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ANGE D’APRÈS LES PËRES

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visible, De div. quæst., q. lxxix, P. L., t. xl, col. 90, sont soumis aux anges. — Il en est cependant qui semblent restreindre cette mission universelle des anges ; tels Basile, Cont. Eunom., I, P. G., t. xxix, col. 656, et Grégoire de Nazianze, Urat., xxviii, 31, P. G., t. xxxvi, col. 72. Mais, seul, saint Jérôme s’insurge contre cette théorie empruntée au Pseudo-Énoch. Pour les animaux, dit-il, il suffit d’une dispensation générale qui règle l’ordre et le cours des choses… Il serait absurde d’amoindrir la majesté divine jusqu’à faire entrer sa providence dans le même détail de ce qui naît ou meurt de moucherons à chaque instant de la durée… On doit condamner comme extravagant ce livre apocryphe, où il est écrit qu’un ange est commis à la garde des reptiles. In Habac, i, 14, P. L., t. xxv, col. 1286.

Les nations.

Étant donné, d’après les Septante, que, lorsque Dieu divisa les nations et sépara les fils d’Adam, il fixa le nombre des peuples d’après celui des anges, Deut., xxxii, 8, et d’après Daniel, x, 13, que Michel lutta contre le prince du royaume des Perses, on en conclut qu’un ange présidait à la destinée des nations. Clément d’Alexandrie, Strom., vi, 17, P. G., t. ix, col. 389 ; Origène, In Gen., ix, 3, P. G., t. xii, col. 213 ; Basile, In Isai., x, 240, P. G., t. xxx, col. 540 ; Adv. Eumom., iii, 1, P. G., t. xxix, col. 656 ; Grégoire de Nazianze, Poem. dogm., vii, 13-26, P. G., t. xxxvii, col. 410 ; Cyril ! .’d’Alexandrie, Cont. Jul., iv, P. G., t. lxxvi, col. 680 ; Théodoret, In Dan., x, 13, P. G., t. lxxxi, col. 1496 ; Augustin, In Psal., lxxxviii, 3, P.L., X. xxxvii, col. 1121.

Eusèbe de Césarée, Dem. evang., iv, 10, P. G., t. xxii, col. 272, 277, croit que les anges des nations, voyanl qu’elles ne pouvaient s’élever au culte de l’invisible, leur auraient persuadé de prendre pour objet de leur culte des choses visibles, telles que le soleil, la lune et les étoiles, seul moyen de leur donner une certaine connaissance du créateur. Cette opinion bizarre dépend, vraisemblablement, d’un passage mal compris de Clément d’Alexandrie, Strom., vi, 14, P. G., t. ix, col. 333, auquel fait allusion Origène, InJoan., ii, 3, P. G., t. xiv, col. 112, 113, et d’après lequel le culte des astres empêcherait les hommes de tomber dans l’athéisme complet et les mettrait, en tout cas, au-dessus des vulgaires idolâtres. Quoi qu’il en soit, elle est implicitement condamnée par le Pseudo-Denys qui, avec l’ensemble des Pères, dit que les anges n’ont été placés à la tête des nations que dans le but de les amènera la connaissance et au culte du vrai Dieu. De cœl. hier., ix, 2, P. G., t. iii, col. 2C0.

Selon Origène, ce n’est qu’au moment de la dispersion que Dieu donna un ange au peuple et se réserva Israël. In Gènes., homil. ix, 3 ; xvi, 2, P. G., t. xii, col. 213, 248. Cet ange devait guider la nation, recueillir dans son sein comme prémices les hommes les meilleurs par leurs mérites et leurs vertus, pour les présenter à Dieu au jour du jugement, In Num., homil. xi, 4, P. G., t. xii, col. 64-9 ; mais pliant sous le fardeau, et inférieur à sa tâche, il aurait été relevé de sa fonction par le Christ. In Luc, homil. xii, P. G., t. XIII, col. 1829.

