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ALPHONSE DE LIGUORI (SAINT)

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le plus minutieux. Ils sortirent de cette épreuve avec la mention : nihil censura dignum. Le décret du doctorat n’en fut pas plus facilement rendu. Les nombreux écrits du saint furent de nouveau rigoureusement examinés ; la moindre assertion prêtant flanc à la censure fut longuement discutée. L’auréole des docteurs, placée sur la tête du saint auteur, nous fournit un témoignage des plus éclatants de la sûreté de sa doctrine, elle nous est aussi un sur garant de son éminente science. Il est temps de faire connaître les écrits qui la renferment.

II. Écrits.

Nous donnons le titre français de la traduction française aux ouvrages qui ont été écrits en italien. Nous conservons aux autres le titre original.

I. OUVRAGES DE THÉOLOGIE MORALE.

Opuscules sur le probabilisme.

Nous groupons ici les différentes dissertations du saint sur ce sujet. La première est datée de 1749, et porte ce titre : Dissertatio scholaslicomoralis pro itsn moderato opinionis probabilis in concursu probabilioris. La seconde parut en 1755, sous le même titre : ce sont les mêmes arguments développés avec plus de largeur et mis dans un meilleur ordre. Il n’existe aucun indice que l’auteur ail mis dans le commerce ces deux dissertations publiées sous le voile de l’anonymat. En 1756, nous avons sa réponse à un anonyme qui a censuré les Gloires de Marie ainsi que la Théologie morale ; dans la seconde partie de cette réponse, notre saint parle très brièvement et avec beaucoup de réserve du choix des opinions.

Dès 1757, il écrivit, pour la 3e édition de la Morale, une nouvelle dissertation ayant simplement pour titre : Dissertatio de usu moderato opinionis probabilis ; elle continua à figurer dans la 4e (1760) et la 5e (Bassano, 1763). C’est d’après cette édition de 1763 qu’elle a été plusieurs fois reproduite, ce qui fut cause qu’on finit par lui attribuer faussement cette date. En comparant ces diverses dissertations, l’on remarque plusieurs différences qui nous font assister au travail de l’esprit cherchant la formule qui exprimera mieux sa pensée. En 1762, nous la trouvons définitive dans une courte dissertation sur YUsage modéré de l’opinion probable. Cet écrit, rédigé en italien, fut aussi mis en latin, et publié l’année suivante, 1763, avec quelques modifications.

Des attaques violentes, dirigées contre cet opuscule, donnèrent au saint l’occasion d’exposer plus amplement et de défendre plus vigoureusement sa doctrine. La guerre s’ouvrit par une lettre d’un anonyme, religieux, prétendant réfuter la thèse d’Alphonse. Celui-ci, sans perdre de temps, y fit (1761) Une réponse apologétique où il réfute point par point les arguments de son antagoniste. C’était, dit le père Berthe, l’escarmouche avant la bataille. Cette bataille fut engagée par un adversaire bien plus redoutable, le fameux père dominicain Vincent Patuzzi. Il publia, en septembre 1764, un opuscule sous ce titre : La cause du probabilisme, remise sur le lapis par Mo T de Liguori, et de nouveau convaincue de fausseté par Adelfo Dositeo, nom de guerre de Patuzzi. C’était un pamphlet plutôt qu’un ouvrage théologique. Le saint docteur y répondit, dès janvier 1765, par une Apologie pour la défense de la dissertation sur l’usage de l’opinion probable contre les attaques d’un certain Père lecteur (professeur) qui prend le nom d’Aldelfo Dositeo. Cette apologie fut dédiée à Clément XIII.

Patuzzi répliqua par des Observations théologiques sur l’Apologie de M’J T de Liguori. Il n’y avait guère que des redites. Alphonse, pour toute réponse, se contenta de fondre ensemble, dans un nouvel opuscule, l’Apologie et la Courte dissertation de 1762, qui l’avait motivée, et d’y réfuter en passant les quelques objections inédites. Dans ce but, il utilisa deux thèses, qu’au cours de la lutte il avait fait paraître pour établir, dans l’une : qu’une loi ne saurait avoir de force obligatoire, si son existence n’est pas établie d’une façon convaincante, ou, du moins, plus probable que l’opinion contraire ; dans l’autre : qu’une loi incertaine ne saurait imposer une obligation certaine. Cet ouvrage parut encore en 1765, avec la dédicace à Clément XIII ; il porte pour titre : De l’usage modéré de l’opinion probable ; c’est le plus complet et le plus développé sur la matière.

