Urbain de Sicca.


APOBOLYMÆUS Jean, ou Findeling, religieux franciscain de la première moitié du xvie siècle, a composé un ouvrage intitulé : Lutheri anti-Lutherana opera Fr. Johannis Apobolymæi, alias Findeling, minoritæ, Stamonesii congesta : assertionis Lutheranæ confutatio centum locorum, in quibus ipse Lutherus sibi ipsi contradicit, jam primum excusa, in-8°, 1528.

B. Heurtebize.

1. APOCALYPSE. Nous étudierons d’abord le livre canonique de l’Apocalypse, puis ensuite les principales apocalypses apocryphes.

I. APOCALYPSE (Livre de I’). Ἀποκάλυψις Ἰωάννου, Apocalypsis sancti Joannis, dernier livre canonique de la Bible et le seul livre prophétique du Nouveau Testament. A raison de l’obscurité de son contenu, cette révélation a donné lieu, de nos jours, à d’ardentes controverses au sujet de son autorité canonique, de son authenticité et de la date de sa rédaction, et de tout temps elle a été interprétée dans des sens bien différents. Nous traiterons successivement et brièvement :
I. de sa canonicité ;
II. de son authenticité ;
III. du lieu et de la date de sa composition ;
IV. du texte et des versions ;
V. de l’histoire de son interprétation ;
VI. des principaux enseignements doctrinaux qu’on y rencontre.

I. Canonicité.

1. Témoignages du iie siècle en sa faveur.

C’est dans l’Asie Mineure, la pairie de l’Apocalypse, que nous trouvons les premiers renseignements relatifs à son existence et à sa réception dans l’Église comme livre canonique. Saint Ignace d’Antioche, Ad Ephes., xv, 3, Funk, Opera Patruni apostolicorum, Tubingue, 1887, t. i, p. 184, fait allusion à Apoc, xxi, 3. Saint Papias, disciple de saint Jean, attestait, au rapport d’André de Césarée, In Apoc. comment., P. G., t. cvi, col. 220, aussi bien que saint Irénée, saint Méthode et saint Hippolyte, la crédibilité, τὸ ἀξιόπιστον, c’est-à-dire l’autorité divine de ce livre. L’évêque de Césarée cite aussi, col. 325, deux observations de Papias sur Apoc., xii, 7. Saint Irénée, Cont. hær., v, 30, n. 1, P. G., t. vii, col. 1203, a appris des vieillards qui avaient vu saint Jean la signification du chiffre de la Bête. En dehors de l’Asie Mineure on n’a relevé que des rapprochements peu concluants entre l’Épître de Barnabe, xxi, 3, et Apoc, i, 33 ; xix, 11, et Apoc, xxii, 18, 19. Funk, Op. Pat. apost., t. i, p. 54, 56. L’auteur du Pasteur d’Hermas ne se sert pas de l’Apocalypse, qui peut-être n’était pas encore connue de son temps à Borne. Saint Justin, Dial. cum Tryphone, 81, P. G., t. vi, col. 670, cite expressément l’Apocalypse et il l’emploie avec les prophéties de l’Ancien Testament pour prouver le règne du Christ à Jérusalem pendant mille ans. Il la regarde donc comme un document de la révélation, comme la prophétie chrétienne correspondant aux prophéties de l’ancienne alliance. Durant la seconde moitié du iie siècle, les documents abondent en faveur de la canonicité de l’Apocalypse, et aucun autre livre du Nouveau Testament n’est attesté par d’aussi nombreux témoignages. Dans sa patrie, l’Asie Mineure, nous la voyons aux mains des montanistes. Saint Méliton de Sardes a composé un traité Περὶ τοῦ διαβόλου καὶ τῆς ἀποκαλύψεως Ἰωάννου, Eusèbe, H. E., iv, 26, P. G., t. xx. col. 392, qui est perdu. Pour réfuter les montanistes, Apollonius se servait de témoignages empruntés à l’Apocalypse de Jean. Eusèbe, H. E., v, 18, col. 480. Saint Théophile d’Antioche agissait de même dans son traité contre Hermogène. Eusèbe, H. E., iv, 24, col. 389. Saint Irénée cite souvent l’Apocalypse, par exemple, Cont. hæres., iv, 20 ; v, 26, P. G., t. vii, col. 1040, 1192, et il ne laisse pas supposer la moindre opposition contre elle. Ce saint évêque ayant passé de l’Asie Mineure en Gaule, il n’est pas étonnant que la lettre des églises de Lyon et de Vienne aux communautés d’Asie Mineure cite Apoc, xiv, 4 ; xxii, 11 ; Eusèbe, H. E., v, 1, P. G., t. xx, col. 413, 432, ce dernier passage comme Écriture. A la fin du second siècle, Tertullien, avant d’être devenu montaniste, connaît l’Apocalypse et l’admet comme prophétie. Il ne lui sait d’autre adversaire que l’hérétique Marcion. En Egypte, Clément d’Alexandrie suit la tradition ecclésiastique et cite l’Apocalypse, par exemple Pœdag., ii, 10, P. G., t. viii, col. 525. Son disciple, Origène, agit de même. Les valentiniens, Irénée, Cont. hser., i, 15, P. G., t. vii, col. 616 ; Philosnplnimena, vi, 49, P. G., t. xvi c, col. 3278, admettaient l’Apocalypse.

2. Doutes en Orient.

Toutefois, c’est dans l’histoire des hérésies du iie siècle qu’il faut chercher les raisons des doutes et des attaques dont l’Apocalypse a été l’objet. Par réaction contre les montanistes qui appuyaient leurs rêveries millénaristes sur l’Apocalypse, les aloges mirent en doute la valeur prophétique de ce livre. Ils ne se donnaient pas comme les représentants de la tradition ecclésiastique, ils n’invoquaient pas d’arguments dogmatiques, mais exclusivement des raisons de pure critique. Voir plus haut col. 898-899. Leur opposition contre l’Apocalypse ne provient que d’un zèle mal éclairé et se trouve en contradiction avec la tradition antécédente de l’Église entière. Elle fut reprise à Borne par le prêtre Caïus. Adversaire décidé du montaniste Proclus, tout en ne partageant pas les erreurs des aloges, Caïus emprunta à ces derniers des arguments contre l’Apocalypse. Lui non plus ne s’appuie pas sur une tradition contraire à la canonicité du livre, il no fait valoir que des convenances théologiques. Voir col. 900. Mais il