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AMORT — AMOS

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ralor. Il passait pour un homme sage, modeste et profondément savant.

Feller, Biographie universelle, Paris, 1845, t. iii, p. 45 ; Michaud, Biographie universelle, ancienne et moderne, Paris, 1811, t. il, p. 59 ; Glaire, Dictionnaire des sciences ecclésiastiques, t. I, p. 90, Paris, 1868 ; Wettzer et Welte, Kirchenlexikon. 1’édit., t. I, col. 754 ; Baader, Das gelehrte Bayern, Nuremberg, 1804, t. I, p. 20 ; Von Savioli-Corbelli, Ehrendenkmal des Eus. Arnort Gedàchtnissrede in einer offentl. Versammlung der Akademie der Wissenschaften 4777 zu Mùnchen gehalten ; Hurter, Nomenclator literarius, Inspruck, 1895, t. iii, col. 201.

G. Toussaint.


AMOS (hébreu :’âmôs ; Septante :’AfAÔ> ; , « idest pasrâÇtov qui apud latinos povlans dicitur, » S. Jérôme, Prsef. in Joël., P. L., t. xxv, col. 91, ou bien forme abrégée du nom Amasias, « Yahveh le soutient, » après l’ellipse fréquente du nom divin), le troisième des petits prophètes dans la liste de l’hébreu comme dans celle des Septante et de la Vulgate. —
I. Le prophète.
II. Ses prophéties.
III. Division du livre.
IV. Prophétie messianique.
V. Texte, versions et commentaires.

I. Le prophète.

D’après sa prophétie il était berger et son troupeau est appelé so’n, petit bétail : c’est donc au sens large que les Septante le nomment [îoxôXoç, armenlarius boum. Km., 1, 1 ; vii, 15. Il avait de plus une occupation agricole, ibid., vellicans syconwros, faisant l’incision aux ligues des sycomores, pour les faire mûrir, — ou tout simplement les cueillant, cette figue servant de nourriture aux pauvres. Sans autre préparation, sous les rois Ozias de Juda et Jéroboam II d’Israël, Dieu l’envoya à Béthel prophétiser la ruine du royaume d’Israël et de la dynastie de Jéhu.. Amasias, grand-prêtre du sanctuaire royal, essaya de lui imposer silence et le fit renvoyer dans le royaume de Juda. C’est en effet à Thécué de Juda, à six milles au sud de Bethléem, qu’Amos était berger, soit qu’il en fût originaire, soit qu’il y soit seulement venu après son expulsion du royaume d’Israël, i, 1. A ces renseignements bibliques sont venues s’ajouter certaines traditions assez incertaines dont nous ne nous occuperons point.

II. Ses prophéties.

Ses prophéties sont datées du règne d’Ozias de Juda et de Jéroboam (II) d’Israël : le premier aurait régné de 807 à 757, le second de 824 à 772 d’après la chronologie adoptée dans le Dictionnaire de la Bible de M. Vigouroux ; la partie simultanée des deux règnes va donc de 809 à 772. U. Schrader, pour accorder les textes assyriens avec le récit hébreu, propose d’autres dates assez généralement acceptées : 777-736 pour Ozias, 782-741 pour Jéroboam II. Maspero place l’apparition d’Amos en Israël « plus près de 760 que de 750 », Histoire de VOrient, t. iii, p. 136, n. 3, et donne à Jéroboam II les dates de 781-7M). Ibid., p. 123, 151. La Bible date, en outre, la prophétie d’Amos de « deux ans avant le tremblement de terre > ; , i, 1. Zacharie, xiv, 5, fait à cet événement une sorte d’allusion archéologique, mais rien ne nous permet d’en fixer l’année exacte. Selon Josèphe, Anl. jud., IX, x, 4, et saint Jérôme, In Amos, i, 1, P. L., t. xxv, col. 995, il aurait eu lieu quand Ozias porta la main à l’encensoir et fut frappé de lèpre : mais outre que cette tradition n’est pas certaine, cela peut créer de nouvelles difficultés chronologiques. Il suffit de savoir qu’Amos prophétisa sous la seconde partie du régne de Jéroboam II. Le prophète confirme ce que nous savons par ailleurs sur ce règne qui fut l’apogée de la monarchie d’Israël : Israël a repris ses plus extrêmes limites aux dépens des rois de Syrie et de Juda, de Moabel de la Philistie ; il semble même atteindre au midi jusqu’au torrent du désert ou d’Egypte, cl.’Arabah ou cl. Arisli, par Bersabée. Une civilisation luxueuse et raffinée à l’excès accompagne cette prospérité politique ; mais les descriptions d’Amos n’ont rien d’exagéré, elles sont confirmées par celles qu’Isaïe fait un peu plus tard pour Juda. Ce luxe effréné amène un grand relâchement des mœurs, et est soutenu par une rapacité extrême, une véritable oppression des classes inférieures, avec la connivence des rois et des juges. Au point de vue religieux, Amos reproche à Israël de persévérer « dans le péché de Jéroboam fils de Nabat », c’est-à-dire non pas le polythéisme ou l’idolâtrie proprement dite telle que le culte de Baal, mais l’adoration du vrai Dieu sous une représentation matérielle, sous la forme du veau d’or, établie officiellement dans les temples de Dan, Béthel et Galgala : on y proscrivait ce qui était suspect de tendance hiérosolymitaine, prophète ou nazaréen, on y employait des prêtres étrangers à la race d’Aaron, mais pour le reste on se rapprochait le plus possible de l’ancien culte, dîmes, offrandes, sacrifices avec substitution du pain levé aux azymes, pèlerinages dans toutes les localités célèbres par des souvenirs d’histoire patriarcale et entachées d’un culte plus ou moins superstitieux ; mais en tout cela même on se contentait du rite extérieur, sans se mettre en peine des sentiments du cœur, religion, justice et charité : c’est ce que Dieu leur reproche par la bouche du prophète Amos.