Le saint en avait fini avec Patuzzi, mais de nouvelles attaques lui vinrent de la Sicile. Il y répond en 1769 par son Apologie de la théologie morale accusée de laxisme, comme tenant le système du probabilisme relâché qui permet de suivre l’opinion moins probable. En 1774, un certain abbé Magli, Calabrais, revint à la charge et provoqua la plus catégorique des réponses dans l’admirable opuscule intitulé : Exposé du système embrassé par l’auteur touchant la règle des actions morales.

Des dates que nous venons de rapporter, il résulte que les publications d’Alphonse sur le probabilisme doivent être divisées en trois périodes : la première, de 1749 à 1762, où la formule est bien celle du probabilisme, mais où perce une certaine hésitation motivée par le reproche de laxisme plus ou moins mérité par quelques probabilistes. La seconde, de 1762 à 1774, où le système de l’auteur est exprimé par la formule de l’équiprobabilisme qui lui paraît écarter plus efficacement les opinions trop larges. Sa thèse est solidement prouvée et victorieusement vengée des attaques auxquelles elle est en butte. La troisième, de 1774 à la mort, c’est, dirions-nous volontiers, la tranquille possession de la vérité ; l’exposé de la doctrine, dégagé des luttes de la polémique, gagne encore en précision. Il est facile de voir où il faut chercher la vraie pensée du saint docteur.

Theologia moralis. —

Cet important ouvrage parut pour la première fois à Naples, en 1748, sous ce titre : Medidla theologise moralis R. P. Hermanni Busenbaum S. J. cum adnotationibus perR. P. D. Alphonsum de Ligorio adjunctis, 1 vol. in-4°. Ce n’était encore qu’un essai timide où de courtes notes venaient éclaircir et compléter les formules si concises de Busenbaum ; mais ces notes trahissaient un maître. Elles devinrent vite des traités complets où le texte de Busenbaum figurait simplement comme fil conducteur. La seconde édition, notablement augmentée, parut à Naples en 2 vol. in-4o (1753-1755). Les éditions subséquentes furent publiées par Bemondini de Venise en 3 vol. in-fol. sous le titre de Theologia moralis, que l’ouvrage a gardé. Les frontispices n’indiquent pas toujours le même lieu d’impression. C’est un artifice d’éditeur employé pour l’avantage du commerce.

Au fur et à mesure que les éditions se succédaient, elles s’augmentaient de nouvelles dissertations qui, pour la plupart, devinrent de simples chapitres de l’ouvrage. Nous ne nous y arrêterons pas.

Le traité qui subit le plus de modifications est celui de la conscience. La première édition ne renferme que des notes sur le texte de Busenbaum ; dans la seconde, on trouve en appendice une petite dissertation : De usu moderato opinionis probabilis. Peu satisfait de ce travail, le saint publia une nouvelle dissertation en 1757 et l’inséra dans la troisième édition de sa Théologie morale. Elle reparait encore dans la quatrième et dans la cinquième (1763), mais, cette fois, ce fut contre le gré de l’auteur. En ellet, quand parut cette cinquième édition, il avait écrit (1762) la dissertation italienne De l’usage modéré de l’opinion probable, où sa pensée a trouvé sa formule définitive ; il l’avait traduite en latin pour l’insérer dans la nouvelle édition, à la place de la dissertation de 1757 qui n’exprimait plus sa pensée. Par une incurie bien regrettable de l’éditeur, la substitution n’eut pas lieu. Nous insistons sur ce détail parce que la présence de la dissertation de 1757 dans la cinquième édition de la morale (1763), est de nature à égarer la critique. Le saint docteur remit sur le métier la disserta-