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ADAM

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Hebrœorum, l. III, c. i, dans le Thésaurus d’Ugolino, t. xxxiii, p. 203-210. On peut rapprocher de cette opinion ce qu’on lit dans plusieurs livres apocryphes, de date incertaine, mais antérieurs au VIe siècle. Ainsi, d’après Y Apocalypse de Moïse, Adam a été enseveli dans la région du paradis, à l’endroit où Dieu avait pris la poussière dont fut formé le corps du premier homme. Tischendorf, Apocalypses apocryphes, Leipzig, 1866, p. 21-23. Le Testament ou la Pénitence d’Adam précise davantage, car Seth y parle ainsi : « Après la mort de mon père Adam, nous l’ensevelîmes, moi et mon frère, à l’orient du Paradis, en face de la ville d’Hénoch, la première qui fut bâtie sur la terre… Et nous scellâmes ce testament, et nous le plaçâmes dans la caverne des Trésors, où il est resté jusqu’à ce jour, avec les trésors qu’Adam avait tirés du paradis, l’or, la myrrhe et l’encens. » Journal asiatique, Paris, 1853, Ve série, t. il, p. 457.

En dehors de cette première opinion, deux traditions particulières méritent d’être signalées.

II. opinion qui la place a hébron.

L’une, courante chez les juifs, place le tombeau d’Adam à Hébron. Créé en Judée, le premier homme y revint après sa déchéance ; il y mourut et fut enterré près d’Hébron, dans la caverne dite Macpelali ou double, comme plus tard les trois grands patriarches Abraham, Isaac et Jacob. D’où le nom primitif de Cariath-Arbe, ou ville des quatre. Lightfoot, Fragmenta Terrse Sanctse historico-chorographica, § 3, il, Opéra posthuma, Utrecht, 1699, p. 66-67. Saint Jérôme est le principal représentant de cette opinion. De situ et non-An. locorum hebraic ; Hebraic. queest. in Gènes., P. L., t. xxiii, col. 862, 972 ; Comment, in Evang. S. Matth., xxvii, 33, P. L., t. xxvi, col. 209 ; Epist., cviii, ad Eustoch., n. 11, P. L., t. xxii, col. 886. Il la fonde partout sur un passage du livre de Josué, xiv, 15, ainsi traduit dans la Vulgate : Nomen Hebron ante vocabatur Cariath-Arbe ; Adam maximus ibi inter Enacim situs est. « Hébron s’appelait auparavant Cariath-Arbe, id est oppidum quatuor virorum ; le grand Adam repose là parmi les Enakims. » Pendant longtemps, grâce à l’autorité de saint Jérôme, cette interprétation fit loi en Occident. S. Isidore de Séville, De ortu et obitu Patrum, l. I, n. 5, P. L., t. lxxxiii, col. 131 ; Bède, In Matth., xxvir, P. L., t. xcii, col. 123 ; Rupert, In Gen., l. III, c. xxxi, P. L., t. clxvii, col. 318 ; S. Thomas, Comment, in Matth., xxvii, et in Joa., xix, lect. xxxi ; Adrichomius, Theatrum Terrse Sanctse, 1590, p. 49, 202, etc. Elle est pourtant inadmissible, car voici le vrai sens du texte hébreu, qu’on peut du reste confirmer par Jos., xv, 13-14 ; xxi, 11 : « Hébron s’appelait auparavant Cariath-Arbe, c’est-à-dire la ville d’Arbé ; cet homme (Arbé) était le plus grand ou le père des Enakims. » Cf. Cornélius a Lapide, Masius et autres commentateurs, sur Jos., xiv, 15 ; Knabenbauer, Cursus Script.sacrx… ir. Matth., t. il, p. 517. Il faut du reste remarquer que saint Jérôme lui-même a fait par deux fois ses réserves. Ainsi dans la lettre à Eustochius, parlant d’Adam comme du quatrième personnage enterré dans la grotte d’Hébron, il ajoute : Licet plerique, Caleb putent, cujus ex latere memoria monstratur. Et dans le livre De situ et nominibus, il dit du premier homme : Licet eum quidam positum in loco Calvarise suspiœnttir. Pourquoi, malgré tout, tenait-il pour Hébron ? Peut-être trouvait-il chez les Juifs une tradition indépendante du livre de Josué et qui lui semblait justifier son interprétation préférée.

III. OPINION QUI LA PLACE AU CALVAIRE.

L’autre tradition place la sépulture d’Adam au Calvaire.

En Orient.

