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ANIMATION — ANNAT

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rait communiqué, avec l’impulsion motrice, la faculté de se développer ; les autres, les spermalistes, disent que c’est l’âme du spermatozoïde, dans lequel préexistait également tout l’organisme et qui aurait pris une énergie nouvelle et le pouvoir de s’accroître en se nourrissant de la substance renfermée dans l’ovule. Cf. T. Pesch, Jnstitutiones psychologicse, n. 445, t. il, p. 72. Les partisans de Yépigénèse nient que, dans l’œuf, existe la moindre trace des organes futurs. Pour eux, l’œuf fécondé construit lui-même les organes humains. L’âme qui commence cette œuvre est-elle la résultante de la transformation des deux âmes et des deux substances de l’ovule et du spermatozoïde ? Et alors est-elle une pure âme végétative, ou plutôt une âme déjà animale et sensitive ? La seconde hypothèse serait plus pausible. Est-elle autre chose que la résultante des deux âmes de l’ovule et du spermatozoïde ; est-elle déjà l’âme humaine créée par Dieu au moment de la fécondation et unie à l’œuf fécondé pour y poursuivre l’impulsion vitale qu’elle y trouve ? La chose est possible. — Dans l’état actuel de la question, il semble qu’il n’y ait, ni dans la sainte Écriture, ni dans la tradition, ni dans les documents pontificaux, ni dans la théologie, ni dans la philosophie, ni entin dans la biologie, aucun argument décisif en faveur de l’une des deux animations. La question reste donc libre ; cependant on doit reconnaître que la biologie et les biologistes s’accommodent mieux, de jour en jour, de la théorie de l’animation immédiate.

III. conclusions théologiques.

La question de l’animation intéresse la théologie dogmatique, la théologie morale et la théologie sacramentaire.

La théologie dogmatique étudie les mystères de la conception de Notre -Seigneur et de celle de Marie. — 1. Au sujet de la première de ces conceptions, elle enseigne que l’âme humaine du Christ a été créée par Dieu et unie hypostatiquement au Verbe, dès l’instant même de la conception. Les partisans de l’animation médiate sont obligés de recourir à de nombreux miracles pour expliquer la prise de possession anticipée d’un corps dans le sein de Marie par l’âme humaine du Christ. Cf. Suarez, In Il Impartent, q.vi, disp. VI, Paris, 1866, t. xvii, p. 271 ; q. xxxmi, disp. XI, sect. I, Paris, 1866, t. XIX, p. 180. Les partisans de l’animation immédiate restreignent l’intervention de l’Esprit-Saint dans l’ordre physiologique à l’œuvre d’une fécondation miraculeuse faite par le Tout-Puissant. A partir de cet instant l’âme du Christ est apparue et a organisé le corps adorable de l’Homme-Dieu, suivant les lois communes à toute génération humaine. — 2. Au sujet de la conception immaculée de Marie, les théologiens attestent : a) que la puissance de procréer ayant été donnée miraculeusement à sainte Anne jusque-là stérile, la conception de Marie se fil suivant les lois ordinaires ;  ! >) ce que l’Église célèbre, sous le titre d’Immaculée Conception, c’est la sainteté surnaturelle de l’âme de Marie et sa préservation du péché originel, au moment précis où cette âme fut créée par Dieu et unie à son corps virginal ; c) quoique l’Église célèbre ce mystère le 8 décembre, cependant elle n’a jamais voulu délinir par là que l’âme de Marie ait été créée et unie au corps au moment même de l’acte de la fécondation.

La théologie morale s’occupe de l’animation au sujet de l’avortement. Quoi qu’il en soit de la législation ancienne sur ce point, cf. Salmanticenses, tr. XIII, De viliis et peccalis, disp. X, dub. vi, n. 225, Paris, 1877, p. 391 ; Diana, Résolut, moral., part. VII, tr. V, De aborlu, résolut. 6, Venise, 1652 ; la constitution Aposlollcie Sedis, c. ni, § 2, frappe d’excommunication tous ceux — sauf la mère — qui intentionnellement provoquent l’avortement de quelque fœtus vivant que ce soit. La distinction entre le fœtus formé et le fœtus informe n’existe plus. La suppression voulue de l’un comme de l’autre l’ait encourir la même peine. Cf. Gury, Compendium t/ieol. moralis, De præceplis decalogi, n. 402 ; Lehmkubl, Theologia moralis, t. il, n. 970.

La théologie sacramentaire envisage le problème de l’animation relativement au baptême. Quand un fijetus est mis au jour prématurément, doit-on le baptiser toujours ? ou faut-il ne le baptiser que s’il aalleint un certain degré de développement ? Quelque opinion que l’on suive par rapport à l’époque de l’animation, le doute doit profiter à l’âme, et la solution la plus sûre doit être admise. Par conséquent le fœtus, pourvu qu’il soit vivant, sera baptisé sous condition à n’importe quelle période de son développement.

