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AME. SA SPIRITUALITÉ — AMENDOLIA

consiste dans la conformité des actes libres à la droite raison et à la loi éternelle. Le bien moral suppose donc et la raison et Dieu. Pas de morale possible sans obligation, et point d’obligation sans Dieu. Il est donc manifeste que le bien moral est d’ordre spirituel : Dieu est immatériel, la raison est immatérielle.

La liberté peut encore servir à démontrer la spiritualité de la volonté. Dans la série des opérations qui précèdent et constituent l’acte libre, on trouve des indices d’immatérialité. Le propre du libre arbitre, c’est le choix, electio. Or le choix porte sur les moyens à prendre pour réaliser un but : versatur circa média. La volonté n’est pas libre vis-à-vis de son bien propre, le bien universel : elle veut nécessairement le bien. Mais comme le bien ne se trouve qu’à l’état fragmentaire dans les biens particuliers et concrets qui nous entourent, ces biens ne nécessitent pas la volonté. Cependant elle se porte vers eux, parce que sa fin nécessaire c’est le bien. La liberté consiste par conséquent dans le pouvoir que nous avons d’étendre ou de ne pas étendre à de certains moyens l’intention de la fin, intentio finis. Pour plus de clarté, voici les opérations qui se rapportent à la fin et aux moyens : à la fin, velle, frui, intendere ; aux moyens, electio, usus. (Voir plus haut, col. 343, art. Acte humain.) Or tous ces actes sont spirituels : ils supposent la réflexion de la pensée sur elle-même et l’indépendance de la volonté par rapport aux biens particuliers et concrets.

III. SPIRITUALITÉ DE LA SUBSTANCE DE L’AME. —

Le moi est un et identique. Il se scinde en deux principes substantiels : un principe d’extension qui est le corps, et un principe d’activité représenté par l’âme. Simple et immanente dans la vie organique, douée de connaissance et d’appétits sensibles dans la vie sensitive, l’âme s’élève, dans la vie intellective, à un tel degré de simplicité qu’elle brise ses liens corporels, se constitue intrinsèquement indépendante, avec sa vie et ses lois propres, malgré une certaine dépendance extrinsèque par rapport aux sens. Or la substance de l’âme doit se définir par celles de ses fonctions qui la caractérisent. L’âme humaine se distingue des autres âmes par l’intelligence et la volonté, facultés spirituelles. La substance de l’âme humaine est donc une substance spirituelle. En tant que certaines de ses fonctions dépendent intrinsèquement du corps, elle est forme du corps ; en tant qu’elle possède aussi des fonctions intrinsèquement indépendantes du corps, elle est une torme subsistante. Sous ce dernier rapport, la substance de l’âme humaine se suffit à elle-même pour exister et pour agir. Comme lorme du corps, elle donne à celui-ci tout ce qu’il est susceptible de recevoir : l’être, la vie, la sensibilité. Si l’essence du corps se distingue de l’essence de l’âme, elle n’a d’autre existence que celle de l’âme. Le composé humain est donc un tout complet unique, n’ayant qu’une seule existence, un seul être, une seule substance. C’est le monisme aristotélicien. Abstraction faite du corps, la substance de l’âme humaine est complète in linea substantiae : elle subsiste. Mais elle est incomplète in linea naturse : elle ne forme un tout naturel que par son union avec le corps.

Cette doctrine de la spiritualité de l’âme laisse entrevoir et l’immortalité de l’esprit et la résurrection du corps.

Outre les ouvrages cités, voir ceux qui sont indiqués à l’article II. Ame. Écrits sur l’âme, col. 971.

E. Peillaube.



AMÉLDNE Claude, né à Paris en 1635, d’un procureur au Châtelet, entra dans la congrégation de l’Oratoire, après avoir suivi quelque temps le barreau. Successivement élevé aux dignités de grand-archidiacre et de grand-chantre dans l’église de Paris, il a composé divers ouvrages : 1° un Traité de la volonté, de ses principales actions, de ses passions et de ses égarements, in-12, Paris, 1684 ; 2° un Traité de l’amour du souverain bien, in-12, Paris, 1699. Plusieurs lui attribuent aussi l’Art de vivre heureux, in-12, Paris, 1690, que l’on croit généralement être l’œuvre de Louis Pascal. Améline mourut à Paris, vers 1707, à l’âge de 71 ans.