III. Divisions du livre.

A défaut de la coupe des chapitres qui donne une division toute factice, la forme extérieure suffit pour établir des divisions logiques dans la prophétie d’Amos. Le premier oracle comprend les chapitres i et il, soit huit strophes ayant chacune le même commencement : « Ainsi dit Yahveh : Pour trois et quatre crimes… (c’est-à-dire : pour ses crimes multiples ) je ne reviendrai pas sur ceci : etc. » Le deuxième oracle comprend les chapitres ni, iv et v, 17, en trois parties commençant chacune par ce début : « Écoutez cette parole. » Le troisième, v, 18- vi, 14, comprend deux parties parallèles, chacune commençant par une menace « Malheur à ceux » et se terminant par une annonce de la captivité « au nom de Yahveh, Dieu des armées ». Le quatrième, formé de quatre visions en strophes parallèles, vu-vin, 3 ; la portion vii, 10-17, est une simple note historique en prose, sans parallélisme, relative à la discussion d’Amos avec Amasias, appelée par le contenu de la troisième vision. Le cinquième et dernier oracle comprend viii, 4-ix, 15, en deux strophes de développements parallèles, commençant par l’image de la destruction d’Israël sous la figure d’un tremblement de terre et de la croissance et du déclin des eaux du Nil, vin, 8 ; ix, 5 ; se continuant par ces mots : « en ces jours-là, » viii, 9 ; ix, 11, et s’achevant par cette formule : « Voici que des jours viennent, dit Yahveh. » De ces cinq oracles, le premier forme une introduction véritable, qui porte la menace divine sur sept peuples différents, du plus lointain au plus proche, comme dans la table ethnographique de la Genèse : Damas, la Philistie, la Phénicie, Edom, Ammon, Moab, Juda, pour aboutir à Israël, qui sera désormais l’unique objectif du prophète. Des quatre oracles qui suivent, deux sont des discours, deux des visions, allant toujours en se précisant. Le premier discours entremêle les reproches et les menaces de destruction pour le royaume des dix tribus : le second annonce clairement qu’Israël sera emmené captif plus loin que Damas, v, 27, qu’il sera écrasé depuis l’entrée d’Hamath, à la frontière septentrionale, jusqu’au torrent. d’Egypte au midi, par une nation dont il sait le nom, vi, 14, mais qu’Osée déclarera bientôt être l’Assyrie. En effet les Assyriens s’emparèrent de Samarie et en déportèrent les principaux habitants en Mésopotamie, au delà de Damas, mirent fin au royaume d’Israël, en 722, vingt ans à peine après le règne si brillant de Jéroboam II. Viennent ensuite les deux oracles en vision : le premier annonce sous quatre symboles que si Dieu a pu commencer par se laisser toucher, il sera désormais sans pitié : il faut que les sanctuaires schismatiques d’Israël soient détruits, la maison de Jéroboam II exterminée, le peuple d’Israël anéanti. Le second et dernier oracle à vision est cepen-