Outre les auteurs cités dans le corps de l’article, consulter Aristote, De anima, et ses commentateurs sur ce livre et sur le De generatione animalium, l. II, c. iv ; spécialement j. Dandini. De cor pore animato libri VII, seu in Aristotelis très de anima libros commentarius peripateticus, l. II, Cesène, 1651 ; Jean Philoponos, De anima, ad text., 1Il et XXIV, Vienne, -1536 ; Galien, De formatione fœtus, Bàle, 1529 ; Alexandre de Halès, Summa, part. II, q. lxii, ræmbr. ii, Venise, 1575, t. n ; Albertle Grand, Summu de homine, q. vi et vii, Lyon, 1651, t. xix ; S. Bnnaventure, /n IV Sent., l. II, dist. XXXI, a. 1, q. i, Quaracchi, 1885, t. Il ; Cosmas Alamannus, Summa philosophix exvariis libris D. Thomæ Aquinatis, Physicae III pars, q. lxxxix, a. 2, édit. Ehrle, Paris, 18’JO, t. n.sect. iv ; Goudin, Phitosophia thoi istica, Physicae IV pars, disp. unica, q. I, a. 3, 1° conclusio, ad 2°, Civitta-Vecchia, 1859, t. III, p. 362 ; Nouvelle revue théologique, 1879, t. xi, p. 164, De animatiune fœtus ; Palmeri, Instituliones philosophiez, Anthropologia, c. iii, th. xvii, Rome, 1875 ; t. n ; Zigliara, Summa philosophica, Psychologia, l. II, c. H, a. 3, n. 9, 10, Rome, 1886, t. il, p. 165, 166 ; Tongorg, Inslitutiones philosophicæ, Psychologia, n. 213, Bruxelle*s, 1869, t. iii, p. 109 ; Zeph. Gonzalès, Philosophia elementaris, 1868, 1. 1, p. 479 ; La Scicnza italiana, an. III, 1878, t. i, p. 347 ; an. I, t. ii, p. 338 ; an. III, t. I, p. 227 ; Debreyne, Physiologie catholique et philosophique, Paris, 1872, p. 291 ; P. Hilaire de Paris, Notre-Dame de Lourdes et l’Immaculée Conception, Dissertation sur le moment de la création des âmes, Lyon, 1880 ; S. Alphonse de Liguori, Theologia moralis, l. III, tr. IV, c. I, dub. iv, n. 394 sq. ; Revue des sciences ecclésiastiques, janvier 1870, Étude sur l’animation du fœtus, par le docteur Dunot de Saint-Maclou ; D. Mercier, La psychologie, IIP part., c. H, n. 244, 5’édit., Louvain, 1899, p. 540 sq. ; P. Hertwig, Traité d’embryologie, trad. Julin, Paris, 1891, I" part, c. i-vu ; W. Preyer, Plnjsiologie spéciale de l’embryon, trad. Wiet, Paris, 1887, IX’part, et append. i-h ; H. Lebrun, La reproduction, dans Revue néo-scolastique, février et mai 1899, février 1900, Louvain ; Edm. Perrier, La philosophie zoologique avant Darwin, Paris, 1884, c. xviii-xix.

A. CHOLLET.



ANIMISME, voir Vital (Principe).



1. ANNAT François, jésuite français, né à Estaing (Aveyron), le 5 février 1590, admis dans la Compagnie le 16 février 1607, professa la philosophie et la théologie à Toulouse, fut recteur des collèges de Montpellier et de Toulouse, devint assistant de France (1618-1652), provincial, confesseur de Louis XIV en 1654-1670 ; il mourut à Paris le 14 juin 1670. Dès 1644, il commença à publier ses nombreux ouvrages qui sont, presque tous, de controverse contre les jansénistes, dont il fut l’adversaire déclaré. Des polémiques très vives s’ensuivirent. — Scientia média contra novos-ejus impugnatores defensa, in-4o, Toulouse, 1615. La faculté de théologie de Toulouse le censura, le 1° mai 1645, et le Père Charles de l’Assomption (de Bryas), carme, publia contre lui : Scientia média ad examen revocata, in-8o, Douai, 1670. Le Père Ant. de la Loubère, S. J., défendit son confrère contre la censure de Toulouse, et le Père Annat se justifia dans Solutio quæstionistheologiciB, liistoricæ etjuris ponti/icii, quæ fuerit mens concilii Tridenlini circa gratiam ef/icæem et scientiam mediam, in-4o, 164-5 ; — Catholica disceptatio deEcclesia præsenlis lemporis, in-4o, Paris, 1650, contre le Père Gibieuf, de l’Oratoire ; —De incoacta libertate, in-4o, 1652 ; — Augustin/us a Baianis vindicatus, in-4o, Paris, 1652 ; — Informatio de guinque propositionibus ex Jansenii t/trologia collcrtis, qnas episcopi (lalli ; r Romano Pontifici ad censurant obtulere, in-4o, Paris, 1653 ; Ai-