Il est aussi question de l’ange des cités dans Clément d’Alexandrie, Strom., vi, 17, P. G., t. ix, col. 389 ; Grégoire de Nysse, In Cant. cant., homil. xii, P. G., t. xliv, col. 1033 ; Grégoire de Nazianze, Poem. dogm., vu, 25, P. G., t. xxxvii, col. 410. Origène parle également de l’ange des Églises. « Je ne doute pas, dit-il, que des anges assistent à notre réunion, non seulement en général à toute l’Église, mais encore à chacune en particulier… D’après la raison et selon l’Écriture, ils se réjouissent et prient avec nous. Et parce qu’ils sont présents dans l’Église, dans celle-là seule qui le mérite et est du Christ, il a été prescrit aux femmes qui prient d’avoir la tête voilée. » In Luc, homil. xxiii, P. G., t mii, roi. 1863. Voir aussi In Luc, homil. xiii, P. G., t. xui, col. 1831, et In Kum., homil. xx, 3, P. G., t. xii, col. 733. Basile, In Isai., i, 46, P. G., t. xxx, col. 208 ; Episl., ccxxxviii, P. G., t. xxxii, col. 889 ; Grégoire de Nazianze, Orat., xlii, 9, P. G., t. xxxvi, col. 469 et 492 ; Cyrille d’Alexandrie, In Joan., vi, P. G., t. lxxiii, col. 1021 ; Hilaire, In Psal, cxxix, 7, P. L., t. ix, col. 722 ; Ambroise, In Psal., cxviii, serm. i, 9, P. L., t. xv, col. 1203 ; Jérôme, In Matth., xviii, 10, P. L., t. xxvi, col. 130. Enfin Tertullien parle de l’ange du baptême, De bapt., , P. L., t. i, col. 206, et de l’ange de la prière. De orat., xvi, P. L., t. I, col. 1174.

VII. L’ange gardien.

Chaque homme a-t-il un ange gardien ? Oui, pensaient la plupart des païens. Or, à entendre les Pères nous parler très souvent d’un tel ange, de son intervention dans la vie humaine, de sa protection et de son aide, de son rôle d’intermédiaire entre l’homme et Dieu, offrant à Dieu les prières de l’homme et portant à l’homme les bienfaits de Dieu ; à lire les titres qu’ils lui donnent de gardien, de compagnon, de pédagogue, de précepteur, de pasteur et d’évêque, il semble que le doute ne soit pas possible : les Pères ont admis l’existence d’un ange gardien pour chaque créature humaine. Nous avons déjà vu les témoignages de saint Justin et d’Hermas ; nous pouvons y ajouter celui de Clément d’Alexandrie ; c’est une croyance qu’il partage, puisqu’il cite en sa faveur des passages d’Orphée et de Ménandre, Strom., v, 14, P. G., t. ix, col. 133, 189, 192, bien que plus bas il la formule d’une manière dubitative. Strom., vi, 17, P. G., t. ix, col. 389. Origène est très affirmatif. « Les anges des petits, qui ont donné leur nom à l’Église, voient la face du Père, dit-il, tandis que les anges de ceux qui ne sont pas de l’Église n’osent lever leur regard vers Dieu. » In Luc, homil. xxxv, P. G., t. xiii, col. 1890.

Origène, étudiant le rôle des anges auprès de l’homme, croit d’abord que c’est aux anges qu’est dévolu le soin d’introduire l’âme dans le corps, en tant que ministres de Dieu, mais sans prétendre trancher une question d’un examen si délicat et si difficile, In Joan., xiii, 49, P. G., t. xiv, col. 490 ; il croit ensuite qu’un ange préside probablement à la sortie de l’âme du corps qu’elle animait, In Joan., xix, 4, P. G., t. xiv, col. 554 (Philastrius aussi, Hær., cxxiv, P. L., t. xii, col. 1249) ; et sûi’ement à son introduction da ns la gloire, In Num., homil. v, 3, P. G., t. xii, col. 606, Lazare ayant été conduit par les anges dans le sein d’Abraham, In Levit., homil. ix, 4, P. G., t. xii, col. 512 ; il croit enfin, ce qui n’est que l’application de sa fausse théorie sur l’état actuel des anges, qu’au jugement dernier les anges gardiens comparaîtront avec leurs protégés pour qu’il conste à qui incombe la responsabilité des fautes humaines, In Num., homil. xi, 4, P. G., t. xii, col. 647, et qu’ils seront récompensés de notre persévérance ou châtiés de nos défaillances. In Num., homil. xx, 14, P. G., t. xii, col. 735.

Mais il y a encore pour l’homme la naissance et la vie. Or Origène se pose la question de savoir si l’homme a un ange gardien dès sa naissance ou dès son baptême. Il cite des textes scripturaires en faveur des deux opinions. Mais il en signale une troisième, qui est la sienne, car elle découle de ses principes, d’après laquelle l’ange, commis à la garde de l’homme dès sa naissance, a pu être un ange mauvais, qui s’est ensuite transformé dès le baptême de son protégé, et est ainsi devenu l’un de ceux qui voient toujours la face du Père céleste ; de sorte que la prédestination de l’homme à la foi, son baptême, sa sainteté, semblent être la cause au moins occasionnelle de la transformation et même du salut de l’ange gardien. In Matth, , xiii, 27 et 28, P. G., t. xiii, col. 1165 sq. De plus, après avoir affirmé que tout homme, sans distinction, a un ange gardien, il semble ne plus accorder ce privilège qu’aux seids baptisés : Adest unicuique nostrum etiam minimis qui sunt in Ecclesia Dei, angélus bonus, angélus Domini, qui regat, qui moncat,