Feller, Biographie universelle, t. i, Paris, 1844 ; Michaud, Biographie universelle, ancienne et moderne, Paris, 1811, t. ii, p. 35 ; Batterel, Mémoires domestiques, Paris, 1904, p. 258-261.

C. Toussaint.


AMELOTTE Denis, prêtre de l’Oratoire et docteur de Sorbonne, s’est surtout rendu célèbre par ses travaux exégétiques et en particulier par sa traduction française, si souvent réimprimée, du Nouveau Testament, qui, suivant les élogieuses critiques de Richard Simon, de dom Calmet et du Journal des savants, surpasse de beaucoup toutes celles qui l’ont précédée. Voir Vigouroux, Dictionnaire de la Bible, 1892, t. i, p. 474. — A l’exemple d’Estius dont il suit pas à pas la doctrine et la méthode, le docte oratorien mit sa science scripturaire au service de la théologie et parfois même de la controverse. L’éclosion des erreurs jansénistes lui en fournit l’occasion. Il prit vivement parti contre les théologiens de Port-Royal, quoiqu’il ait partagé, sur quelques points, leurs sentiments, et il écrivit contre eux sa Défense des constitutions d’Innocent X et d’Alexandre VII, in-4o, Paris, 1660. Les novateurs entêtés qui y étaient traités d’hérétiques et d’imposteurs répondirent par un libelle intitulé : Idée du P. Amelotte, où l’on cherchait à mettre en contradiction avec lui-même celui qui faisait profession d’être, en ces matières, le disciple de saint Thomas et de saint Augustin. Un autre écrit du janséniste Girard, licencié de Sorbonne et ami de Nicole, mit en parallèle la doctrine du P. Amelotte avec celle de Jansénius et parut à Cologne, en 1660, sous le pseudonyme de Denys Rémond ; il portait en titre : Éclaircissement du fait et du sens de Jansénius, et se divisait en quatre parties. Ces violentes représailles n’intimidèrent pas le courageux et intrépide apologiste qui fit tous ses efforts et employa l’autorité de sa charge pour entraîner ses confrères de l’Oratoire à la soumission absolue aux récentes déclarations pontificales. Il était alors assistant du P. Bourgoing, général de cette savante congrégation, et rédigeait un Abrégé de théologie en français, in-4o, édité à Paris, 1675.

Né à Saintes en 1609, entré à l’Oratoire en 1650, il mourut à Paris le 7 octobre 1678.

Richard Simon, Histoire critique des principaux commentateurs, Rotterdam, 1693, c. lviii, p. 883 ; Feller, Biographie universelle, Paris, 1845, t. i, p. 156 ; Michaud, Biographie universelle, ancienne et moderne, Paris, 1811, t. ii, p. 37 ; Glaire, Dictionnaire des sciences ecclésiastiques, Paris, 1868, t. i, p. 86 ; Hurter, Nomenclator literarius, Inspruck, 1893, t. ii, col. 146.

C. Toussaint.


AMENDOLA (Amendosia) Thomas, dominicain sicilien. Très probablement le même que le suivant. — Collectanea in septem Ecclesise sacramenta, Naples, 1699, 1 vol. in-12. — Collectanea in ecclesiaslicas censuras et pœnas, Naples, 1782, 1 vol. in-12. — Resolutioncs morales et præliese, Naples, 1706, 1 vol. in-12.

Quétif-Ecliard, Script, ord. præd., t. il, p. 771 ; Hurter, Nomenclatur literarius, t. ii, col. 914.

P. Mandonnet.



AMENDOLIA Joseph, de l’ordre des frères-prêcheurs, était originaire de San Giorgio Morgeto dans les Calabres et vivait sur la fin du XVIIe siècle et le commencement du suivant. Le titre de son livre nous apprend qu’il était bachelier de théologie, c’est tout ce que nous savons sur son compte. Tractalus de potestate prælatorum, in quo continetur De Ecclesia, et de Summo Ponti/ice, De auctoritale Papas, circa Ecclesise sacramenta, De infallibilitale decretorum Romani Pontiftcis, De potestate et privileg’tis cardinalium S. R. E., De potestate et obltgatione episcoporum, De potestate