Elle apparaît, pour la première fois, au iiie siècle, dans Origène, Comment, séries in Matth., n. 126, P. G., t. xiii, col. 1777 : Venit ad me traditio quxdam talis, quod corpus Adse primi hominis, ibi sepultum est ubi crucifixus est Christws. Au siècle suivant, les témoignages se multiplient en Orient. C’est ainsi que, dans un beau mouvement d’éloquence, saint Éphrem nous montre Jésus-Christ, au jour de la résurrection des corps, plantant la croix son étendard au Calvaire, sur le tombeau d’Adam : Crucis vexillum super Adse tumulum de fixurus. Opéra syriace et latine, Rome, 1743, t. iii, p. 499. Dans sa lxxxv 6 homélie, In Joann., P. G., t. ux, col. 459, saint Jean Chrysostome signale la même tradition : Quidam dicunt Adamum ibi mortuum esse et jacere. Elle se trouve avec plus de détails dans saint Épiphane, Hæres., xlvi, n. 5, P. G., t. xli, col. 844-845 ; le premier homme, après son expulsion du paradis terrestre, aurait d’abord habité dans les environs, puis il serait venu en Judée, et aurait été enseveli au Golgotha. Même récit dans le commentaire In Isaiam prophetam, qu’on attribue souvent à saint Basile et qui, tout au moins, paraît être de la même époque. P. G., t. xxx, col. 348. Mais il y a différence de sources ; cet auteur fonde son récit sur une tradition orale : Ejusmodi auteni fama oblinuit, quæ per traditionem non scriptam in Ecclesia servatur ; saint Épiphane le rattache à des docixiients écrits : Idquod e librorum monumentis didicimus. D’après une homélie De passione et cruce Domini, qui se trouve dans les plus anciennes collections des œuvres de saint Athanase, mais qui ne semble pas être de lui, les sources seraient juives, P. G., t. xxviii, col. 208 : Non alibi patitur, non alio loco cruci af/igitur, quam in Calvarise loco, quem Hebrœorum magistri aiunt fuisse Adami sepulcrum. Au Ve siècle, on retrouve la tradition dans le poète Nonnus de Panapolis, Paraphr. in Joa., xix, P. G., t. xliii, col. 901, et dans Basile de Séleucie, Orat., xxxviii, n. 3, P. G., t. lxxxv, col. 410. Celui-ci ajoute un détail assez singulier : Ex Judseorum Cabala Adse cranium aiunt ibi repertum, idque Salomonem pro supereminenti sua sapientia dignavisse. Cujus rei gratia eum locum Calvarise nomen retulisse ferunt.

Les témoins grecs des siècles suivants ne font, en général, que marcher sur les pas de leurs devanciers. Tels, à une époque indéterminée, l’auteur inconnu des Qusestiones ad Antiochum, P. G., t. xxviii, col. 627 ; au vie siècle, Anastase du mont Sinaï, Contem.pl. in Hexam., l. VII, P. G., t. lxxxix, col. 944 ; au viiie siècle, saint Germain de Constantinople, qui accorde une pleine créance à la tradition, vera ac antiqua Patrum traditio, Sermo in Dominici corporis sepult. ; Rerum ecclesiast. conte.mpl., P. G., t. xcviii, col. 256, 395 ; au Xe siècle, Siméon Métaphraste, Vitse sanctorum, Il janvier, P. G., t. cxiv, col. 478-479 ; au xie siècle, Théophylacte, Enarrat. in Matth., xxvii, et in Marc, xv, P. G., t. cxxiii, col. 468, 668, et l’historien Georges Cedrenus qui nous dit d’Adam, sans donner d’autre preuve : Sepultus est in terra Hierosolymitana, ut Josephus narrât, Histor. compend., P. G., t. cxxi, col. 42, 819, à rapprocher de Michel Glycas, Annal., part. II, P. G., t. CLViii, col. 239 ; au xiie siècle, Euthymius, Comment, in Matth., xxvii, P. G., t. cxxix, col. 720, et Théophane Cerameus, Homil., xxvii, P. G., t. cxxxii, col. 582583. Deux témoignages du xe siècle méritent cependant une attention spéciale pour la manière dont ils expliquent la sépulture d’Adam au Calvaire, ce sont ceux de l’évêque syrien Moses Bar Cepha, De parad., part. I, c. xiv, P. G., t. cxi, col. 498, et du patriarche d’Alexandrie Eutychius ou Said Ibn Batrik, Annales, P. G., t. cxi, col. 911, 914-918. Après leur déchéance, nos premiers parents auraient habité sur la frontière occidentale du paradis terrestre, dans la caverne des Trésors ; c’est là, également, qu’ils auraient été ensevelis. Mais, au moment du déluge, Noé pritdans l’arche le corps’l’Adam et les fameux trésors venus du paradis. Plus tard, Sem et Melchisédech jeune alors auraient trans-